Situé au sud de l'état du Tamaulipas à quelques encâblures de Tampico, Puerto Altamira était en fait un ancien village d'une culture antérieure aux Huastèques du Postclassique. Dans un bulletin publié récemment sur le site de l'INAH, on apprend que les fouilles e sauvetage entreprises sur le site de Chak Pet depuis 2006, "Tortue rouge" en teenek, sont en train de fournir de nouvelles informations. Elles complètent notre vision de ce que pouvez être le nord de la Huastèque il y a un peu moins de 2000 ans. En effet les villages huastèques jusqu'à présent fouillés remontent plutôt au Postclassique.
L'exploration de Chak Pet est somme toute récente et dûe à l'agrandissement du port d'Altamira, propriétaire des terrains fouillés. Une plainte citoyenne avait été déposée à l'INAH pour dénoncer la destruction de vestiges à cet endroit. Le site est situé à l'embouchure du Tamesí, caractérisée par des marécages et une biodiversité (oiseaux, poissons, mollusques et crustacés) qui a certainement servi aux populations. Elles ont décidé de construire un village en dépit de cet environnement, moite et chaud, propice aux moustiques et aux maladies qu'ils peuvent transmettre.
La présence si notable de restes humains est dû à une tradition très présente dans cette partie du globe de mettre en terre les défunts sous le sol de la maison, de telle manière que les mânes des ancêtres continuent de faire partie de la vie familiale. Mais la conservation de restes humains si anciens pourrait surprendre. Des analyses de pH ont révélé que la nature alcaline des sols a retardé considérablement la dégradation naturelle des os humains mais aussi des poissons et coquillages qui les accompagnaient parfois. Au total depuis 2006, ce ne sont pas moins de 400 enterrements et 5000 objets qui ont été enregistrés à Chak Pet par l'équipe de Ramírez Castilla.
Mais tout n'est pas qu'ossements. De riches offrandes matérielles accompagnaient parfois les défunts. Selon le bulletin publié par l'INAH, 84 objets en céramique ont été enregistrés avec une datation estimée entre 500 avant notre ère et 200 de notre ère. Ramírez Castilla met en avant leur grande qualité plastique que leur conception. On retrouve aussi différents outils et pointes de flèche en lithique.
Les figurines en céramiques dont certaines dites Prisco negro complètent ainsi les 150 de céramique creuse retrouvés lors d'une campagne de fouilles antérieures: ces dernières avaient alors été datées entre 100 et 200 de notre ère et avaient été disposées en cercle. Les céramiques Prisco Negro étaient utilisées dans une macrorégion qui allait de Kaminaljuyu au Guatémala jusqu'au nord du Véracruz et au sud du Tamaulipas.
Dans cette dernière livraison figurent aussi des objets en pierre verte, un pendentif en os de baleine ou de lamantin et un autre en conque.
Le pendentif en os de mammifère marin attire l'attention par sa représentation d'un personnage sculpté de profil avec une coiffe. La présence des objets en silex est singulière dans la mesure où les gisements de ce matériel sont absents aux environs de Chak Pet. La même interrogation surgit en ce qui concerne les objets en pierre verte ou en les lamelles d'obsidienne. Ces matériaux devront être soumis à différents examens pour établir leur origine géologique, probablement entre les gisements situés respectivement au Guatémala ou à Oaxaca pour les premiers et en Hidalgo ou au Puebla pour les secondes.
Chak Pet est inconstestablement une plongée dans la vie quotidienne d'un village du Préclassique, avec ses maisons, ses zones de travail commun, ses foyers. Dès lors, qui a bien pu habiter Chak Pet ? Une analyse mitochondriale permettra probablement de vérifier des liens de parenté entre les individus enterrés. Mais avaient une parenté génétique lointaine avec les huastèques ou faisaient-ils partie d'une diaspora culturelle ?
Voici un reportage sur les dernières découvertes de Chak Pet transmis sur TV Azteca.
Quand bien même le site ne pourra jamais être visité par le public, un accord a été trouvé entre la municipalité d'Altamira, le gouvernement du Tamaulipas et l'INAH pour construire un centre d'interprétation qui, non content de montrer les objets les plus significatifs de Chak Pet, mettra en valeur l'écosystème qui a vu se construire ce village si ancien.
Vous pourrez entendre, dans le cadre de l'émission Raíces, le 14 juillet prochain, un entretien que nous avons eu le plaisir d'enregistrer avec Gustavo Ramírez Castilla il y a une semaine.
L'exploration de Chak Pet est somme toute récente et dûe à l'agrandissement du port d'Altamira, propriétaire des terrains fouillés. Une plainte citoyenne avait été déposée à l'INAH pour dénoncer la destruction de vestiges à cet endroit. Le site est situé à l'embouchure du Tamesí, caractérisée par des marécages et une biodiversité (oiseaux, poissons, mollusques et crustacés) qui a certainement servi aux populations. Elles ont décidé de construire un village en dépit de cet environnement, moite et chaud, propice aux moustiques et aux maladies qu'ils peuvent transmettre.
La présence si notable de restes humains est dû à une tradition très présente dans cette partie du globe de mettre en terre les défunts sous le sol de la maison, de telle manière que les mânes des ancêtres continuent de faire partie de la vie familiale. Mais la conservation de restes humains si anciens pourrait surprendre. Des analyses de pH ont révélé que la nature alcaline des sols a retardé considérablement la dégradation naturelle des os humains mais aussi des poissons et coquillages qui les accompagnaient parfois. Au total depuis 2006, ce ne sont pas moins de 400 enterrements et 5000 objets qui ont été enregistrés à Chak Pet par l'équipe de Ramírez Castilla.
Mais tout n'est pas qu'ossements. De riches offrandes matérielles accompagnaient parfois les défunts. Selon le bulletin publié par l'INAH, 84 objets en céramique ont été enregistrés avec une datation estimée entre 500 avant notre ère et 200 de notre ère. Ramírez Castilla met en avant leur grande qualité plastique que leur conception. On retrouve aussi différents outils et pointes de flèche en lithique.
Les figurines en céramiques dont certaines dites Prisco negro complètent ainsi les 150 de céramique creuse retrouvés lors d'une campagne de fouilles antérieures: ces dernières avaient alors été datées entre 100 et 200 de notre ère et avaient été disposées en cercle. Les céramiques Prisco Negro étaient utilisées dans une macrorégion qui allait de Kaminaljuyu au Guatémala jusqu'au nord du Véracruz et au sud du Tamaulipas.
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Ill. 1. Figurines de Chak Pet. (INAH, 2018). |
Dans cette dernière livraison figurent aussi des objets en pierre verte, un pendentif en os de baleine ou de lamantin et un autre en conque.
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Ill. 2. Objets retrouvés à Chak Pet (INAH, 2018). |
Chak Pet est inconstestablement une plongée dans la vie quotidienne d'un village du Préclassique, avec ses maisons, ses zones de travail commun, ses foyers. Dès lors, qui a bien pu habiter Chak Pet ? Une analyse mitochondriale permettra probablement de vérifier des liens de parenté entre les individus enterrés. Mais avaient une parenté génétique lointaine avec les huastèques ou faisaient-ils partie d'une diaspora culturelle ?
Voici un reportage sur les dernières découvertes de Chak Pet transmis sur TV Azteca.
Quand bien même le site ne pourra jamais être visité par le public, un accord a été trouvé entre la municipalité d'Altamira, le gouvernement du Tamaulipas et l'INAH pour construire un centre d'interprétation qui, non content de montrer les objets les plus significatifs de Chak Pet, mettra en valeur l'écosystème qui a vu se construire ce village si ancien.
Vous pourrez entendre, dans le cadre de l'émission Raíces, le 14 juillet prochain, un entretien que nous avons eu le plaisir d'enregistrer avec Gustavo Ramírez Castilla il y a une semaine.
Références bibliographiques
Hernández J. (27 de febrero 2016). Chak Pet. De Tamaulipas con miras a Francia [En línea]. Milenio. Recuperado de http://www.milenio.com
(s.a.). (9 de abril 2018). Rehabilitación de Ex Hacienda de Xico destapa la amplia ocupación prehispánica del Cerro del Marqués, en Chalco [En línea]. Recuperado de http://inah.gob.mx/es/boletines/7093-continuan-los-descubrimientos-en-la-antigua-aldea-prehispanica-de-chak-pet-en-el-puerto-de-altamira
Velasco González, J. E., Ramírez Castilla, G., & Serrano Sánchez, C. (2011). Bioarqueología de la cuenca baja del río Pánuco. Estudios de restos óseos en Altamira, Tamaulipas. Anales de Antropología, 45, 51-78. [en línea] https://www.academia.edu/12659980/Bioarqueolog%C3%ADa_en_la_Cuenca_Baja_del_R%C3%ADo_P%C3%A1nuco._Estudio_de_Restos_%C3%93seos_en_Altamira_Tamaulipas
Valdovinos, Pérez, V., Macías Herrera, D., Ramírez Castilla, G., & Valenzuela Jímenez, G. (2016). Prácticas funerarias en el septentrión de la Huasteca. Análisis tafonómico del Entierro Rojo de Chak Pet, Tamaulipas. Estudios de Antropología biológica, XVIII(2), 31-54. [en línea] https://www.academia.edu/31062237/An%C3%A1lisis_Tafon%C3%B3mico_del_Entierro_Rojo_en_Chak_Pet
Velasco González, J. E., Ramírez Castilla, G., & Serrano Sánchez, C. (2011). Bioarqueología de la cuenca baja del río Pánuco. Estudios de restos óseos en Altamira, Tamaulipas. Anales de Antropología, 45, 51-78. [en línea] https://www.academia.edu/12659980/Bioarqueolog%C3%ADa_en_la_Cuenca_Baja_del_R%C3%ADo_P%C3%A1nuco._Estudio_de_Restos_%C3%93seos_en_Altamira_Tamaulipas
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