Accéder au contenu principal

Interview de Steve Radzi (1ère partie)

Comme promis il y a quelques jours, nous vous proposons l'interview de l'illustrateur anglais Steve Radzi. Steve met régulièrement en ligne des dessins sur son site Mayavision, géré par le webmestre Sushila Oliphant. Nous avions proposé à notre interlocuteur une série de questions par mail auxquelles il a bien voulu répondre. Son oeuvre rappelle celle de son glorieux compatriote Frederick Catherwood, qui accompagna John Lloyd Stephens dans ses explorations en Amérique centrale au XIXè siècle.

Cacalotl : "Bonjour, Steve ! Pouvez-vous vous présenter rapidement à nos lecteurs ?
Steve Radzi : Mon nom est Steve Radzi (Stefan Radziwillowicz). Je suis né à Devon, en Angleterre, de parents polonais. J'ai étudié l'illustration au Croydon College of Art, à Surrey. Après avoir obtenu mes diplômes, j'ai décidé de voyager.
J'ai passé presque deux ans, la plupart du temps en Extrême-Orient, dans cette magnifique aventure, griffonnant et illustrant le long du chemin.
Pendant ce temps, je me suis occupé d'une Ecole de Sculpture Hindu; à Mahabalipuram, dans le sud de l'Inde. C'est là que j'ai appris à dessiner le fameux Temple du Rivage, construit pendant la période Pallava (830-1100 après Jésus-Christ).


Temple du Rivage, Mahabalipuram, Inde.
Photo retrouvée le 4 septembre sur wikipedia, s.v. "Mahabalipuram".


C : "Sur votre site internet, vous expliquez avoir travaillé dans le domaine de l'animation et en particulier chez Hanna Barbera. Comment avez-vous le grand saut entre l'animation et des représentations réalistes de monuments ?"
SR : - Après mon retour en Angleterre en 1972, j'ai été recruté pour dessiner les décors pour un long-métrage animé intitulé The Hobbit. C'était le début d'une nouvelle carrière. J'étais réellement enthousiaste à l'idée de travailler dans ce domaine cependant j'étais plutôt lâche à l'idée de dessiner des personnages.
Un an plus tard, j'ai fini en Californie où j'ai travaillé dans l'industrie de l'animation. Finalement, j'ai été recruté par Hanna-Barbara pour travailler sur la série Yogi, une fois encore pour dessiner les décors. Par conséquent, le saut pour passer des décors pour l'animation au dessin de structures mayas ne fut pas si grand.

C : "L'Amérique centrale a été le creuset de nombreuses civilisations pendant plus de 3500 ans. Pourquoi avoir alors choisi les Mayas et pas les Olmèques, les Teotihuacains ou les Aztèques ?

SR : - J'ai beaucoup lu sur les Mayas avant en fait de visiter la grande ville de Tikal dans les années 1970. Bien que j'eûs déjà visité Monte Alban et Mitla auparavant, rien n'aurait pu être plus formidable que de grimper au sommet du Temple 1 de Tikal. Je suis tombé amoureux des Mayas. Même si j'ai voyagé ces dernières années à travers le Tabasco, en visitant des sites olmèques qui offrent peu à dessiner.

Vue de la place centrale de Monte Alban, Oaxaca.
Photo : B. Lobjois, mai 2002.

Le Veracruz est un bel état. Là, nous avons visité des sites totonaques comme Cempoala, Quiahuiztlan, réalisant quelques dessins du magnifique site d'El Tajin. Nous avons aussi visité Cacaxtla, un site aux peintures murales merveilleuses mais là encore, il y avait peu pour faire de l'illustration. Malheureusement un voyage à Teotihuacan, comme dirait mon épouse, reste en "arriéré".

Structure circulaire, Cempoala, Veracruz.
Photo : B. Lobjois, novembre 2004.


On doit aussi considérer que la zone Maya compte un grand nombre de sites facilement accessibles aujourd'hui et tous à de courtes distances les uns des autres. Louer un petit véhicule au Mexique a été notre choix pour voyager pendant de nombreuses années".


C : "Sur quels sites mayas avez-vous éprouvé le plus de plaisir et le plus de difficulté à dessiner ?
SR : - Un des sites que je préfère visiter et dessiner est Kohunlich, dans le sud du Quintana Roo. Un des plus difficiles est Tonina au Chiapas, étant donné que le site est posé sur un flanc de colline. Quand je dessine des structures sur différents sites, la lumière du jour est un sujet important.



Masque en stuc, Pyramide des Masques, Kohunlich, Quintana Roo.
Photo : Luyen, 2 janvier 2007. Retrouvée sur Wikipedia, s.v. "Kohunlich".

Si le ciel est terne et sombre, il est souvent difficile de voir les formes des vestiges et souvent l'utilisation de photographie prises sous différents angles va révéler des éléments que l'oeil nu ne peut voir. Plusieurs structures, à moins d'être recouvertes d'un plâtre blanc, sont la combinaison de gris tâchetés et peuvent être difficiles à rendre. Comme c'est le cas à l'arrière de la structure principale à Becan : je reste à ce jour complètement désorienté par l'apparence possible de cet édifice."



Structure IX, Becan, Campeche.
Photo : PhilippeN, septembre 2007. Retrouvée sur Wikipedia en espagnol, s.v."Becan".

A suivre : les dessins préférés de Steve Radzi. Vous pouvez retrouver la géolocalisation des sites mentionnés par Steve Radzi sur notre carte de Googlemaps.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir...

Inauguration de l'exposition Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor de Tenochtitlan

En 1958, un maçon visita l'ancien Musée national de la ville de Mexico pour faire don d'un masque préhispanique en bois qu'il avait trouvé lors d'un chantier dans le quartier de La Merced. Cependant, en retirant l'argile qui le recouvrait, le masque se brisa en deux et se désintégra complètement en raison de la perte d'humidité. Cette anecdote a été mentionnée par le directeur du Projet Templo Mayor (PTM), Leonardo López Luján, lors de l'inauguration de l'exposition "Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor". Inauguration de l'exposition Insignias de los Dioses. Photo : Luis Gerardo Peña Torres, INAH. L'exposition temporaire a lieu au Musée du Templo Mayor à Mexico. Elle présente 145 pièces archéologiques qui illustrent les avancées de la conservation en ce qui concerne le bois d'origine archéologique. En 2008, la restauratrice Alejandra Alonso Olvera a introduit une technique japonaise consistant à remplacer progressiv...
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu...