Accéder au contenu principal

Billet 1480 - Sur les dimensions hors-normes d'El Mirador, Péten


La Foundation for Anthropological Research and Environmental Studies (FARES) est une association non gouvernementale qui a pour objectif la recherche scientifique sur les populations mayas actuelles et anciennes dans le Bassin de El Mirador, situé au nord du Guatemala près de la frontière mexicaine. Richard Hansen, archéologue de l’Université d’Utah, a dirigé un important travail de prospection aérienne au-dessus d’El Mirador.

L’utilisation de la technologie militaire LIDAR dont nous avons souvent rapporté les applications archéologiques au Mexique ou en Amérique centrale a un coût logistique et financier qui implique une coopération interinstitutionnelle de tout premier plan. Pour couvrir 1100 km², le coút s’est élevé à 380000 dollars (354 676 euros). Cependant les résultats préliminaires sont à la hauteur de l’investissement consenti. Le Bassin d’El Mirador nous avait déjà donné une idée du gigantisme des pyramides construites dans le royaume de Kan pendant le préclassique. Ce gigantisme ne sera d’ailleurs jamais égalé par les Mayas ou les autres peuples ayant vécu dans cette partie du monde.

Voici quelques chiffres concernant la pyramide La Danta, construite entre 300 avant et 100 après Jésus-Christ, qui donne tout simplement le vertige, tous communiqués par la FARES sur sa page Facebook (FLARES, 2016)
et que nous traduisons ci-dessous :
  • la plus haute pyramide de l’hémisphère occidental avec 72 m de hauteur,
  • 2800000 m³ de volume,
  • 185806 m² de surface,
  • 15000000 de journées de travail,
  • 12 hommes étaient pendant 17 minutes pour tirer les blocs atteignant 453 kilos,
  • 3 ans de stabilisation de la structure.

Outre l’immense surface à couvrir, les archéologues ont dû faire face à un problème plus naturel. Sise en plein coeur d’une forêt humide formées d’arbres aux feuilles non caduques, El Mirador ne se laisse pas scanner si facilement. Hansen et son équipe ont dû prendre leur mal en patience et attendre une fenêtre de sept jours pendant lesquels les feuilles des arbres tombent pour mettre en oeuvre leur plan.

Les premiers résultats sont franchement surprenants. El Mirador laisse sur le carreau bon nombre de ville européennes ou méditerranéennes en terme d’extension et d’organisation urbaine. Si les estimations d’Hansen sont correctes, El Mirador serait la plus ville de l’hémisphère occidentale la plus développée. El Mirador s’étend sur 2279 km², une population estimée à un million d’habitants. Les images LIDAR indiquent également la présence de nombreuses pyramides, terrases de cultures, des canaux et un réseau de dix-sept routes, long de 250 kilomètres. Pour Hansen, il ne fait aucun doute que les anciens Mayas auraient pu rivaliser avec les Romains et leurs longues viae. Certaines pouvaient atteindre 38 m de large, 6 m de haut et 40 kms de longueur ! Une gageure quand il s’agit d’estimer le capital humain et le temps nécessaire à leur construction. Hansen rappelle que les premières routes construites en El Mirador et Tindall ou El Mirador et Nakbe ont été entre 600 et 400 avant notre ère. D’autres sont plus récents, datés entre 300 avant notre ère et 100 après.

Le gigantisme des cités mayas du nord-Péten ont encore beaucoup à nous apprendre. Les découvertes d’Hansen confirme ce caractère jamais repris ou également par la suite par les Mayas. Ce gigantisme nous interpelle à plus d’un titre. Comment gérer une énorme main d’oeuvre dans un contexte aussi demandant? D’où furent extraits les matériaux utilisés pour le gros oeuvre et la finition ? Pour quelles raisons ce gigantisme disparaît au profit d’une urbanisation moins voyante ?


Bibliografía

Page internet de la FARES: http://www.fares-foundation.org/.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir...
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu...

Inauguration de l'exposition Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor de Tenochtitlan

En 1958, un maçon visita l'ancien Musée national de la ville de Mexico pour faire don d'un masque préhispanique en bois qu'il avait trouvé lors d'un chantier dans le quartier de La Merced. Cependant, en retirant l'argile qui le recouvrait, le masque se brisa en deux et se désintégra complètement en raison de la perte d'humidité. Cette anecdote a été mentionnée par le directeur du Projet Templo Mayor (PTM), Leonardo López Luján, lors de l'inauguration de l'exposition "Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor". Inauguration de l'exposition Insignias de los Dioses. Photo : Luis Gerardo Peña Torres, INAH. L'exposition temporaire a lieu au Musée du Templo Mayor à Mexico. Elle présente 145 pièces archéologiques qui illustrent les avancées de la conservation en ce qui concerne le bois d'origine archéologique. En 2008, la restauratrice Alejandra Alonso Olvera a introduit une technique japonaise consistant à remplacer progressiv...