Après trois ans d'attente, j'ai pu entrer dans le saint des saints : les fouilles sous le monolithe de Tlaltecuhtli. J'ai sacrifié une après-midi du CIA pour visiter avec mon épouse ce qui constituera sans doute la plus grosse base d'informations archéologiques disponibles sur les Tenochcas. Le tout guidé par Leonardo López Luján, responsable des fouilles.
Malheureusement, comme il s'agit de fouilles et d'études en cours, il est impossible d'en prendre des photos. Je me contenterai donc de vous décrire brièvement ce que nous avons vu, senti, expérimenté.
Tout d'abord, nous avons fait un petit séjour dans le campement des fouilles pour voir le travail d'inventaire, de dessins et de photographies réalisée par l'équipe de López Luján. J'ai pu prendre et observer un joli petit jade maya représentant un personnage portant une coiffe en forme de serpent à plumes. Je l'avais là dans mes mains, nettoyé après avoir passé plus de 500 ans sous terre. J'avais presque des palpitations. Un vrai gosse dans un magasin de jouets.
López Luján nous a ensuite montré le crâne d'un canidé découvert dans une offrande à caractère aquatique et à connotation de fertilité. L'animal porte des boucles d'oreilles en turquoise (pierre extrêmement rare à l'époque puisque les gisements les plus proches sont dans le sud-ouest des USA), un pectoral en jade et des clochettes en or sur les pattes. L'équipe l'a humoristiquement appelé "l'aristochien".
Nous sommes sortis du campement pour passer sous une autre structure à humidité constante : là ont été déposés les énormes blocs qui constituent le monolithe de Tlaltecuhtli. L'ensemble est plus grand que la pierre du soleil du MNA ou que la pierre de Coyolxauhqui : 12 tonnes pour 4 m de long et 3,57 m de large. C'est dire l'importance de cette divinité dans la cosmovision mexica. Si vous regardez les photos sur le blog, vous verrez que la pierre est boueuse. Et bien, figurez qu'elle a été patiemment nettoyée et séchée pendant une année complète pour révéler ses plus belles couleurs.
L'apparence est saisissante tant on est peu habitué à voir ce genre de pièces avec ses couleurs originales. D'ailleurs le Templo Mayor, pour fêter les 30 ans de la découverte de la pierre de Coyolxauhqui, propose une projection au-dessus du monolithe qui simule les pigments utilisés pour la colorer : rouge, jaune, blanc, bleu, noir. Ce sont les mêmes couleurs qu'on peut observer en regardant Coyolxauqhui. Quelle émotion en voyant sa chevelure désormais et les boules de coton la décorant! Quelle impression en voyant les griffes et mâchoires ornant ses mains et ses articulations ! Et que dire de la représentation centrale mais très complète d'un personnage portant des sandales typiques des dirigeants!
Enfin le dernier moment fut la descente vers les fouilles à proprement parler. Ce qui surprend alors, c'est la fraîcheur et l'humidité qui règne. En effet les objets remontés à la surface le sont de haute lutte : des pompes fonctionnent 24 heures sur 24 pour débarrasser de l'eau qui fluctue. Il ne faut pas oublier que le Templo Mayor et l'ensemble de Tenochtitlan ont été construit sur une île artificielle !
A l'emplacement du monolithe de Tlaltecuhtli, on peut voir une énorme caisse en pierre : à l'intérieur, parfaitement conservés par l'eau, plus de 3000 ossements de félidés et canidés attendent d'être remontés quand le niveau baissera. Juste un demi-mètre à l'est, on peut voir un trou, où plusieurs offrandes ont été superposées : actuellement ce sont 21 braseros dont on devine les formes qui patientent entre eau et boue.
Enfin un peu plus à l'ouest, dans l'axe de la chaussée qui menait avant à Tacuba, on voit nettement les différents niveaux (7 jusqu'à présent) des offrandes qui couvrent l'accès à trois salles qui ont été repérés par géoradar mais qui demeurent inaccessibles pour la même raison : l'eau. Chaque offrande avait été soigneusement scellée si bien que les archéologues sont ainsi les premiers à découvrir ce qui avait été caché pendant cinq siècles.
Fin du show, nous devisons patiemment en regardant le compagnon de López Luján fouiller. Il nous confirme la construction d'une extension du musée où le futur visiteur accèdera au monolithe après un parcours qui le guidera à travers les différentes offrandes mises au jour. Il évoque aussi les pressions de sa hiérarchie, "soucieuse d'annoncer une grande découverte pour les fêtes du bicentenaire de l'Indépendance" en 2010. Ce à quoi López Luján a répondu qu'il se comparait à un cardiologue qui ne peut pas se permettre de faire la moindre erreur en opérant son patient.
Nous remontons ensuite lentement vers la sortie, celle d'un rêve éveillé et mesurant pleinement le privilège que nous avons eu.
Malheureusement, comme il s'agit de fouilles et d'études en cours, il est impossible d'en prendre des photos. Je me contenterai donc de vous décrire brièvement ce que nous avons vu, senti, expérimenté.
Tout d'abord, nous avons fait un petit séjour dans le campement des fouilles pour voir le travail d'inventaire, de dessins et de photographies réalisée par l'équipe de López Luján. J'ai pu prendre et observer un joli petit jade maya représentant un personnage portant une coiffe en forme de serpent à plumes. Je l'avais là dans mes mains, nettoyé après avoir passé plus de 500 ans sous terre. J'avais presque des palpitations. Un vrai gosse dans un magasin de jouets.
López Luján nous a ensuite montré le crâne d'un canidé découvert dans une offrande à caractère aquatique et à connotation de fertilité. L'animal porte des boucles d'oreilles en turquoise (pierre extrêmement rare à l'époque puisque les gisements les plus proches sont dans le sud-ouest des USA), un pectoral en jade et des clochettes en or sur les pattes. L'équipe l'a humoristiquement appelé "l'aristochien".
Nous sommes sortis du campement pour passer sous une autre structure à humidité constante : là ont été déposés les énormes blocs qui constituent le monolithe de Tlaltecuhtli. L'ensemble est plus grand que la pierre du soleil du MNA ou que la pierre de Coyolxauhqui : 12 tonnes pour 4 m de long et 3,57 m de large. C'est dire l'importance de cette divinité dans la cosmovision mexica. Si vous regardez les photos sur le blog, vous verrez que la pierre est boueuse. Et bien, figurez qu'elle a été patiemment nettoyée et séchée pendant une année complète pour révéler ses plus belles couleurs.
Offrande 120, in situ, Templo Mayor, Mexico.
Photo retrouvée le 3 août 2009 sur le blog El jardin de las Dudas.
Photo retrouvée le 3 août 2009 sur le blog El jardin de las Dudas.
L'apparence est saisissante tant on est peu habitué à voir ce genre de pièces avec ses couleurs originales. D'ailleurs le Templo Mayor, pour fêter les 30 ans de la découverte de la pierre de Coyolxauhqui, propose une projection au-dessus du monolithe qui simule les pigments utilisés pour la colorer : rouge, jaune, blanc, bleu, noir. Ce sont les mêmes couleurs qu'on peut observer en regardant Coyolxauqhui. Quelle émotion en voyant sa chevelure désormais et les boules de coton la décorant! Quelle impression en voyant les griffes et mâchoires ornant ses mains et ses articulations ! Et que dire de la représentation centrale mais très complète d'un personnage portant des sandales typiques des dirigeants!
Pierre de Coyolxauqhui, reconstitution des couleurs par vidéoprojection. Museo del Templo Mayor.
Photos : B. LOBJOIS, le 19 juillet 2009.
Photos : B. LOBJOIS, le 19 juillet 2009.
Enfin le dernier moment fut la descente vers les fouilles à proprement parler. Ce qui surprend alors, c'est la fraîcheur et l'humidité qui règne. En effet les objets remontés à la surface le sont de haute lutte : des pompes fonctionnent 24 heures sur 24 pour débarrasser de l'eau qui fluctue. Il ne faut pas oublier que le Templo Mayor et l'ensemble de Tenochtitlan ont été construit sur une île artificielle !
A l'emplacement du monolithe de Tlaltecuhtli, on peut voir une énorme caisse en pierre : à l'intérieur, parfaitement conservés par l'eau, plus de 3000 ossements de félidés et canidés attendent d'être remontés quand le niveau baissera. Juste un demi-mètre à l'est, on peut voir un trou, où plusieurs offrandes ont été superposées : actuellement ce sont 21 braseros dont on devine les formes qui patientent entre eau et boue.
Enfin un peu plus à l'ouest, dans l'axe de la chaussée qui menait avant à Tacuba, on voit nettement les différents niveaux (7 jusqu'à présent) des offrandes qui couvrent l'accès à trois salles qui ont été repérés par géoradar mais qui demeurent inaccessibles pour la même raison : l'eau. Chaque offrande avait été soigneusement scellée si bien que les archéologues sont ainsi les premiers à découvrir ce qui avait été caché pendant cinq siècles.
Fin du show, nous devisons patiemment en regardant le compagnon de López Luján fouiller. Il nous confirme la construction d'une extension du musée où le futur visiteur accèdera au monolithe après un parcours qui le guidera à travers les différentes offrandes mises au jour. Il évoque aussi les pressions de sa hiérarchie, "soucieuse d'annoncer une grande découverte pour les fêtes du bicentenaire de l'Indépendance" en 2010. Ce à quoi López Luján a répondu qu'il se comparait à un cardiologue qui ne peut pas se permettre de faire la moindre erreur en opérant son patient.
Nous remontons ensuite lentement vers la sortie, celle d'un rêve éveillé et mesurant pleinement le privilège que nous avons eu.
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