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Mise au jour d'un système de canalisations sous la Pyramide des Inscriptions à Palenque

Un communiqué de l’INAH a récemment suscité un grand intérêt médiatique au Mexique. La nouvelle a même eu droit aux gros titres du journal télévisé de Televisa, le plus regardé au Mexique. Non sans erreur puisque la journaliste qui narrait la découverte a rappelé que K’inich Janaab’ Pakal “semblait conduire un vaisseau spatial”.

L’infographie suivante, publiée sur le site de l’INAH vous donnera une idée générale de la découverte.

20160725_infografia_canalespalenque.jpg
http://www.inah.gob.mx/images/infografias/20160725_infografia_canalespalenque.jpg

Jusqu’à présent, la thèse de Ruz Lhuillier dont l’équipe découvrit la tombe de K’inich Janaab’ Pakal en 1952 était la suivante. Le tombeau fut creusé dans la roche mère avant d’être recouvert par les neufs corps et le bâtiment, formant ainsi le mausolée de ce dirigeant emblématique la cité alors appelée Lakam’ha, “El lugar de las grandes aguas”.

Or les fouilles semblent modifier notablement cette chronologie. Selon Arnoldo González, directeur du Projet archéologique Palenque, la Pyramide des inscriptions fut probablement construite sur une des nombreuses sources qui alimentaient la cité maya. Le système de canalisations aurait été préparé et effectué avant même la planification de la pyramide.

Au moyen d’un petit robot télécommandé et muni d’une caméra, technique utilisée précédemment pour explorer le long tunnel sous la pyramide adossée à Teotihuacan, les archéologues ont pu dresser une image encore très partielle de ce réseau complexe construit sur plusieurs niveaux. Ils ont tout de même pu établir qu’une de ces canalisations passait à 1, 70 m sous la paroi nord de la tombe de Pakal.

Crédit photo : Proyecto Arqueológico Palenque / INAH.

Le seul conduit exploré est d’une grande régularité : 50 cm de haut sur 40 cm de large. Long de 17 m, il est jalonné de grande pierres dalles en calcaire déposées horizontalement sur d’autres plus petites placées verticalement. L’ensemble est cimenté par de l’argile, garantissant une bonne étanchéité puisque les scientifiques ont pu observer que l’eau s’y écoule encore naturellement.

Orienté nord-sud, le conduit principal parcourt 9 m vers l’esplanade située sous le Temple et débouche sur un déversoir. Au coin sud-est de ce déversoir, une autre canalisation, haute de 40 cm et large de 20 cm, court parallèlement à la première mais 20 cm plus haut avant. Le conduit principal remonte vers le sud-ouest sur 3 m par un espace de 20 cm de côté. Il remonte encore sur une distance de 5 m. L’étroitesse a empêché les petits robots d’avancer plus loin.

Mais au fait, pourquoi une telle découverte ? Comment les archéologues ont-ils été amenés à fouiller à cet endroit ? Commen souvent en archéologie, il faut un peu de chance. Il s’agissait originalement d’effectuer des travaux d’entretiens, au pied de la Pyramide des inscriptions. Les archéologues avaient creusé des puits de sondages afin de situer le point de départ des deux rampes de l’escalier monumental. Rapidement les fouilles atteignent le niveau de la roche mère et il est décidé d’élargir le champ d’opération.

Crédit photo : Proyecto Arqueológico Palenque / INAH.
C’est là qu’est observée une rupture dans le prolongement des rampes et de l’autel qui le précède : des pierres remplissaient un intervalle large de 3, 75 m.

Crédit photo : Proyecto Arqueológico Palenque / INAH.
De lourdes pierres de calcaire avaient été accommodées et cimentées au moyen d’argile. Au total quatre couches ont été détectées, toutes préparées de la même manière.

Crédit photo : Proyecto Arqueológico Palenque / INAH.
Pour González, la présence de ces canalisations est d’abord fonctionnelle. Elles permettaient la récupération des eaux pluviqles provenant des terrasses utilisées par le Temple XXV situé au sud et en amont du Temple des inscriptions. La seconde hypothèse que González juge plus plausible est donc celle de la canalisation d’une source située sous la pyramide. En effet différents textes épigraphiques font des allusions à la nature aqueuse de l’inframonde que devait traverser le défunt avant de ressurgir de la terre.

Pour en savoir plus sur cette découverte, nous vous invitons à regarder le reportage en espagnol mis en ligne sur la chaîne INAHTV: https://youtu.be/tG3rG_sbkyc. Plusieurs photographies sont également visibles sur le site de l’INAH.



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