Il y a deux ans, des archéologues subaquatiques de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) ont découvert une pirogue monoxyle à l'intérieur d'un cénote, dans le cadre des travaux de sauvetage archéologique menés par le Secrétariat à la Culture du gouvernement mexicain dans le cadre du projet du Train Maya.
Lors du 12e Congrès international des Mayanistes, qui s'est tenu le 28 juin 2023 et organisé par l'Institut de Recherches Philologiques de l'Université Nationale Autonome du Mexique, des spécialistes ont émis l'hypothèse d'une utilisation rituelle de l'ancienne embarcation, sur la base d'études préliminaires réalisées dans des laboratoires au Mexique et à l'étranger.
Selon Helena Barba Meinecke, responsable du Bureau de la Péninsule du Yucatán de la Sous-direction de l'Archéologie Subaquatique (SAS) de l'INAH, les plongées effectuées depuis octobre 2021 dans le cénote de San Andrés, nommé d'après le site archéologique où se trouve le système karstique, ont permis de réaliser des modèles 3D de la pirogue et de préciser ses dimensions : 2,15 mètres de longueur, 45 centimètres de largeur et 36,5 centimètres de hauteur.
Au cours de l'exploration de la cavité où la pirogue a été trouvée, des échantillons de bois de l'embarcation et des restes osseux découverts autour ont été prélevés, selon les archéologues. Jusqu'à présent, 38 restes osseux correspondant à sept individus de différentes espèces animales ont été identifiés : tatou, dinde, chien et aigle. De plus, un reste humain, associé à un os métatarsien du pied gauche d'une femme adulte, a également été reconnu.
La prédominance des os de tatou et la présence du métatarse humain conduisent les experts à théoriser sur l'utilisation rituelle de la pirogue et son placement dans la grotte avant qu'elle ne soit inondée.
D'une part, les restes de tatou, dont la capacité natatoire leur permet de retenir leur respiration et de traverser des plans d'eau en s'accrochant au sol avec leurs griffes, pourraient être une allusion à l'entrée de cet animal dans l'inframonde, en tenant compte de la conception maya des grottes inondées, semi-inondées et des cénotes en tant que portails vers cet espace cosmogonique.
De plus, selon Alexandra Biar, des images de céramiques mayas représentent cet animal comme un "tabouret des dieux", avec des personnages posant leurs pieds sur lui, ce qui serait directement lié à l'évidence archéologique observée dans le cénote.
Tant Biar que Gallegos soulignent que l'utilisation rituelle de la pirogue est également soutenue par sa morphologie même, car avec sa proue et sa poupe très lourdes, sa capacité de navigation aurait été limitée dans des eaux plus dynamiques. Cela ne fait que renforcer l'hypothèse selon laquelle elle aurait été créée à des fins symboliques.
Les analyses au carbone 14 effectuées sur le bois de la pirogue, en collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique de France (CNRS), ont révélé que le matériau organique remonte au XVIe siècle, et non à la période du Terminal Classique (830-950 après J.-C.) qui prédomine sur le site archéologique de San Andrés.
Cependant, les spécialistes ont souligné que les études réalisées sur l'eau du cénote, au Cinvestav Unidad Mérida, avec le soutien de la chercheuse Dalila Aldana Aranda, ont révélé des concentrations de microplastiques qui pourraient avoir une incidence sur les datations. C'est pourquoi de nouvelles plongées sont prévues afin de prélever des échantillons supplémentaires de bois et de matériel osseux du contexte submergé.
Il convient de souligner que la pirogue maya est étudiée in situ, conformément aux protocoles de conservation édictés par la Convention de 2001 de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) sur la protection du patrimoine culturel subaquatique.
En conclusion, cette découverte de la pirogue monoxyle dans le cénote San Andrés ouvre de nouvelles perspectives sur la compréhension des pratiques rituelles mayas et de leur relation avec les cours d'eau. Les éléments tels que les restes osseux d'animaux, les caractéristiques morphologiques de l'embarcation et les preuves iconographiques renforcent l'hypothèse d'une utilisation rituelle de la pirogue et de son placement symbolique dans la grotte. Les recherches en cours continueront d'approfondir notre connaissance de cette civilisation fascinante et de son lien intime avec les éléments naturels qui les entourent.
Pour mieux comprendre l'importance des systèmes de navigation préhispanique, regardez cet entretien qu'a donné Alexandra Biar et disponible sur Canal-U.
Références bibliographiques :
Arqueología mexicana, 174. Tecnología náutica mesoamericana. Por ríos, lagunas y mares: el arte de la navegación en México. Editorial Raíces.
Bulletin 410 de l'Institut Nacional d'Anthropologie et d'Histoire.
Biar, A. (2017). Prehispanic Dugout Canoes in Mexico: A Typology Based on a Multidisciplinary Approach. Journal of Maritime Archaeology, vol. 12, no 3, p. 239-265.
Texte élaboré par ChatGPT, relu, corrigé et adapté par l'auteur de ce carnet.
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