Accéder au contenu principal

Découverte d'une tombe à puits à Villa de Alvárez, Colima

À quelques encablures du Volcan du Feu, une équipe d'archéologues dirigée par l'architecte Marco Zavaleta a fait une découverte intéressante dans le cadre d'une campagne de fouilles de sauvetage dans la commune de Villa de Alvárez. Inventeur d'une tombe à puits l'an dernier riche des ossements de 35 individus, il a récemment dégagé une unité de fouilles qui compterait pour l'heure les restes osseux de 2 ou 3  adultes. Dans les deux cas, les contextes archéologiques n'avaient souffert aucun pillage, permettant ainsi un meilleur registre d'artefacts et d'écofacts. Les tombes à puits sont en effet la cible des pilleurs de tombes qui traînent entre les états du Jalisco, du Zacatecas, du Colima et les pièces qu'elles peuvent contenir sont particulièrement recherchées sur le marché noir de l'art.

Dans le cas qui nous concerne, les fouilles ont permis d'extraire six vases en terre cuite de différentes tailles, un tecomate et surtout une figure haute environ de 50 cm représentant un personnage rituellement brisé au moment de son dépôt. Avant de pouvoir récupérer ses objets que nous détaillerons ultérieurement, il convient de rappeler que l'accès à la tombe était scellé par cinq metates, ces ustensiles qui servent encore aujourd'hui dans certaines communautés à moudre le maïs.

Après avoir retiré un remblais d'1,5 m, les archéologues ont atteint la chambre mortuaire originalement utilisée pour cette tombe à puits : sa voûte atteint 2 m de diamètre et repose sur un savant empilement de pierres volcaniques appelés tepetate. Ce type d'architecture funéraire n'est guère courant parmi les tombes à puits.

Les fouilleurs se sont rendus que les ossements du ou des individus originalement enterrés avait été déplacés pour y déposer un autre corps plus tard. Ce genre de pratique funéraire est également connu des archéologues et laissent penser que ces tombes pouvaient être réutilisés dans le cadre de funérailles d'individus appartenant à un même clan.

Les six récipients sont soumis actuellement à différentes analyses archéobotaniques et archéobiologiques afin de déterminer l'existence de substances organiques et végétales à l'intérieur. Des dents de canidés ont également retrouvés : il ne faut pas s'en surprendre puisque nous avons eu déjà l'occasion de commenter que les chiens et autres canidés domestiqués pouvait avoir un rôle psychopompe au moment d'être déposés avec les humains dans la tombe. Des os d'enfants et de canidés ont également été observés à l'extérieur de la tombe.

La figurine anthropomorphe pourrait être celle d'un chaman, hypothèse peut-être un peu forcée, d'autant que les éléments iconographiques laissent dubitatifs. En revanche, selon l'anthropologue Rosa María Flores, il ne fait aucun doute que le groupe qui a enterré ses morts à cet endroit pratiquait la déformation crânienne tabulaire, droite ou oblique. CEs différents éléments permettent notamment de dater relativement cet ensemble funéraire entre 0 et 600 de notre ère, correspondant ainsi à la phase dite Comala.

Preuve que les techniques de fouilles se modernisent et se généralisent : sur ce chantier, les archéologues ont pu effectuer un relevé en trois dimensions avec l'aide de chercheurs et d'étudiants de l'Université du Colima. Au moyen d'un simple ordinateur, d'une manette de jeu vidéo et d'un logiciel de photogrammétrie, des vidéos ont pu être converties en trois dimensions et permettre un registre de la voûte en temps réel.

Pour en savoir sur cette découverte de Marco Zavaleta et son équipe, nous vous recommandons la lecture en espagnol de ce bulletin sur le site de l'INAH. Vous pourrez en profiter le diaporama de photos prises par Melitón Tapia.




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Arqueologia Mexicana n°99

Avec le titre "De la crónica a la arqueología: visión de cinco ciudades prehispánicas", l'editorial propose une levée bimestrielle un peu moins rutilante que son précédent numéro sur Moctezuma. En même temps, il est difficile de faire plus fort que celui qui reste une figure importante de l'identité mexicaine. Faisons donc un rapide tour du propriétaire. Après les quelques brêves rappelant les fouilles à Chichen Itza, la restauration de la petite pyramide ronde du métro Pino Suarez ou la sortie du catalogue de l'exposition Moctezuma. Azteca Ruler, co-édité par Leonardo Lopez Lujan et Colin Mc Ewan, on peut lire l'hommage rendu par Eduardo Matos Moctezuma au Dr Miguel Leon-Portilla pour les 50 ans de la publication Visión de los Vencidos: relaciones indigenas de la Conquista . Suit une présentation du Codex Ixtlilxóchitl par Manuel Hermann Lejarazu. Le titre de ce document fait référence à son illustre propriétaire, Fernando de Alva Ixtlilxochitl (1578
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu

Conférence au Musée d'Histoire Mexicaine de Monterrey

Un peu de pub pour notre chapelle. Après-demain, votre serviteur aura l'honneur de participer pour la troisième année consécutive aux Cuartas Jornadas de Estudios Mexicanos, organisées par l'Universidad de Monterrey au Museo de Historia Mexicana, dans le centre-ville de la Sultana del Norte. Au programme cette année, il sera question du "Passé préhispanique aux temps du Porfiriat et de la Révolution". Il s'agit simplement de présenter à un public non-spécialiste comment s'est forgée l'identité nationale mexicaine au moment du pouvoir autocrate de Porfirio Diaz en 1884 et 1910. Au delà de la redécouverte et de la réappropriation du passé préhispanique, on expliquera notamment la systématisation des études archéologiques et anthropologiques à cette époque. Je cherche d'ailleurs une revue pour publier la version de l'article que j'ai rédigé pour l'occasion. Si vous avez des contacts, envoyez-moi un courriel. Au pire des cas, j'utiliserai