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Compte-rendu Arqueología mexicana 131

Pour bien commencer cette année 2015, il convient de parcourir tranquillement le dernier numéro de la revue de divulgation archéologique de l'INAH et de la maison d'édition Raíces. Les processions sont un des phénomènes religieux les plus anciens et les plus diffusés de l'humanité. Le Mexique a connu et connaît encore des manifestations régulières de ce rituel.

Susy Toby Evans lance le dossier thématique avec un article général indiquant les principales formes et fonctions des processions dans le Mexique. Ann Cyphers, spécialiste de la culture olmèque et enseignante-chercheuse à l'UNAM, propose une courte réflexion sur l'offrande 4 de la Venta, ensemble de figurines anthropomorphes en pierre verte, qui a récemment été restauré par l'équipe de Laura Filloy.

De son côté, l'archéologue et restaurateur Enrique González Licón revient sur les processions peintes dans la tombe 5 de Suchiquitongo. D'Oaxaca à Teotihuacan, c'est ce que nous propose Susy Toby Evans dans son article sur les processions représentées dans les peintures murales de certains complexes et leur lien avec l'eau et la fertilité, si clairement représentés dans la grande métropole mésoaméricaine du Classique.

Plus neutre dans son approche, l'anthropologue de l'Université de l'état d'Arizona et directeur du projet archéologique La Quemada Ben Nelson, préfère parler de déplacement rituel en Occident. Son propos met en parallèle les pélerinages et processions des actuels wixárika avec les vestiges archéologiques mis au jour sur le site de La Quemada. L'auteur estime que certaines structures de La Quemada constituait un "système de déplacement rituel de courte et longue distance".

L'objet de l'article rédigé à quatre mains para Elizabeth Jímenez et Robert Cobean reprend l'iconographie typiquement des banquettes des péristyles présent sur le site de Tula Xicotitlan : elle intègre notamment la figure-clé de guerriers en lieu et place des prêtres teotihuacains.

Tula est loin d'être un cas isolé : Chichen Itza au Yucatan reprend cette iconographie guerrière. Rafael Cobos, directeur du projet, et Lilia Fernández Souza, enseignante-chercheuse à l'Université Autonome du Yucatan inscrivent la tradition picturale des banquettes et reliefs scuptées de Chichen Itza dans un cadre spatio-temporel plus vaste. Ils mettent également en exergue les nombreux sacbé, qui facilitaient les processions à l'intérieur de la ville.

Enfin l'historienne de l'art Johanna Broda étudie le cas mexica en détaillant les principales processions et les lieux de pélerinage où se rendaient cette ethnie dans la Vallée de Mexico. Son intervention s'appuie notamment sur les informations publiées par Sahagun et Duran. Elle s'intéresse également aux processions effectuées lors de certaines dates précises (XIII Tepeílhuitl, II Tlacaxipehualiztli, VI Etzalcualitztli, XIV Quecholli et tentent de les mettre en perspective avec les preuves archéologiques)

En complément de ce dossier, on retrouvera la traditionnelle participation de Xavier Noguez : le chercheur du Colegio Mexiquense nous présente le Codex de Teotenantzin, document produit en 1746. De son côté, Eduardo Matos Moctezuma s'intéresse à une légende : Cortés a-t-il effectivement pleuré près de l'arbre de la Noche Triste ? Dans le cadre des archéologues mexicains dans le monde, Daniel Juárez Cossio nous propose un voyage au Guatemala et plus particulièrement sur le site de Rio Azul, situé dans le département du Petén. Le conservateur des collections mayas au Musée National d'Anthropologie décrit notamment les travaux de restauration qu'il a dirigés.

Un dernier article, rédigé par Ana García Barros et Manuel Parada López, propose une étude d'une croix en argent doré et en cristal de roche appelé Croix de l'autel de Palencia. Cet objet de culte catholique possède plusieurs éléments iconographiques qui trahissent son origine mexicaine : représentation de la montagne sacrée au lieu du Golgotha, glyphe de l'eau, image du Serpent à plumes...


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