Pour les dernières fêtes de Noël, je me suis offert un livre qui avait su aiguiser ma curiosité il y a quelques mois déjà.
Je vais vous parler de l’ouvrage de Danièle Dehouve, directeur d’étude à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris, intitulé « Offrandes et sacrifice en Mésoamérique ». Ce bouquin, que je viens de terminer, m’a permis de réfléchir sur un débat très important lié à l’univers rituel et religieux des groupes indigènes mésoaméricains et d’approfondir mes connaissances sur une réalité un peu méconnue mais encore extrêmement vivante du Mexique contemporain.
Je vais vous parler de l’ouvrage de Danièle Dehouve, directeur d’étude à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris, intitulé « Offrandes et sacrifice en Mésoamérique ». Ce bouquin, que je viens de terminer, m’a permis de réfléchir sur un débat très important lié à l’univers rituel et religieux des groupes indigènes mésoaméricains et d’approfondir mes connaissances sur une réalité un peu méconnue mais encore extrêmement vivante du Mexique contemporain.
L’auteur se propose d’analyser l’acte religieux du « dépôt rituel » pratiqué par les groupes tlapanèques de l’état de Guerrero, connu depuis 1930 et observé tout au long de son travail de terrain qui a eu lieu de 2000 à 2006. L’étude des dépôts cérémoniels à série numérique couramment confectionnés dans les villages tlapanèques a le but de rapprocher ce rituel à ceux qui sont représentés dans certains manuscrits précolombiens, comme le codex Fejérvary Meyer, non seulement afin d’en déduire une continuité fondamentale entre passé et présent, mais aussi pour en saisir le sens exacte dans la vision du monde mésoaméricaine.
Dans les chapitres I et II, l’auteur analyse en détail le dépôt rituel à Acatepec, Guerrero, en expliquant ses différentes typologies (le dépôt aux morts, le dépôt à faisceaux …), la confection des objets rituels, le rôle joué par la communauté et l’importance de l’espace sacré où ces dépôts sont abandonnés, une fois le rituel conclu. Ensuite on analyse le déroulement de l’action rituelle, avec la présentation des différents composants, comme la présentation des cierges, la confection des faisceaux, les mèches de fils de coton, les guirlandes, les victimes sacrificielles – un poulet ou un chat – etc. L’étude des destinataires du rite, c’est-à-dire la Montagne, la Source, le Soleil, le Feu, la Terre et les Défunts représente la dernière partie de l’analyse.
retrouvé dans le site
le 7 février 2009
C’est dans le chapitre III que prend place l’étude minutieuse du symbolisme et de l’unité sémantique du dépôt, définit comme une « prière orale et matérielle ». La signification de chaque élément utilisé et la valeur des séries numériques présentes introduisent l’importance de la métaphore et des expressions orales dans les représentations matérielles (chapitre IV) ainsi que le rôle de la divination et les présages qu’on peut déduire en assistant à la présentation d’un dépôt (chapitre V).
Une fois l’acte structuré et localisé dans l’espace et le temps, l’auteur se livre à l’analyse spécifiques des différents dépôts confectionnés dans les municipes visités (chapitre VI) et à la création d’une liste des zones sacrées présentes en terre tlapanèque (chapitre VII).
La dernière partie du livre est consacrée à la comparaison entre la structure du dépôt rituel tlapanèque et celle de trois différentes typologies de dépots : ceux du Templo Mayor de México-Tenochtitlan, ceux de la Huasteca et ceux du territoire Huichol. La conclusion de l’auteur est très significative : à son avis, le dépôt rituel mésoaméricain obéit aux principes dégagés dans la région tlapanèque, puisqu’il repond à la même structure. Il représente la reconstitution du monde obtenue au moyen de plusieurs procédés figuratifs et abstraits, et il peut s’identifier avant tout par son caractère polysémique. Quel est donc le rôle attribué au sacrifice ?
Selon Dehouve, il représente « le dernier épisode […], le don par excellence présenté par les hommes aux êtres de puissance » (p. 234). L’être immolé ne ferait que renforcer le message transmis avant tout par les objets cérémoniels, et c’est pourquoi un sacrifice pratiqué ou examiné isolément n’aurait aucun sens, puisque sa valeur nait de son insertion dans un ensemble.
Cette théorie considère comme très discutables les analyses proposées par d’importants spécialistes comme Michel Graulich ou Christian Duverger, que, selon Dehouve, se sont focalisés sur l’étude approfondie du sacrifice humain sans le contextualiser dans les différents dépôts rituels dont il faisait partie.
Et quel est l’avis des autres spécialistes ? Je vous invite à lire celui de Claude-François Baudez, qui a publié un compte-rendu de cet ouvrage dans le Journal de la Société des Américanistes de Paris.
En espérant de vous avoir donné envie d'en savoir plus...
Commentaires