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Compte-rendu Arqueología mexicana 124

Dans la dernière mouture du magazine publié par l'INAH, le thème central est le tribut. De prime abord, on pourrait craindre une certaine redondance puisque plusieurs numéros publiés ces derniers mois s'intéressent à l'économie des groupes préhispaniques en Mésoamérique. On se souviendra notamment du numéro 122 et son dossier sur le commerce et le marché. On retrouve en effet certains spécialistes d'un numéro à l'autre, comme Ross Hassig ou Kenneth G. Hirth ou Frances Berdan. Si on est un peu mauvaise langue, on pourrait croire que le conseil d'édition a décidé de faire d'une pierre deux coups et éviter de se casser la tête pour trouver un nouveau thème. Essayons de nous défaire de ces a priori dangereux et de nous plonger un peu plus dans les articles proposés ce bimestre.

Le Stanfordien Ross Hassig nous rappelle justement le lien étroit entre tribut et commerce dans l'économie mésoaméricaine préhispanique dans le premier article. L'auteur fait une présentation du tribut et de l'importance des négociants, les pochtecas, qu'il avait présentés dans un article intitulé "El comercio a larga distancia en Mesoamérica y los pochtecas" dans le numéro 122.

L'idée d'accéder au cours d'Alfredo López Austin constitue un plaisir non négligeable pour qui souhaite s'approcher de la pensée mésoaméricaine. L'idée de publier une partie du matériel qu'il propose à ses étudiants est donc une opportunité unique dans la mesure où ce matériel n'est pas accessible sur des sites comme Scribd ou Academia. À travers une série de tableaux synoptiques adaptés pour le format de la revue, López Austin propose sa conception du calpulli, des différences entre pipiltin et macehualtin, de l'organisation sociale de México-Tenochtitlán en fonction de ces deux groupes, de la classification des terres, de l'organigramme du pouvoir tenochca et la justification de la guerre, des raisons utilisées pour justifier la guerre, de la répartition du tribut, et des relations inter-états.

De son côté, la chercheuse Frances Berdan revient sur la fragilité du modèle économique reposant sur le tribut imposé par la Triple Alliance mexica aux vastes territoires et cultures qui furent soumis.

Pour sa part, Luz María Mohar Betancourt nous propose une plongée dans deux documents fondateurs des études sur le tribut imposé par les Mexicas : la Matricula de Tributos (publiée comme numéro hors-série 12) et la seconde édition du Codex Mendoza. Elle expose les principaux produits demandés en tribut et explique leur (f)utilité pour la société mexica.

Suit l'historien Bernardo García Martínez qui démontre comment le modèle d'imposition créé par les Mexicas fut réutilisé judicieusement par les conquérants espagnols à leur avantage. Malgré de nécessaires adaptations, le système socio-politique et le découpage administratif préexistants furent des éléments non négligeables du "succès" de la fiscalité castillane, même si certains groupes furent exemptés.

La sociologue Alicia Barabas nous propose une vision contemporaine du tribut dans un court article sur le système de travail communautaire dans les populations indigènes actuelles, notamment dans la région d'Oaxaca. Cet aspect ethnographique peu connu du grand public nous montre les survivances du tribut de l'individu envers sa communauté.

Comme dans chaque numéro, on retrouvera certaines rubriques récurrentes. On retrouve ainsi une présentation du Codex Veytia par Xavier Noguez et la réflexion d'Eduardo Matos Moctezuma sur l'identité de la divinité sculpté le grand monolithe de Coatlinchan.

On notera enfin l'article de Leonardo López Luján, qui depuis sa retraite française, nous propose une nouvelle contribution sur l'histoire de l'archéologie mexicaine : il s'agit en l'occurence de nous présenter la première publication archéologique rédigée par l'Italien Claudio Linati sur des recherches effectuées sur l'Ile des Sacrifices.

[Mis à jour le 21/11/2013 : Suite à un courrier de lecteur, nous avons apporté quelques précisions dans le premier paragraphe pour éviter des confusions et de mauvaises interprétations. En aucun cas, nous ne remettons la capacité et l'intégrité du conseil éditorial de la revue Arqueología mexicana. Nous souhaitions nous faire l'avocat du diable.]

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