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Compte-rendu Arqueología mexicana 122

Dans le numéro 81 de la revue publiée en octobre 2006 par l'INAH, on pouvait découvrir les routes et chemins préhispaniques. Cette étude nécessaire pour comprendre les flux humains et commerciaux dans cette partie du monde trouve sept ans après sa suite logique dans un dossier spécial sur le commerce et les marchés préhispaniques, coloniaux et modernes. Effectuons un tour d'horizon des publications proposées.

On doit l'article introductif à Kenneth G. Hirth, co-éditeur de l'ouvrage Merchants, Markets and Exchange in the Precolumbian World. Dans un premier temps, il rappelle les différentes fonctions du marché précolombien. Si la fonction économique est évidente, il est en revanche moins connu comme un lieu informel de rassemblements et de réunions. Spécialiste de Xochicalco, Hirth revient sur la distribution et l'organisation du marché de cette cité. 

L'ethnohistorien Ross Hassig explique l'importance des pochtecas dans l'appareil impérial des Mexicas. Ils fournissaient autant certains biens de consommation courante que des biens réservés à la classe dirigeante. Il relativise également leur rôle d'espions en s'en tenant strictement aux événements rapportés par Sahagún. Il souligne aussi le rôle prépondérant de ce groupe sur le contrôle économique des villes et peuples tributaires de la Triple Alliance.

De son côté Miguel León-Portilla propose une lecture du Tonalamatl de los Pochtecas ou Codex Fejervary-Meyer en s'attardant sur les images de divinités des pochtecas. Il revient sur certains attributs des patrons des marchands et effectue un parallèle intéressant avec les marchands mayas et leurs divinités protectrices au Postclassique.

L'archéologue Amalia Attolini Lecón propose une cartographie des chemins, routes de cabotage, ports, sanctuaires-marché qui jalonnerait ainsi la zone maya. Elle met en exergue le rôle clé des marchands dans l'organisation de la société maya, servant de messagers, d'intermédiaires, de contrôleurs sur certains produits.

Son collègue Rafael Cobos s'intéresse également aux échanges commerciaux dans la zone maya pendant le Classique et le Postclassique avant de les recontextualiser dans un cadre macroculturel. 

L'anthropologue Francés Berdan évoque les différents systèmes d'échanges à l'époque préhispanique et pendant la Colonie. Dans un premier temps, elle rappelle les objets qui pourraient servir de monnaie. Si le cas des fèves de cacao est bien connu, il en existait différentes variétés si bien qu'on aboutissait à un système de valeurs plus complexe qu'il n'y paraissait. D'autres systèmes locaux comme celui des hachettes en cuivre au Michoacan ont existé. L'arrivée du système monétaire espagnol s'est naturellement intégré aux cultures locales, les deux systèmes fonctionnant ensemble dans un système monétaire intégré comme les différentes monnaies nationales au moment de l'introduction de l'euro.

L'historienne Enriqueta Quiroz revient pour sa part sur la refonte des marchés au moment de la Colonie. L'exploitation de l'argent et de l'or, la pénétration espagnole vers l'Occident et le Nord ont redéfini et augmenté le réseau commercial. Les foires, les marchés de céréales et de viandes, les boulangeries ont été introduits.

Pour fermer ce dossier Samuel Villela nous propose de voir l'évolution des marchés autochtones entre l'époque préhispanique et la notre. Son étude montre que la présence de marchés locaux et régionaux, lointains héritages, ont de beaux jours devant dans la mesure où une économie de marché fondée sur la production manufacturière industrielle ne pénètre pas ce tissu socio-économique.

Notez que dans la section de références bibliographiques et publications en relation avec le dossier, on peut observer la présence de l'ouvrage. Cependant sa disponibilité sur internet n'a pas été mentionnée.
Long, J., & Attolini Lecón, A. (2010). Caminos y mercados de México, Serie Historia general, UNAM : Instituto de Investigaciones Históricas. En ligne : http://www.historicas.unam.mx/publicaciones/publicadigital/libros/caminosymercados/mercados.html .

Je vous recommande cet article qui aurait eu sans nul doute sa place dans ce dossier thématique :
López Luján, L., & Olmedo, B. (2010). Los monolitos del mercado y el glifo tianquiztli. Arqueología mexicana, XVII(101), 19-21. 

Ce numéro 122 d'Arqueologia mexicana propose aussi une des dernières publications de Claude-François Baudez. Véritable touche-à-tout, il nous propose une réflexion sur la réutilisation de différents scupltures préhispaniques. Si sa réflexion s'attarde particulièrement sur le cas mexica, il propose également quelques exemples mayas qui ne sont pas forcément très étudiés et/ou diffusés. Habitué aux prises de positions qui peuvent fâcher, Baudez considère que la Pierre de Tizoc, son homologue du Palais de l'Archevêché et le monument peint. Il soutient au passage l'hypothèse selon le visage sculpté au centre du monument dit "Pierre du Soleil" est une représentation de Tlaltecuhtli, notamment en s'appuyant sur la présence des quatre autres Soleils antérieurs à celui du mouvement de la Terre.

D'autre part on lira avec grand intérêt le travail de Miguel Covarrubias et Rafael Burgos sur les recherches archéologiques effectuées à Dzilam González, petite localité du Yucatan. Nous avons la chance d'enregistrer un entretien radiophonique avec Miguel Covarrubias l'année dernière. Le gisement a été victime d'intenses pillages et de matériels réutilisés dans des constructions coloniales et postérieures. Le projet archéologique a établi une extension territoriale relativement importante d'Ah Kin Chel, bien au-delà de Dzilam González. L'occupation de Dzilam est relativement et remonte au Préclassique supérieure. La présence d'une architecture mégalithique montre le contrôle politique, économique et commercial jusqu'à la côte située à 11 kms. Les auteurs estiment que la première phase de leur projet a amplement atteint ses objectifs et offre de nouvelles perspectives pour de futures recherches.

Terminons par la rubrique de Xavier Noguez publié au début de ce numéro. Il revient cette fois sur un document conservé à l'Institut de recherches juridiques de l'UNAM : le Libro de Guardinanes y Gobernadores de Cuauhtinchan.

Voilà de quoi patienter avant de dévorer le prochain numéro de la revue qui proposera de nouvelles données archéologiques sur différents sites du Michoacan.




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