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Compte-rendu Arqueología mexicana 153

Alors que le vingt-cinquième anniversaire de la revue copubliée par l'INAH et Editorial Raíces sera prochainement fêté dans un hors-série de haut-vol, retour aux affaires courantes avec un nouveau numéro presque entièrement consacré à l'état de Morelos et à ses multiples cultures. De Chalcatzingo à Yauhtepec ou Tepozteco en passant par Zazacatal ou Xochicalco, ce numéro nous propose un panorama archéologique et historique bien actualisé, sous la direction de Mario Cordova Tello, archéologue du Centre INAH  Morelos.






















L'axe d'exploration est principalement diachronique. Après un article qui présentent les principales phases d'occupation de cet état du centre du Mexique et l'histoire de l'archéologie, on voir se succéder des articles qui reprennent la diachronie bien connue des curieux et des professionnels de l'archéologie mexicaine. En premier lieu, David Grove, archéologue américain et chercheur émérite de l'Université d'Illinois, revient sur les connaissances accumulées pendant 80 ans sur le site préclassique de Chalcatzingo. Non content de décrire les principaux monuments sculptés, l'auteur bat en brèche l'hypothèse qui identifie ce site à une émulation des Olmèques ou un épiphénomène olmèque. Il préfère y voir, comme Teotihuacan bien plus tard, un centre cosmopolite qui interagit avec d'autres centres régionaux. Un autre site du Préclassique présenté pour la première dans cette revue, c'est Zazacatla. Situé à quelques 16 kms de Cuernavaca, Zazacatla fut découvert récemment, en 2006. Construit sur des étendues fertiles qui facilitaient la sédentarisation, Zazacatla reprend aussi un code iconographique semblable à ceux observés à Chalcatzingo mais possède des éléments appartenant à d'autres cultures, comme le propose Giselle Canto Aguilar.

Juan Pablo Sereno Uribe décrit les possibles influences de Teotihuacan pendant le Classique. C'est surtout au travers de l'iconographie présente dans la céramique, la peinture murale, l'architecture et la sculpture que cette présence est identifiable. L'article ne s'attarde guère sur un site en particulier, au grand dam du lecteur.

Pendant l'Épiclassique, c'est le site de Xochicalco qui domina la région. Impliqué dans de nombreuses recherches sur les différentes interactions de ce site avec d'autres villes dans le centre du Mexique, Kenneth Hirth nous explique les différentes phases d'occupation du site, son organisation fortifiée témoignant d'un militarisme propre à cette période. Mais le professeur de l'Université Penn State revient aussi longuement sur les significations possibles de son iconographie complexe et multiple.

En ce qui concerne le Postclassique, deux sites sont présentés. Le premier, Yautepec, a été fouillé partiellement par Michael E. Smith, chercheur à l'Université d'Arizona. Il expose ainsi les résultats de ses fouilles d'archéologie domestique, dimension peu couverte dans les sites sus-mentionnés. À ce titre, Yautepec a permis de contraster les objets rencontrés dans les maisons communes et les maisons nobles. Le second, Tepozteco, est présenté par Elvira Pruneda mais dans une perspective très différente: il s'agit d'histoire de l'archéologie mexicaine. 

Enfin Druzo Maldonado Jiménez s'intéresse à l'organisation politique et territorial du Morelos à partir de l'invasion espagnole et l'apparition de nouvelles entités comme le Marquisat del Valle, la alcadía mayor de Cuernavaca, les haciendas sucrières et la fondation de juridictions religieuses confiées aux franciscains et aux dominicains.

C'est d'ailleurs ce Marquisat que Bernardo García Martínez, professeur au Colegio de México, décrit dans un article fouillé, sa formation et son évolution pendant un peu plus de deux siècles.

Parallèlement à cette frise historique plus ou moins détaillée, on lira avec intérêt la publication d'archéoastronomie préparée par Ruben Morante, Silvia Garza Tarazona et Mauricio Valencia Escalante. Après exposé les précédentes recherches en la matière Morante et ses collègues contextualise la construction de la chambre des observateurs. Ils exposent ensuite les résultats de leurs observations faites avec des disques en céramique retrouvés à proximité de la chambre. Si deux ont pu être intégralement restaurés, onze autres restent dans un état fragmentaire. Positionnés sur la partie extérieure de la cheminée à des dates précises, ils sont perforés par des origines de tailles et de positions différentes, de telle manière que la lumière solaire qui les frappe permettait de mesurer le temps.

Mais commençons cette lecture critique par les rubriques habituelles. Tandis que le Dr. Noguez délaisse chroniques et codex pour les peintures murales de la cathédrale de Cuernavaca, Eduardo Matos Moctezuma s'interroge sur la place des femmes dans la société aztèque à travers une affaire que dût juger Nezahualcoyotl. 

En complément de ce dossier, le lecteur pourra s'intéresser à un article tenant à la fois de l'archéologie et de l'iconographie pariétale. En effet, Martha Cabrera Guerrero nous invite à explorer les grottes de Juxtlahuaca, Guerrero, et à réfléchir sur les possibles significations des peintures murales qui les ornent. L'auteure établit notamment un lien singulier entre la possible représentation olmécoïde d'un mythe dieu du maïs en différentes stations depuis le fond des grottes vers l'ouverture principale.

Marx Navarro Castillo y Hector Neff présentent les objectifs et les premiers résultats du Proyecto Arqueológico Costa del Soconusco, situé dans le sud-est du Chiapas, à la frontière avec le Guatemala. Partant des origines du projet, ils détaillent ensuite le catalogage des structures effectué au moyen du LIDAR, d'un radar de pénétration et d'un magnétomètre, isolant notamment la zone de production de céramiques dites Plomiza.

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