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Fouilles de sauvetage à Zacatenco, Mexico

Sur son site internet, l'INAH fait état de fouilles de sauvetage au nord de Mexico, préalables à la construction de l'aqueduc Guadalupe, à quelques encâblures de la Basilique de Guadalupe.  Après six mois de travaux dirigés à Zacatenco par la jeune Estibaliz Aguayo Ortíz, les résultats sont tout simplement surprenants. 

On dispose de peu de contextes fouillés systématiquement dans la vallée de México et datés du Préclassique. Vaillant (1930) avait fouillé à Zacatenco dès 1928 et publié ses résultats deux ans plus tard. Une des références en la matière a été le travail effectué ensuite par Piña Chan (1958) à Tlatilco.  Puis il a fallu attendre des fouilles de Sanders et Parsons à la fin des années 1960 pour en savoir un peu plus sur Zacatenco.

Les découvertes de la Direction d'Archéologie de Sauvetage de l'INAH sont de deux types. Tout d'abord les restes de 145 individus ont jusqu'à présent retrouvés. Certains enterrements comptaient jusqu'à trois individus dans le même espace.


Enterrement double, Zacatenco, México
Crédit photo : Melitón Tapia/INAH.
Disponible le 29/10/2016 : http://www.inah.gob.mx/images/boletines/2016_318/demo/#img/01.jpg
Si le nombre d'individus pourrait évoluer pendant les prochaines semaines, leur datation a révélé qu'ils furent inhumés lors d'un même moment, à la différence d'autres enterrements dans d'autres sites où on déplace les ossements anciens pour réutiliser une tombe ou à déposer un défunt sur d'autres plus anciens. Tous remontent au Préclassique moyen entre 800 et 500 avant notre ère et habitaient un village situé à l'actuel emplacement de Zacatenco. Cette hypothèse de travail sera à confirmer par des "analyses palinologiques des sédiments et la recherche de pathologies et maladies dans les ossements". Le groupe à étudier est composé de 60 adultes, 40 enfants et un groupe de nouveaux-nés et d'adolescents. La mort de tous ces individus est-elle le résultat d'une épidémie ? d'une sécheresse ? d'un autre facteur environnemental ?

Certains enterrements présentaient des traces d'offrandes funéraires allant des coquillages et os d'animaux sculptés à pierres vertes comme la serpentine, un collier de dents de canidé placé entre les fémurs d'un personnage, de l'obsidienne grise, des céramiques, etc. Plusieurs enterrements ont été couverts d'une poudre rouge : les analyses détermineront s'il s'agit d'hématite ou de cinabre. Les restes d'un jeune enfants ont été recouvert d'un pectoral formés de 162 plaques de coquillage. Les sept archéologues et trois anthropologues physiques de l'équipe ont également enregistré la présence de billes en pierre verte ou en coquillage, un poinçon en os dirigé vers le métatarse, une vaisselle posée à la hauteur de la clavicule, 

Pour l'heure, seuls 1000 des 19500 m² qui constituent le terrain à fouiller ont été explorés. Un registre orthogonal multipliant les prises de vue a été effectué avec le dessein de reconstituer ces contextes postérieurement. 

La deuxième découverte de Zacatenco n'en est pas vraiment une : il s'agit des vestiges de salinières entretenues et exploitées au cours du Postclassique et d'une zone résidentielle formée de petites pièces, portiques et cours. Situées au centre-sud du terrain fouillé, elle sont connues par les services archéologiques depuis plusieurs années, lors de la construction de la station de métro Indios Verdes. Les fouilles de cette année ont permis de retrouver des céramiques de type Lagos Anaranjado : ce sont des vaisselles et des récipients stuqués nécessaires à l'obtention des cristaux de sel. Cinq autres vaisselles contenant les restes de nouveaux-nés furent déposés sous les sols des pièces dans le but de consacrer ces espaces.

Le sel, comme pour de nombreuses cultures anciennes et modernes avait un rôle essentiel dans la conservation des aliments. Il était donc normal que les Mexicas vouaient un culte spécial à la déesse du sel : Huixtocihuatl (López Hernández, 2012: 98). Selon les informateurs de Sahagún (2002 : II, XXVI, 210-212), elle était la soeur des divinités de la pluie qui la jetèrent dans les eaux salées. Les natifs l'honoraient lors de la vingtaine de tecuhilhuitontli. Son ixiptla, une jeune femme vêtue, décorée et peinte comme elle, dansait durant dix jours avant son sacrifice. Elle est présentée de la manière suivante dans les Ritos, sacerdotes y atavios de los dioses (1958 : fol. 264r) : 

Su pintura facial amarilla.
Su gorro de papel con penacho de quetzal.
Sus orejeras de oro.
Su camisa con representación de agua.
Su faldellín con representación de agua.
Sus campanillas, sus sandalias.
Su escudo con una flor acuática, tiene en la mano un bordón de junco.

Bibliographie
Joyce, R. (2001). Burying the Dead at Tlatilco: Social Memory and Social Identities. Meredith S. Chesson (ed.), Social Memory, Identity, and Death: Anthropological Perspectives on Mortuary RitualsArcheological Papers of the American Anthropological Association Number 10,  12-26. Facsimile pdf disponible le 29 octobre 2016 : http://users.clas.ufl.edu/davidson/Arch%20of%20Death/Week%2015/Joyce%202001.pdf

López Hernández, M. (2012). Mujer divina, mujer terrena. Modelos femeninos en el mundo mexica y maya. Mexico : Libros de la araucaria.

Piña Chan, R. (1958). Tlatilco. Mexico : Instituto Nacional de Antropología e Historia.

Sahagún, B. de (1958). Ritos, sacerdotes y atavios de los dioses. Mexico : Universidad Nacional Autónoma de México. En ligne : https://archive.org/details/ritossacerdotesy00saha

Sahagún, B. de (2002). Historia general de las cosas de Nueva España. Mexico : CONACULTA.

Vaillant, G. C. (1930). Excavations at Zacatenco. American museum of natural history. Anthropological papers, v. XXXII, LIV, 1-197.

Pour en savoir, nous vous invitons à consulter le bulletin publié sur le site de l'INAH et le reportage mis en ligne sur la chaîne Youtube de l'INAH.



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