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Une pluie de prix pour Eduardo Matos Moctezuma

En moins d'un mois, l'archéologue mexicain Eduardo Matos Moctezuma, fondateur du Projet Templo Mayor et du Programme d'Archéologie Urbaine, a été nommé membre honoraire à l'Académie Américaine des Sciences et a reçu le Prix Princesse des Asturies 2022. Dans l'acte publiée sur son site internet, la Fondation Princesse des Asturies dit "reconnaître ses contributions exceptionnelles à la connaissance des sociétées et cultures préhispaniques [et] l'extraordinaire rigueur intellectuelle du lauréat pour reconstruire les civilisations du Mexique et de la Mésoamérique, et pour s'assurer que ledit patrimoine est incorporé objectivement et exempt de tout mythe. Ses travaux à Tula, Teotihuacán et, surtout, au Templo Mayor de Tenochtitlan constituent, du fait de l'intensité et de la continuité des recherches de terrain, des pages exemplaires du développement scientifique de l'archéologie et du dialogue fructueux avec le passé, entre les différentes cultures
Articles récents

Un nouveau toit pour l'Édifice des Aigles

Il y a un peu plus d'un an, un fort orage de grêle frappait le centre de Mexico. Le poids des grêlons amoncelés fit céder le toit métallique qui recouvrait l'édifice des Aigles, bâtiment emblématique de la Zone archéologique du Templo Mayor. Fouillé et étudié par Leonardo López Luján au début des années 1990, cet édifice avait rapidement placé sous la protection d'un toit métallique afin de protéger ses banquettes sculptées et peintes des intempéries et des pluies acides. La chute de l'an dernier a mis en évidence la vétusté et le manque de moyens que les archéologues et responsables de zone archéologiques ont à leur disposition pour protéger les biens culturels mexicains.  Photo: Mauricio Marat. INAH. Depuis les travaux avancent tranquillement. Différents architectes, conservateurs, archéologues et autres spécialistes ont intégré un conseil qui surveille et propose un soutien aux ingénieurs chargés de la construction du nouveau toit. Pour éviter un nouveau coup du sort

"L'opposum sera notre guide vers la maison des dieux..." In memoriam Alfredo López Austin (1936-2021)

Ces deux dernières années ont connu la disparition de chercheurs de premier plan au Mexique: l'occidentaliste Otto Schöndube, le linguiste Victor Castillo, l'ethnologue Guido Münch, les historiennes de l'art Ana Díaz et María del Carmen Valverde. Dans un contexte de défiance envers la recherche scientifique, y compris et surtout depuis le gouvernement fédéral, rares sont les arbres aux racines profondes auxquels la communauté mésoaméricaniste puisse encore s'accrocher.  Alfredo López Austin était comme les arbres cosmiques qu'il avait étudié : il soutenait la voûte céleste pour l'empêcher de s'écrouler sur nous. A ses étudiants qu'il préférait appeler"futurs collègues", López donnait sans compter : son temps pour écouter, pour contraster, pour lire, pour corriger, pour encourager. "Un bon texte est un texte publié", nous répétait-il lors de son séminaire d'études La construction de la vision d'un monde . Aux communautés autoch

Teotihuacan et Tikal: comment le LiDAR met en évidence leurs liens étroits

En dépit de la pandémie qui bloque encore et toujours les projets archéologiques au Mexique, Teotihuacan a été au cœur des annonces et des publications pendant ces dernières semaines. Tout d'abord, ce fut Sergio Gómez, directeur du Proyecto Tlalocan , qui a présenté aux médias mexicains une découverte rarissime en contextes mésoaméricains.  Alors que son équipe pensait en avoir fini avec l'exploration du tunnel qui parcourt la Citadelle de Teotihuacan sous la pyramide adossée à celle de Teotihuacan (ill.1) et qui a permis la découverte de quelques 100 000 objets déposés il y a plus de 1800 ans, une dernière surprise de taille attendaient les archéologues palynologues et les restaurateurs de l'INAH. Ill. 1. Tunnel de la Citadelle. Proyecto Tlalocan-Hector Montaño/INAH. Quatre bouquets de fleurs surgirent du sol (ill. 2), accompagnés de grains de maïs, de haricots, de graines de piments, de courges, de tuna, le fruit du figuier de barbarie, d'une sculpture en forme de pyr

Follow the LiDAR, LiDAR...(épisode ??)

L'utilisation du LiDAR s'est passablement démocratisé depuis notre premier billet qui expliquait cette technologie d'origine militaire aux multiples applications civiles, notamment archéologie. Il en est de même pour les drones dont la résolution d'images et la rentabilité économique sont les principaux avantages. A travers trois vidéos (deux conférences en espagnol et un reportage en français), nous vous proposons un voyage entre trois sites : d'une part Tigambato et El Infiernillo (Michoacan), d'autre part Aguada Fénix (Tabasco). Arrivé il y a quelques années à Morelia en provenance du centre INAH Durango, José Luis Punzo a pris rapidement l'initiative d'effectuer des relevés photographiques aériens au moyen du LiDAR et de drones équipés de caméra au-dessus des sites dont il a la responsabilité. Couplés à des géoradars, ) des analyses céramiques et de nouvelles datations C14, ces petits engins volants ont permis d'améliorer nos connai

Deux capsules vidéo

Youtube cache souvent de petites merveilles méconnues. Ce que vous pourrez regarder après ces quelques lignes introductrices est un matériel très utile en temps de confinement, notamment quand il s'agit de toucher un public jeune et curieux des civilisations préhispaniques. Publiées par la chaîne Youtube Past and Curious, ces deux courtes vidéos présentent au moyen d'une animation simple et d'une narration efficace et concrète certains éléments que l'archéologie a permis de découvrir. La première vidéo permet de démonter certaines légendes urbaines et apriori racistes sur l'architecture maya et la construction des édifices improprement et communément appelés pyramides, calquant un modèle culturel (égyptien) à un autre héritage (mésoaméricain, quand bien même ce terme continue de faire débat). On y entend un oncle expliquer à son neveu les différentes tâches communautaires auxquelles il sera soumis. Préparation de la chaux, techniques de remplissage des ancienne

Le Groupe de la Série Initiale révèle de nouveaux monuments et matériaux à Chichen Itza

30 km2 : c'est la surface estimée de Chichen Itza (Schmidt, 2005). À 1,5 km à l'ouest de la pyramide surnommée El Castillo, le groupe des Séries initiales est un havre de paix : loin du tumulte des vendeurs non-autorisés et des cohortes de touristes guidés par des personnes parfois peu regardantes, les archéologues y travaillent tranquillement. Un accord entre le gouvernement de l'état du Yucatán et l'INAH a permis de reprendre des fouilles d'envergure et d'effectuer d'importants travaux de restauration et consolidation de plusieurs bâtiments-clé : le terrain de jeu de balle, le Temple des Guerriers, l'Église sont des endroits symboliques que voient les visiteurs. Contextualisons un peu notre billet en rappelant la chronologie d'occupation de Chichen Itza ou  Uucyabnal , nom de la ville apparaissant dans les inscriptions relevées (Schmidt, González de la Mata, Pérez Ruiz, Osorio León, 2005). Yabnal/Motul, 600-830 d.n.e. est la période céramique