A priori, la dernière parution du magazine bimestriel de l'INAH n'a pas beaucoup de rapport avec le Mexique ancien tel que nous avons l'habitude de l'aborder sur ce carnet de notes.
Le thème central en est l'archéologie subaquatique au Mexique. Il s'agit de présenter une discipline relativement jeune et dont les premiers résultats commencent seulement à changer notre perception de l'histoire ancienne voir très ancienne de ce pays. Pourtant il convient de mettre en avant les articles qui nous concernent directement. Je passerai les travaux sur les galions et autres navires qui ont été explorés récemment. Nous préférons au contraire mettre en exergue l'article introducteur de Pilar Luna Erreguerena sur la naissance et le développement de l'archéologie sous-marine. Cette pionnière explique avec beaucoup de passion et de simplicité les avancées technologiques et méthodologiques de la discipline dans laquelle elle excelle.
Un autre article a également retenu notre attention. Rédigé par Roberto Junco, il y est question des fouilles extrêmes réalisées dans les lacs du Nevado de Toluca. Nous avions évoqué la publication d'un livre il y a quelque temps, développant le travail précieux effectué en mai 2007, dans ce lieu plus qu'inhospitalier (cf Lunar et al., 2009). L'altitude n'est pas tout. Le froid s'est révélé sans nul doute un obstacle plus impressionnant à franchir. Mais ce sont ces mêmes conditions qui ont permis la conservation et donc la découverte de matériaux organiques (copal, bois, agave, etc.).
L'autre article à retenir est celui proposé par Lisseth Pedroza sur les fouilles effectuées dans les cenotes et les grottes inondées de la péninsule du Yucatan. Ces endroits sont difficiles d'accès et souvent dangereux. La chercheuse revient sur la taxonomie des vestiges retrouvés et datés sur une chronologie très large.
Le travail collaboratif dirigé par Arturo H. Gonzalez Gonzalez complète d'ailleurs très bien celui de Lisseth Pedroza et s'intéresse aux restes humains découverts dans ce contexte archéologique. Bien que ces cas restent limités, ils ont contribué à remettre en cause le peuplement du continent. Certains hominidés ont ainsi pu être datés 10000 ans avant notre ère. Les caractéristiques physiques étudiées par les anthropologues physiques ont révélé que certains individus seraient originaires du sud-est asiatique. De la même manière, les restes de mégafaune de l'époque ont confirmé l'existence de tatous géants (appelés glyptodontes), d'éléphants, d'équidés et de camélidés dans cette partie du monde. La récente actualité archéologique pourrait corroborer cette hypothèse : le squelette d'un jeune homme retrouvé plus de 500 mètres à l'intérieur d'une grotte inondée de Chan Hol, au Quintana Roo, a été extrait et soumis à un traitement de stabilisation avant de futurs examens médico-légaux.
Ce squelette a été consciencieusement déposé, à en croire le mobilier l'accompagnant. Ce sont d'ailleurs les traitements mortuaires dans les cenotes qui font l'objet d'un dernier article de Carmen Rojas Sandoval. Elle s'est intéressée au cenote Las Calaveras et aux restes des 23 individus qui y ont été retrouvés.
Voilà donc pour le dossier archéologie sous-marine au Mexique. Voyons maintenant le reste du numéro en commençant par le traditionnel article de Manuel Hermann Lejarazu sur l'histoire des codex : cette fois, il est question du Codex Vaticano A-Rios. Appartenant au groupe dit Borgia, il partage une iconographie commune avec le codex homonyme. Pour être plus précis, c'est une traduction augmenté du Codex Telleriano-Remensis, conservé à la BNF. De son côté, Xavier Noguez réalise propose une courte paléographie de la Pintura de la Relación Geográfica de Teutenango en El Valle de Matlacingo.
On notera aussi un article très intéressant sur un aspect peu connu des pratiques rituels des Mexicas. Les nombreuses offrandes récupérées sous le monolithe de Tlaltecuhtli, au Templo Mayor de Tenochtitlan ont donné de la matière à Osiris Quezada Ramirez et à deux de ses collègues du musée : elles ont étudié les techniques de taxidermie employées par les Mexicas et les comparer avec nos techniques modernes. Elles ont dirigé leurs travaux sur les aigles des offrandes 120 et 125.
D'autre part, María Castañeda de la Paz et Miguel Luque Talaván proposent une étude sur l'importance de l'iconographie propre aux codex dans l'héraldique indigène et particulièrement tépanèque.
Enfin, on lira avec intérêt le travail anthropologique effectué par Ilan Leboreiro et Josefina Mansilla sur les rituels funéraires pratiqués dans le nord-ouest du Mexique. Certes la zone géographique et la diversité des ethnies s'étant succédé sur ce territoire sont immenses mais ce papier est très complet. On regrettera la qualité d'impression de cet article : d'aspect floue, la lecture n'est guère facile, à moins que Raices n'ait cherché à expérimenté la 3D !!
Au final, on peut dire que ce numéro d'Arqueología Mexicana présente une grande diversité d'informations qu'on ne peut négliger. A vous de vous le procurer ou d'en feuilleter virtuellement quelques extraits en cliquant sur le titre de cette note.
Bibliographie complémentaire :
Lunar, Pilar, Arturo Moreno et Roberto Junco. 2009. Las aguas celestiales, Nevado de Toluca. INAH, Mexico.
Le thème central en est l'archéologie subaquatique au Mexique. Il s'agit de présenter une discipline relativement jeune et dont les premiers résultats commencent seulement à changer notre perception de l'histoire ancienne voir très ancienne de ce pays. Pourtant il convient de mettre en avant les articles qui nous concernent directement. Je passerai les travaux sur les galions et autres navires qui ont été explorés récemment. Nous préférons au contraire mettre en exergue l'article introducteur de Pilar Luna Erreguerena sur la naissance et le développement de l'archéologie sous-marine. Cette pionnière explique avec beaucoup de passion et de simplicité les avancées technologiques et méthodologiques de la discipline dans laquelle elle excelle.
Un autre article a également retenu notre attention. Rédigé par Roberto Junco, il y est question des fouilles extrêmes réalisées dans les lacs du Nevado de Toluca. Nous avions évoqué la publication d'un livre il y a quelque temps, développant le travail précieux effectué en mai 2007, dans ce lieu plus qu'inhospitalier (cf Lunar et al., 2009). L'altitude n'est pas tout. Le froid s'est révélé sans nul doute un obstacle plus impressionnant à franchir. Mais ce sont ces mêmes conditions qui ont permis la conservation et donc la découverte de matériaux organiques (copal, bois, agave, etc.).
L'autre article à retenir est celui proposé par Lisseth Pedroza sur les fouilles effectuées dans les cenotes et les grottes inondées de la péninsule du Yucatan. Ces endroits sont difficiles d'accès et souvent dangereux. La chercheuse revient sur la taxonomie des vestiges retrouvés et datés sur une chronologie très large.
Le travail collaboratif dirigé par Arturo H. Gonzalez Gonzalez complète d'ailleurs très bien celui de Lisseth Pedroza et s'intéresse aux restes humains découverts dans ce contexte archéologique. Bien que ces cas restent limités, ils ont contribué à remettre en cause le peuplement du continent. Certains hominidés ont ainsi pu être datés 10000 ans avant notre ère. Les caractéristiques physiques étudiées par les anthropologues physiques ont révélé que certains individus seraient originaires du sud-est asiatique. De la même manière, les restes de mégafaune de l'époque ont confirmé l'existence de tatous géants (appelés glyptodontes), d'éléphants, d'équidés et de camélidés dans cette partie du monde. La récente actualité archéologique pourrait corroborer cette hypothèse : le squelette d'un jeune homme retrouvé plus de 500 mètres à l'intérieur d'une grotte inondée de Chan Hol, au Quintana Roo, a été extrait et soumis à un traitement de stabilisation avant de futurs examens médico-légaux.
Squelette du jeune de Chan Hol, Quintana Roo.
Photo prise en 2006, disponible le 20 juillet 2010 sur http://tinyurl.com/2dkre2g.
Ce squelette a été consciencieusement déposé, à en croire le mobilier l'accompagnant. Ce sont d'ailleurs les traitements mortuaires dans les cenotes qui font l'objet d'un dernier article de Carmen Rojas Sandoval. Elle s'est intéressée au cenote Las Calaveras et aux restes des 23 individus qui y ont été retrouvés.
Voilà donc pour le dossier archéologie sous-marine au Mexique. Voyons maintenant le reste du numéro en commençant par le traditionnel article de Manuel Hermann Lejarazu sur l'histoire des codex : cette fois, il est question du Codex Vaticano A-Rios. Appartenant au groupe dit Borgia, il partage une iconographie commune avec le codex homonyme. Pour être plus précis, c'est une traduction augmenté du Codex Telleriano-Remensis, conservé à la BNF. De son côté, Xavier Noguez réalise propose une courte paléographie de la Pintura de la Relación Geográfica de Teutenango en El Valle de Matlacingo.
Tlaloc, Codex Vaticanus A-Rios : p.20
Photo disponible le 20/10/2009 sur : http://tinyurl.com/24ku9vu
On notera aussi un article très intéressant sur un aspect peu connu des pratiques rituels des Mexicas. Les nombreuses offrandes récupérées sous le monolithe de Tlaltecuhtli, au Templo Mayor de Tenochtitlan ont donné de la matière à Osiris Quezada Ramirez et à deux de ses collègues du musée : elles ont étudié les techniques de taxidermie employées par les Mexicas et les comparer avec nos techniques modernes. Elles ont dirigé leurs travaux sur les aigles des offrandes 120 et 125.
Crâne d'aigle, offrande 125, Templo Mayor, Tenochtitlan
Postclassique récent.
Photo disponible le 20/09/2010 sur : http://tinyurl.com/2fuhkhp.
D'autre part, María Castañeda de la Paz et Miguel Luque Talaván proposent une étude sur l'importance de l'iconographie propre aux codex dans l'héraldique indigène et particulièrement tépanèque.
Enfin, on lira avec intérêt le travail anthropologique effectué par Ilan Leboreiro et Josefina Mansilla sur les rituels funéraires pratiqués dans le nord-ouest du Mexique. Certes la zone géographique et la diversité des ethnies s'étant succédé sur ce territoire sont immenses mais ce papier est très complet. On regrettera la qualité d'impression de cet article : d'aspect floue, la lecture n'est guère facile, à moins que Raices n'ait cherché à expérimenté la 3D !!
Au final, on peut dire que ce numéro d'Arqueología Mexicana présente une grande diversité d'informations qu'on ne peut négliger. A vous de vous le procurer ou d'en feuilleter virtuellement quelques extraits en cliquant sur le titre de cette note.
Bibliographie complémentaire :
Lunar, Pilar, Arturo Moreno et Roberto Junco. 2009. Las aguas celestiales, Nevado de Toluca. INAH, Mexico.
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