C'est un véritable puzzle archéologique de plus de 8000 pièces que les restaurateurs de l'ENCRyM ont reconstruit en faisant preuve de beaucoup de méthode et de patience. Nul doute que de nombreux paquets d'aspirine et arrachages de cheveux ont dû accompagner le long, très long travail -deux ans de recherche et d'essais- de restauration.
Commençons d'abord par une peu d'histoire, en rappellant le contexte de découverte de cette pièce. C'est au cours de fouilles effectuées en 1998 dans la Structure III de Calakmul qu'une équipe d'archéologues dirigée par Sophia Pincemin a retrouvé la tombe d'un personnage ayant appartenu à la classe dirigeante de la ville. Différentes offrandes de céramiques et de jadéite accompagnait ce tapis, placé à la gauche du corps. Cela a permis de dater l'ensemble entre 375 et 450 de notre ère.
Commençons d'abord par une peu d'histoire, en rappellant le contexte de découverte de cette pièce. C'est au cours de fouilles effectuées en 1998 dans la Structure III de Calakmul qu'une équipe d'archéologues dirigée par Sophia Pincemin a retrouvé la tombe d'un personnage ayant appartenu à la classe dirigeante de la ville. Différentes offrandes de céramiques et de jadéite accompagnait ce tapis, placé à la gauche du corps. Cela a permis de dater l'ensemble entre 375 et 450 de notre ère.
Structure III, Calakmul, Campeche.
Classique ancien, culture maya.
Photo disponible le 5 août 2010 sur http://tinyurl.com/2dnot78
Selon David Carrasco, rapporté par le site Anth507, la structure III est certainement l'une des plus anciennes de Calakmul. Réalisée dans le style Petén, elle n'a jamais connu la moindre modification architecturale. Pour cette raison, Carrasco estime qu'elle aurait été le siège du plus ancien lignage de la ville.
Revenons maintenant au tapis découvert. Mesurant 1 mètre de long pour 25 centimètres de large, il a été patiemment rassemblé en 2008 et 2009 par la restauratrice Sofía Martínez del Campo Lanz qui travaille à l'ENCRyM. Sur le site de l'INAH, elle revient longuement sur cette expérience hors du commun. Elle énumère d'abord les différents matériaux utilisés pour concevoir cet objet : 6630 graines d'une plante sylvestre répondant au doux nom latin de Lithospermum sp (grémil en français); 1648 coquillages coupés appartenant à cinq espèces différentes de petites mollusques marins (Morum tuberculosum, Oliva reticularis, Oliva sayana, Marginella labiata et Marginella carnea). Elle explique comment les graines ont été vidées de leur amande avant d'être exposées au feu afin d'être durci. Ce sont Adrián Velásquez et la biologiste Belem Zúñiga, spécialistes des coquillages et chercheurs au Templo Mayor, qui ont identifié les espèces de coquillages.
Puis Martínez del Campo Lanz revient sur les différentes ébauches préliminaires de reconstitution du tapis et considèrent comment ce petit tapis représente les trois niveaux de l'univers maya, mais sur un plan horizontal. Les treize coquillages Oliva représenteraient ainsi le niveau céleste, encadré par les graines de grémil pour représenter ainsi le niveau terrestre, lui-même délimité par trois rangs de coquillages.
La pigmentation orangée, originalement rouge, du tapis frappe également. Selon la restauratrice, elle doit être liée au sacrifice, à la fertilité. Elle note d'ailleurs que deux groupes de coquillages d'Oliva ont été coupés et sculptés comme pour représenter des crânes et de visages humains. Cet ensemble est encadré par des coquillages de taille plus importante qui pourraient représenter un fleuve de l'inframonde.
Toutes intéressantes, les explications de la restauratrice ne sont que des hypothèses de travail. Mais elles offrent un éclairage intéressant sur un objet pour le moins insolite.
Voici le résultat, tout simplement stupéfiant !
Vue partielle du tapis funéraire, coquillages et graines.
Calakmul, Campeche, Classique moyen.
Photo retrouvée le 3 août 2010 sur : http://tinyurl.com/25yxg5d
Vous pouvez voir le tapis dans le cadre de l'exposition temporaire Rostros de la divinidad. Los mosaicos mayas de piedra verde qui débutera la semaine prochaine au Museo Nacional de Antropología, à Mexico. Il sera ensuite transféré à la salle maya du même musée pour une exposition permanente.
Références :
Même s'il est en anglais, le site Anth507 propose une description précise de Calakmul. Il propose une petite bibliographie intéressante.
Un autre site anglophone, Mayaruins, propose une carte interactive de Calakmul. Vous cliquez sur la flèche rouge indiquant une structure et vous avez une photo de celle-ci.
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