Accéder au contenu principal

Compte-rendu Arqueología mexicana HS 57

C'est un numéro qui faisait cruellement défaut. Le maguey est une plante méconnue, pour ne pas dire inconnue, des Européens contemporains. Pourtant le maguey a tenu et continue d'avoir un rôle prépondérant dans les cultures et l'économie mexicaines.

Sur la couverture de ce numéro hors-série, on peut lire les mots de Joseph de Acosta écrit en 1590:
"L'arbre des merveilles est le maguey... qui donne eau et vin, et huile et vinaigre, et miel, et vêtement et fil, et aiguille et des centaines d'autres choses."
 Cette description dithyrambique est loin d'être galvaudée. Si cette polyvalence a notablement été remarquée par le colon espagnol, elle a perdu force durant le siècle dernier avec l'apparition des matériaux synthétiques et l'intérêt pour des cultures économiques plus rentables.

Ce hors-série nous propose une belle rétrospective iconographique et anthropologique. Le maguey fait partie de la grande famille des agavacées qui ont longtemps fourni nourriture, boisson et fibre pour des groupes nomades ou semi-sédentaires. La sédentarisation de certains a permis des utilisations innovantes, comme celle du pulque et, suite à la colonisation espagnole, des vins distillés d'agave comme le tequila, le mezcal

En premier lieu, on lira la présentation bien trop rapide de certains restes de maguey conservés par l'Excerpta Arqueobotánica de l'INAH. Suit une série de représentations préhispaniques (entre El Tajín, Teotihuacan, les codex mixtèques du Postclassique, les vases mayas peints) et les documents coloniaux comme les codex Xólotl, Tepetlaoztoc et de Florence (II, 2000, 903-904) ou la Tira de la Peregrinación.

Boturini Codex (folio 13).JPG
«Boturini Codex (folio 13)- El Comandante (photographer) - Museo Nacional de Antropología (Mexico D.F.). Disponible sous la licence Domaine public vía Wikimedia Commons.

On trouvera ensuite une carte situant les principaux sites contenant des restes de maguey qui surprendra le lecteur par la présence si diffuse de la plante (entre les états de Chihuahua ou Sonora, jusqu'à Oaxaca.

Suit une section présentant les principaux mythes et rituels en rapport avec cette plante. Les représentations et les allusions à Mayahuel sont d'ailleurs bien présentes (p. 28; 32-35) et l'association de Xipe Totec et Quetzalcoatl avec la grande feuille de maguey rappelle l'usage de cette dernière lors de pratiques autosacrificielles (p.29-31).

Sans transition on redécouvre le travail de naturaliste de Francisco Hernández sur le metl, nom nahua du maguey. Cette partie de la revue permet d'introduire la section Botanique de la revue (p. 55).

La section suivante s'intéresse aux différents usages du maguey et cite deux des passages du Codex de Florence ou de la chronique de Muñoz Camargo. On revient notamment sur la préparation des fibres pour fabriquer des vêtements.

L'usage phare du maguey et des agaves est sans contexte la préparation du pulque, également appelé octli que le touriste averti pourra déguster dans certains débits de boisson spécialisés au DF (les fameuses pulquerías) ou à Tlaxcala. Sur une dizaine, on retrace l'histoire et l'évolution de cette boisson.

Une dernière partie nous montre la présence toujours importante du maguey dans l'inconscient collectif mexicain, notamment à travers la peinture murale du XXe siècle ou les motifs appliqués aux textiles modernes.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir...

Inauguration de l'exposition Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor de Tenochtitlan

En 1958, un maçon visita l'ancien Musée national de la ville de Mexico pour faire don d'un masque préhispanique en bois qu'il avait trouvé lors d'un chantier dans le quartier de La Merced. Cependant, en retirant l'argile qui le recouvrait, le masque se brisa en deux et se désintégra complètement en raison de la perte d'humidité. Cette anecdote a été mentionnée par le directeur du Projet Templo Mayor (PTM), Leonardo López Luján, lors de l'inauguration de l'exposition "Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor". Inauguration de l'exposition Insignias de los Dioses. Photo : Luis Gerardo Peña Torres, INAH. L'exposition temporaire a lieu au Musée du Templo Mayor à Mexico. Elle présente 145 pièces archéologiques qui illustrent les avancées de la conservation en ce qui concerne le bois d'origine archéologique. En 2008, la restauratrice Alejandra Alonso Olvera a introduit une technique japonaise consistant à remplacer progressiv...
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu...