Accéder au contenu principal

L'une funéraire 26 de Comalcalco ou comment faire du neuf avec du vieux.

Il y a onze ans, une équipe d'archéologues découvraient une urne funéraire enroulée dans un linge rouge à Comalcalco, zone archéologique située dans l'état de Tabasco. 



Appelée Urne funéraire n°26, elle reposait dans la façade du Temple II de ce site (Armijo Torres et alii, 2006 : ill.1 ; Navarrete, 1967) tête-bêche, sur les restes d'un adulte de sexe masculin. Le squelette, incomplet et désarticulé était accompagné d'une offrande comportant quatre-vingt-dix morceaux de coquillage, dont trente-quatre avec des cartouches de quatre à six glyphes. Trente aiguillons de raie mantas faisaient partie du mobilier funéraire dont vingt-cinq ont des cartouches de six à vingt-deux glyphes.


Vue générale de la Zone archéologique de Comalcalco, Tabasco.
Photo de Miguel Marn, disponible le 30 décembre 2009 sur :

Les archéologues ont récupéré aussi des morceaux de pyrite, sept pendentifs en serpentine, en jadéite et en nacre, soixante-douze perles, cinquante-deux dents de requins perforées, une excentrique en silex, deux noyaux en obsidienne noire, neuf lames en obsidienne grise, sept poinçons réalisés à partir de queues de raies. L'intégralité de l'offrande était recouverte de cinabre rouge, ce minéral rouge toxique lorsqu'il est ingéré, notamment par voie aérienne (Armijo Torres, 2008).

Pour Armijo Torres, directeur du Proyecto Arqueologico Comalcalco, les glyphes ont une forte connotation religieuse et révèle le nom de la personne enterrée sous l'urne. Il s'agirait d'un certain Aj Pakal Than, "Seigneur du feu". Les rituels d'auto-sacrifices annuels qu'il a effectués durant quatorze ans sont ainsi répertoriés à partir de la date en Compte long 9.17.0.0.7, 7 Manik, 0 Pop qui correspond au 31 janvier 771 après Jésus Christ.


Lecture des glyphes.
Epine sacrificielle retrouvée dans l'urne funéraire de Comalcalco, Tabasco.
Aiguillon de raie manta sculpté. Classique.
Dimensions : 25 x 13 mm ; 2 mm d'épaisseur.
Photo retrouvée le 30 décembre 2009 sur http://www.arqueomex.com/images/FOTOSNUM91/pieza91.jpg 

Ce cliché montre que l'information a été déjà présentée rapidement sur le site internet de la revue Arqueología Mexicana.

L'INAH a récemment publié le début du déchiffrement des 260 glyphes présents dans cette offrande, en le présentant comme le texte maya le plus long. Immédiatement la machine médiatique de Discovery Channel a suivi, présentant cette information comme une découverte très récente. L'information a été reprise en espagnol sur le site du journal El Heraldo de Tabasco et d'autres médias sur internet, notammant la liste Aztlan. Pourtant, comme on peut le constater dans les références, cette "découverte" n'en est pas vraiment une dans la mesure où Ricardo Armijo avait déjà publié des avancées significatives sur le contenu de cette urne.

Sur la liste Aztlan, une petite polémique apparaît. L'épigraphiste Elaine Schele remet en outre en cause la crédibilité et les incohérences de l'article de Discovery Channel, mais également de la thèse d'Armijo Torres en ce qui concerne une association entre ajaw, "roi" en maya, et la fonction de prêtre qui normalement était distincte de l'ajaw. Sa collègue Karen Bassie traduit ajaw comme "vassal", ce qui changerait complètement la signification de l'urne.
Références bibliographiques :Armijo Torres, Ricardo

1999. "Nuevo hallazgo en Comalcalco". In Arqueología Mexicana, VII, num. 37, Editorial Raíces-INAH, México, p. 71-72.

2008. "Espina con inscripción de Comalcalco, Tabasco". In Arqueología Mexicana, vol. XVI, num. 91, p. 16-17. Version numérique disponible le 30/12/2009 sur http://www.arqueomex.com/S2N3nPIEZA91.html .

Armijo Torres, Ricardo y Socorro Jiménez Álvarez
2006. "Ofrendas y ceremonias a la fertilidad durante el Clásico en Comalcalco, Tabasco". En XIX Simposio de Investigaciones Arqueológicas en Guatemala, 2005, J.P. Laporte, B. Arroyo y H. Mejía (éds.), Museo Nacional de Arqueología y Etnología, Guatemala, pp.450-454. (version digital; fichier pdf).

Armijo Torres, Ricardo, Miriam J. Gallegos y Marc U. Zender
2000a. "La urna funeraria de Aj Pakal Than, un sacerdote del siglo VIII en Comalcalco, Tabasco, México". In Temas Antropológicos 22 (2), FCA-Universidad Autónoma de Yucatán, México, p. 242-253.

2000b. "Urnas funerarias, textos históricos y ofrendas en Comalcalco". In Los Investigadores de la Cultura Maya, 8 (2). Universidad Autónoma de Campeche, México, p.312-323.

2001. "Vida y obra de Ah Pakal Than, un sacerdote del siglo VII en Comalcalco, Tabasco, México". In Los Investigadores de la Cultura Maya, 9 (2), Universidad Autónoma de Campeche, México, p. 118-123.

Navarrete, Carlos.
1967. "Los ladrillos grabados en Comalcalco, Tabasco". In Boletín del INAH 27, México.  

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Arqueologia Mexicana n°99

Avec le titre "De la crónica a la arqueología: visión de cinco ciudades prehispánicas", l'editorial propose une levée bimestrielle un peu moins rutilante que son précédent numéro sur Moctezuma. En même temps, il est difficile de faire plus fort que celui qui reste une figure importante de l'identité mexicaine. Faisons donc un rapide tour du propriétaire. Après les quelques brêves rappelant les fouilles à Chichen Itza, la restauration de la petite pyramide ronde du métro Pino Suarez ou la sortie du catalogue de l'exposition Moctezuma. Azteca Ruler, co-édité par Leonardo Lopez Lujan et Colin Mc Ewan, on peut lire l'hommage rendu par Eduardo Matos Moctezuma au Dr Miguel Leon-Portilla pour les 50 ans de la publication Visión de los Vencidos: relaciones indigenas de la Conquista . Suit une présentation du Codex Ixtlilxóchitl par Manuel Hermann Lejarazu. Le titre de ce document fait référence à son illustre propriétaire, Fernando de Alva Ixtlilxochitl (1578
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu

Conférence au Musée d'Histoire Mexicaine de Monterrey

Un peu de pub pour notre chapelle. Après-demain, votre serviteur aura l'honneur de participer pour la troisième année consécutive aux Cuartas Jornadas de Estudios Mexicanos, organisées par l'Universidad de Monterrey au Museo de Historia Mexicana, dans le centre-ville de la Sultana del Norte. Au programme cette année, il sera question du "Passé préhispanique aux temps du Porfiriat et de la Révolution". Il s'agit simplement de présenter à un public non-spécialiste comment s'est forgée l'identité nationale mexicaine au moment du pouvoir autocrate de Porfirio Diaz en 1884 et 1910. Au delà de la redécouverte et de la réappropriation du passé préhispanique, on expliquera notamment la systématisation des études archéologiques et anthropologiques à cette époque. Je cherche d'ailleurs une revue pour publier la version de l'article que j'ai rédigé pour l'occasion. Si vous avez des contacts, envoyez-moi un courriel. Au pire des cas, j'utiliserai