Après nous avoir fait découvert l'importance du pulque dans les cultures anciennes et modernes du Mexique (voir notre compte-rendu précédent ici), Enrique Vela, éditeur de la revue Arqueología mexicana, a laissé les clés à Raul Barrera Rodríguez, responsable du Programme d'Archéologie Urbaine pour nous faire découvrir les fenêtres archéologiques mises en place dans le centre-ville de Mexico. Si vous vous promenez autour de la Zone archéologique du Templo Mayor, vous avez probablement remarqué des baies vitrées qui ponctuent le trottoir de certaines rues adjacentes. Mais plusieurs sont situées sous des édifices plus récents.
Après une introduction générale de la part d'Enrique Vela qui présente le patrimoine préhispanique, colonial et vice-royal du centre de Mexique, on peut lire un article de Leonardo López Luján qui nous présente différentes phases de constructions de la ville : la capitale préhispanique, le tracé de la capitale vice-royale et la réutilisation moderne et hétéroclite de cet espace. Différentes gravures et plusieurs plans complètent convenablement les réflexions du directeur du Projet Templo Mayor.
Les textes de Raúl Barrera Rodríguez reprennent et explorent de manière plus détaillée certaines informations exposées précédemment: occupation du site par les Mexicas et la séparation avec le groupe tlatelolca, développement et organisation de leur cité et de leur emprise sur un territoire toujours plus vaste, conceptions mythico-religieuses de l'univers, destruction et reconstruction de la ville par les conquistadores, la redécouverte du passé préhispanique par la société vice-royale, les fouilles ponctuelles avant la mise en place des projets systémiques que sont le Projet Templo Mayor et le Programme d'Archéologie Urbaine, et la présentation des fenêtres archéologiques. On notera deux documents qui frapperont le lecteur : d'un côté la carte des calpultin de Tenochtitlan proposé par , d'autre part les vues isométriques de l'enceinte sacré du Grand Temple, mises à jour en fonction des dernières découvertes du PAU. Enfin on apprécie un plan précis des fenêtres archéologiques en fonction de la période des vestiges.
Chaque fenêtre archéologique est présentée sur un modèle qui comprend les aspects suivants : dimensions, datation, explorations du contexte, rapprochements avec des documents coloniaux et quelques recherches publiées pour chacune d'elles. Notons que la première fenêtre présentée est également la plus récemment ouverte au public : le nouveau vestibule qui permet d'accéder à la zone archéologique plonge le visiteur in medias res. Le cuauhxicalco, découvert il y a maintenant un peu plus de 7 ans, donne un ton solennel à la visite.
Au total pas moins de 42 fenêtres contenant des vestiges coloniaux et/ou préhispaniques ont été mises à disposition du public. Certaines, comme la Maison du Marquis del Apartado, sous la Cathédrale métropolitaine, le Sagrario, le Musée UNAM Hoy, le Palais national, le Musée national des cultures du monde, le Palais de l'École de médecine peuvent être visitées sous certaines conditions (horaires et guide obligatoire). Mais la plupart son visibles sous d'épaisses vitrines insérées au niveau du sol comme sur le Parvis de la cathédrale, dans la rue Argentine, dans l'ancien Palais de l'Archevêché ou en face du Templo Mayor, la cour arrière de l'église de Sainte Thérèse. Malheureusement l'humidité les rend le plus souvent impossible à voir.
Fenêtre archéologique, Rue d'Argentine, Mexico. |
Barrera Rodríguez annonce aussi l'ouverture prochaine de nouvelles fenêtres suite aux spectaculaires découvertes du Grand Terrain de jeu de balle, du Temple d'Éhécatl et du Tzompantli. Il faudra cependant faire preuve d'un peu de patience avant que cela ne puisse se produire.
La bibliographie proposée par Barrera Rodríguez est exemplaire et nous incite à voir le centre de Mexico d'une autre manière. Si les façades coloniales ou néoclassiques, les bâtiments du Porfiriat ou de la Viceroyauté attirent le regard du curieux, il conviendrait aussi de le baisser parfois.
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