Intitulé Los ejes de vida y muerte en el Templo Mayor y en el recinto ceremonial de Tenochtitlan, le dernier HS de la revue de divulgation de l'INAH et de l'éditeur Raíces a été confié à Eduardo Matos Moctezuma. Mais qu'attendre d'un énième numéro sur le Grand Temple de la capitale tenochca quand les éditions semblent apporter leur lot d'intéressants articles sur des découvertes récentes faites par le Projet Grand Temple et le Programme d'Archéologie Urbaine, tous dirigés et/ou créés par Matos Moctezuma à un moment donné ?
En 2017, Matos Moctezuma inaugura la Chaire que l'Université d'Harvard ouvrit en son nom avec une conférence magistrale qu'il prononça dans l'amphithéâtre Jaime Torres Bodet du Musée National d'Anthropologie. On pourrait donc se demander pourquoi acheter une revue qui contient le texte d'une conférence alors que l'enregistrement de celle-ci est à portée d'un clic.
En 2017, Matos Moctezuma inaugura la Chaire que l'Université d'Harvard ouvrit en son nom avec une conférence magistrale qu'il prononça dans l'amphithéâtre Jaime Torres Bodet du Musée National d'Anthropologie. On pourrait donc se demander pourquoi acheter une revue qui contient le texte d'une conférence alors que l'enregistrement de celle-ci est à portée d'un clic.
Cependant la proposition éditoriale de Matos Moctezuma est très différente de la vision rétrospective de son office d'archéologue évoqué au Musée National d'Anthropologie. L'académicien mexicain reprend en fait son thème de prédilection : la vie et la mort à Tenochtitlan (Matos Moctezuma, 1971 ; 1975 ; 1978 ; 1982 ; 1986 ; 1987).
Après une introduction générale, notamment sur sa participation décisive au Templo Mayor, Matos Moctezuma cite ou paraphrase les sources coloniales pour montrer l'union de deux montagnes symboliques qu'est la pyramide double du Grand Temple. Il en étudie chaque côté de la phase II selon la taxonomie suivante : le temple, l'escalier qui y mène, la plateforme en contrebas, la chambre située sous l'escalier, la polychromie, les rituels et les mythes. On notera la nombreuse iconographie permettant de comprendre cette organisation architecturale, religieuse et mythologique.
La seconde partie du hors-série élargit la réflexion des axes de vie et de mort à l'ensemble de l'enceinte cérémoniel du Grand Temple. Dans un premier temps, Matos Moctezuma invite à la prudence quant à l'élaboration des Primeros memoriales. Le folio 269r donne une image biaisée de cette enceinte sacrée en se concentrant davantage sur les constructions et monuments liés à la mort. Pour le récipiendaire des Palmes académiques, l'archéologie, notamment au moyen du Projet Grand Temple et du Programme d'Archéologie Urbaine, a démontré l'existence d'autres structures non représentées et liées à la vie. Du côté de l'axe de la mort, il inclut l'esplanade entourant la phase IV du Grand Temple : différents plaques furent sculptés de reliefs reprenant la geste de Huitzilopochtli. Il s'attarde aussi sur le cuauhxicalco et ses têtes de serpents encastrée sur le pourtour de la structure. Il évoque rapidement le tzompantli, ses tours coniques faites de crânes humains maçonnés, et le terrain de jeu de balle (tlachtli) qui lui est associé. Il achève son énumération avec l'autel de crânes et d'os sculptés. Du côté de l'axe de la vie, Matos Moctezuma retient seulement trois structures : un autel dédié à Tlaloc sculpté et peint, la pyramide circulaire dédiée à Quetzalcoatl, situé dans l'axe du calmecac, grand oublié de l'analyse.
La troisième et dernier partie de ce hors-série reprend le titre d'une exposition temporaire que Matos Moctezuma organisa pour le Musée National d'Anthropologie en 2017 et qu'il inaugura immédiatement après sa conférence magistrale. Le visiteur pouvait alors apprécier neuf grandes pièces en terre cuite que l'archéologue mexicain, membre du Collège national, avait choisi autant pour leur valeur esthétique que symbolique. La dichotomie vie/mort était ainsi représentée respectivement par quatre sculptures. Du côté de la vie apparaissaient une image de femme enceinte de la tradition Tombes à puits, une autre de Chicomecoatl sur un brasero mexica peint, un autre brasero Tlaloc retrouvé à Tehuacan et un encensoir-effigie du Soleil originaire de Palenque. Du côté de la mort on pouvait apprécier le fameux homme ou dieu chauve-souris originaire de Chalco, un des Mictlantecuhtli retrouvé dans l'édifice des aigles du Grand Temple de Tenochtitlan, un des chevaliers-aigle exhumé au même endroit et une urne zapotèque en forme de félin. Les informations présentées ici sont succinctes et une consultation du catalogue de l'exposition est fortement recommandée (Matos Moctezuma, 2017).
Bibliographie
Matos Moctezuma, E. (coord.). (1971). La muerte en el México prehispánico. Artes de México, 145, 6-36.
Matos Moctezuma, E. (1975). La muerte a filo de la obsidiana. Los nahuas frente a la muerte, Sepstentas, 190.
Matos Moctezuma, E. (1978). La muerte a filo de la obsidiana. Mexico : SEP ; INAH.
Matos Moctezuma, E. (1982). El rostro de la vida y la muerte, Revista de la Universidad de México, XXXVIII(15), 25-28.
Matos Moctezuma, E. (1986). Vida y muerte en el Templo Mayor. Mexico : Océano.
Matos Moctezuma, E. (1987). El rostro de la muerte. Mexico : Editorial GV.
Matos Moctezuma, E. (2010). La muerte entre los mexicas. Mexico : Editorial Tusquets.
Matos Moctezuma, E. (2017). Voces de barro / Voices of Clay. Mexico : INAH.
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