Je prépare actuellement une note qui résume différentes interprétations du Teocalli de la Guerre Sacrée, présenté au début de l'exposition Moctezuma II, au Museo del Templo Mayor.
Parmi les références bibliographiques que j'ai pu consulter ou retrouver sur la Toile, j'ai longuement lu un article de Michel Graulich, "Reflexiones sobre dos obras maestras del arte azteca: la Piedra del Calendario y el Teocalli de la Guerra Sagrado", publié en 1997 dans l'ouvrage De Hombres y Dioses. Dans notre précédente note, nous vous avions expliqué que cet ouvrage, placé sous la coordination de Xavier Noguez y Alfredo Lopez Austin, était entièrement et gratuitement disponible sur le site du Colegio Mexiquense.
Et puis, en consultant les références employées par Graulich, je suis tombé sur un article rédigé en 1899 par Henri Hubert et Marcel Mauss et publié en 1899 dans la revue L'année sociologique, 2, pp. 29-138. Intitulé : "Essai sur la nature et la fonction du sacrifice". A vrai dire, Graulich fait mention de sa version anglaise publiée en 1966 par l'Université de Chicago. Toujours est-il qu'un professeur de l'Université de Chicoutimi au Québec, en a proposé une version électronique, disponible en cliquant ici.
Les travaux de Mauss sont essentiels pour l'histoire comparée des religions ou des civilisations. Si certains éléments peuvent paraître dépassés, d'autres idées sont en revanche complètement applicables à nos études. Graulich a notamment repris les concepts de "sacrificateur", de "sacrifiant" et de "sacrifié" qui répondent justement à la perception et à la réalisation du sacrifice chez les Aztèques. Je ne saurai donc que trop vous recommander cet article.
En revanche, je suis beaucoup plus sceptique sur un ouvrage, autrement plus récemment proposé par Nicolas Grimal, professeur au Collège de France. Son livre Le sacrifice humain en Egypte ancienne et ailleurs, publié chez Soleb, pose problème. Certes il n'est pas correct de préjuger de la qualité d'un texte sans l'avoir lu intégralement, néanmoins le traitement du sacrifice humain laisse craindre le pire. Voici le résumé qu'on peut trouver sur la page de l'éditeur SOLEB :
Il semblerait que le sacrifice aztèque - par ailleurs le seul type de sacrifice traité en Mésoamérique alors qu'il s'agissait d'un rituel pratiqué dans toute cette partie du monde - soit intimement attaché au pouvoir, donc au politique et au temporel. Mais plus encore, le sacrifice humain mésoaméricain trouve ses racines dans la recréation d'une mythologie où l'humanité est l'énergie qui permet le fonctionnement de la machine céleste. Espérons que Grimal ait pu consulter d'autres formes d'interprétations. Car comme l'a très bien montré Graulich dans l'article susmentionné, le sacrifice humain chez les Aztèques ne peut se passer de la compréhension d'éléments symboliques, artistiques, archéologiques et religieux. Qui plus est, il était pratiqué à tous les degrés de l'échelle sociale.
Parmi les références bibliographiques que j'ai pu consulter ou retrouver sur la Toile, j'ai longuement lu un article de Michel Graulich, "Reflexiones sobre dos obras maestras del arte azteca: la Piedra del Calendario y el Teocalli de la Guerra Sagrado", publié en 1997 dans l'ouvrage De Hombres y Dioses. Dans notre précédente note, nous vous avions expliqué que cet ouvrage, placé sous la coordination de Xavier Noguez y Alfredo Lopez Austin, était entièrement et gratuitement disponible sur le site du Colegio Mexiquense.
Et puis, en consultant les références employées par Graulich, je suis tombé sur un article rédigé en 1899 par Henri Hubert et Marcel Mauss et publié en 1899 dans la revue L'année sociologique, 2, pp. 29-138. Intitulé : "Essai sur la nature et la fonction du sacrifice". A vrai dire, Graulich fait mention de sa version anglaise publiée en 1966 par l'Université de Chicago. Toujours est-il qu'un professeur de l'Université de Chicoutimi au Québec, en a proposé une version électronique, disponible en cliquant ici.
Les travaux de Mauss sont essentiels pour l'histoire comparée des religions ou des civilisations. Si certains éléments peuvent paraître dépassés, d'autres idées sont en revanche complètement applicables à nos études. Graulich a notamment repris les concepts de "sacrificateur", de "sacrifiant" et de "sacrifié" qui répondent justement à la perception et à la réalisation du sacrifice chez les Aztèques. Je ne saurai donc que trop vous recommander cet article.
En revanche, je suis beaucoup plus sceptique sur un ouvrage, autrement plus récemment proposé par Nicolas Grimal, professeur au Collège de France. Son livre Le sacrifice humain en Egypte ancienne et ailleurs, publié chez Soleb, pose problème. Certes il n'est pas correct de préjuger de la qualité d'un texte sans l'avoir lu intégralement, néanmoins le traitement du sacrifice humain laisse craindre le pire. Voici le résumé qu'on peut trouver sur la page de l'éditeur SOLEB :
Il (entendez le sacrifice) est aussi un fait de civilisation dans le monde aztèque dans le cadre d'une théâtralité du pouvoir à travers laquelle il doit impérativement se donner à voir".
Il semblerait que le sacrifice aztèque - par ailleurs le seul type de sacrifice traité en Mésoamérique alors qu'il s'agissait d'un rituel pratiqué dans toute cette partie du monde - soit intimement attaché au pouvoir, donc au politique et au temporel. Mais plus encore, le sacrifice humain mésoaméricain trouve ses racines dans la recréation d'une mythologie où l'humanité est l'énergie qui permet le fonctionnement de la machine céleste. Espérons que Grimal ait pu consulter d'autres formes d'interprétations. Car comme l'a très bien montré Graulich dans l'article susmentionné, le sacrifice humain chez les Aztèques ne peut se passer de la compréhension d'éléments symboliques, artistiques, archéologiques et religieux. Qui plus est, il était pratiqué à tous les degrés de l'échelle sociale.
Commentaires
Apres tout, tous les grands actes religieux des temps passes, leur theatralite, n'etaient-ils pas des moments ou le pouvoir en profitait pour "se donner a voir" ?
La volonté de M. Grimal de resituer le sacrifice humain égyptien dans une perspective universelle est louable et intéressante. Mais dans la pratique, il convient d'être très prudent.
L'historien mexicain Enrique Florescano avait proposé de rapprocher le Quetzalcoatl mésoaméricain d'autres divinités de la fertilité. Mais parler de pouvoir lorsqu'on lit les descriptions de sacrifices humains sur les champs de bataille de la Guerre Fleurie, on voit bien que leur but premier n'était pas de théâtraliser le pouvoir, sinon de recréer un mythe.
En fait je faisais principalement allusions aux grands actes religieux en général, quand la foule était témoin des cérémonies guidées par un grand prêtre, sinon par le souverain lui-même.
Les choses ont d'ailleurs évolué ensuite dans l'histoire mais il en est reste quelque chose, le religieux se faisant le relais du pouvoir.
La Mésoamérique est très distincte d'autres cultures qui nous sont plus familière. Le religieux, le mythologique et le pouvoir y sont étroitement imbriqués, tellement que la validation du "pouvoir" ne se fait que par répétition du mythique par le biais du religieux.
Tout dépend en fait de la signification qu'on donne au "pouvoir". En Mésoamérique, il est différent de notre conception judéo-gréco-romano-chrétienne...