Après nous avoir proposé un dossier très fouillé et varié sur l’amarante, la revue co-publiée par l’INAH et l’éditeur Raíces se sont penchés sur l’archéologie et l’histoire d’un des plus petits états mexicains, celui qui a conservé presque les mêmes frontières qu’il possédait avant l’arrivée des Espagnols : Tlaxcala.
Ce dossier est présenté de manière chronologique. Aleksander Borejsza nous propose un état des lieux sur le Tlaxcala préhispanique en insistant sur la destruction toujours plus prononcée des contextes archéologiques en raison des activités humaines, agricoles notamment.
David Carballo, professeur assistant à l’Université de Boston, revient pour sa part sur les principaux centres régionaux apparus au Tlaxcala entre le Préclassique et l’Épiclassique. Il explique notamment la nature de la sédentarisation des différent groupes ayant peuplé la région. Parmi les exemples détaillés par le chercheur figurent le site de La Laguna et le complexe Xochitécatl-Cacaxtla-Nativitas. Il recontextualise également ces lieux dans une interaction régionale avec Teotihuacan, Cholula et Cantona.
Aurelio López Corral, Lane Fargher et Ramón Santacruz Cruz expliquent en quoi consistait la “république de Tlaxcala”. Les auteurs utilisent différents chroniques et documents pour élaborer une carte des migrations des Teochichimèques et une autre des alliés de Tlaxcala. Ils discutent également l’organisation sociale complexe et relativement distincte de leurs voisins mexicas. Il s’agit d’un gouvernement partagé entre les seigneurs ayant pu établir un teccalli ou maison noble, notamment en raison des mérites obtenus au combat. Les auteurs préfèrent reprendre l’expression de confédération tlaxcaltèque dans la mesure où les groupes otomis prenaient part également aux décisions. Cela explique l’absence notable de portraits de dirigeants tlaxcaltèques, excepté ceux qui trouvèrent un accord avec les conquérants espagnols.
Enrique Martínez Vargas, chargé de l’exploration et de la conservation des zones archéologiques de l’Ouest du Tlaxcala, propose un long résumé des fouilles effectuées à Zultepec-Tecoaque. Ce site présente la particularité d’avoir été le siège d’événements (presque) passés sous silence par les conquérants espagnols. Un groupes d’espagnols et leurs esclaves d’origine africaines furent pris en otage par les autochtones. Plusieurs figurines, une sculpture et d’autres objets indiquent la présence possible d’un clerc dans cette caravane et semblent prouver un travail d’évangélisation.
La chercheuse néerlandaise Florine Asselbergs résume sa thèse doctorale sur la participation des Tlaxcaltèques : il s'agit encore une fois de rompre avec certains paradigmes. Quand bien même on connaît la participation de ce groupe à la conquête de Tenochtitlan, on oublie qu'il a systématiquement participé aux différentes batailles aux quatre coins de ce qui allait constituer la Nouvelle Espagne et au-delà, De la Floride à la Californie au Nord et jusqu'au Nicaragua au sud.
En ce qui concerne Tlaxcala à l’époque vice-royale, l’historienne Andrea Martínez Baracs explique comment les faveurs royales et les traitements réservés aux autochtones furent confrontés à des problèmes d’ordre démographiques. Comme dans d’autres parties de la Colonie, les frères franciscains comme Gerónimo de Mendieta ou Toribio de Motolinia ou des nobles métisses comme Diego Muñoz Camargo appuyèrent le maintien des structures politiques originelles. C’est finalement une décision de l’évêque de Puebla Juan de Palafox qui affaiblit le pouvoir des franciscains en autorisant la remise des sacrements à l’église diocésaine. Cependant Saint François d’Assise a continué de prévaloir dans les fêtes, rituels, processions et confréries. Tlaxcala dispose également d’un riche patrimoine architectural religieux, partagé baroque et baroque estipite.
Lienzo de Tlaxcala, 1552. En lînea el 08/06/2016: https://es.wikipedia.org/wiki/Archivo:Lienzo_de_tlaxcala_full_SD.jpg |
L’auteur du dernier hors-série sur le Codex de Dresde, Erik Velásquez García, réfléchit à la présence épigraphique du titre K’uhul Chatanh winik. Avec Ana Garcia, ils expliquent l’ancienneté et la répétition de ce titre, notamment présente sur des vaisselles ou apposé au nom du sculpteur de la stèle 51 de Calakmul. Car c’est de cette ville qu’est originaire cette lignée dirigeante. Mais on le retrouve à la même époque à Río Azul, à Tikal, sur un panneau hiéroglyphique, ou sculpté sur un crâne de pécari dans la tombe 1 de Copan au Honduras.
Dans les chroniques habituelles, nous retrouvons Xavier Noguez qui nous présente le Codex de Coyoacan, document à caractère juridique peint et rédigé entre 1553-1554. De son côté Eduardo Matos Moctezuma revient sur l’existence de personnages hybrides.
En parallèle du dossier Tlaxcala, on pourra le travail très intéressant de Patrick Johansson, historien à l’UNAM, sur le mythe de Quetzalcoatl. Sa relecture de la vieillesse, de la mort et de la renaissance cherche à réconcilier le mythe avec le récit des funérailles des dirigeants toltèques et plus tard des tlatohque mexicas. L’élément clé réside dans la fuite de Quetzalcoatl qui aurait lieu dans l’inframonde, Cholula devenant un espace symbolique comme le Tlillan Tlapallan.
D’autre part, José Humberto Medina y Baudelina García proposent un voyage dans le temps et nous racontent les premières explorations archéologiques effectuées par Manuel Gamio sur le site Zacatecas d’Alta Vista. Celui qui devint l’archéologue de la Révolution mexicaine a été au centre d’un imbroglio impliquant le secrétaire à l’éducation publique, Justo Sierra, et l’inspecteur général des monuments historiques, Leopoldo Batres.
Sala de las columnas, Altavista, Zacatecas. En línea, el 08/06/2016: http://www.inah.gob.mx/es/boletines/2717-muestra-de-arqueologia-en-zacatecas-en-el-muref |
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