Parlons rapidement de la nouvelle livrée de la revue de divulgation publiée par l'INAH. Le thème principal de ce numéro est le culte des ancêtres en Mésoamérique. Un tel numéro n'est pas innocent dans la mesure où le 1er novembre, on fête le Jour des morts. Le comité éditorial de la revue a jugé bon de proposer une revue des différentes manières de fêter et de célébrer les ancêtres.
Patricia McAnany a eu l'honneur d'ouvrir le bal en rappelant l'importance du devoir de mémoire et de l'alimentation des morts en Mésoamérique. Son objectif est à moitié rempli car elle s'attarde trop sur le cas de K'axob, au Bélize. De la même manière, elle tombe dans une glose sur le lignage qui s'applique principalement chez les Mayas. chez les Tarasques, en pays Nayar, dans la tradition des tombes à puits.
Mais l'accent a été particulièrement mis sur les paquets sacrés ou tlaquimilolli. Maricela Avala Falcon revient largement sur leur présence chez les Mayas du Préclassique jusqu'à l'époque coloniale. Son article propose notamment une partie iconographique très intéressante : on peut voir comment les paquets sacrés sont particulièrement présents sur les linteaux de Yaxchilan au Chiapas. Elle établit ensuite des liens avec l'histoire et l'ethnographie pour proposer un panorama somme toute complet.
Vient ensuite un papier de Veronica Hernandez Diaz sur le culte des ancêtres visibles dans la tradition des tombes à puits. Rappelons d'abord que ce type de sépulture est très typiques des cultures qui ont peuplé l'ouest du Mexique (dans les actuels états de Jalisco, Zacatecas et Nayarit) entre le Préclassique ancien et le Classique récent. L'article d'Hernandez est très didactique pour qui ne comprend pas ou ne connaît pas ce type de tradition funéraire. Qui plus est, elle revient la portée symbolique de ce type d'enterrements. Ensuite elle aborde les nombreuses céramiques naturalistes qui y ont été retrouvées, n'hésitant pas à y voir des portraits des ancêtres. Enfin elle revient sur un aspect fondamental de la pensée mésoaméricaine, qui est la conception cyclique du temps mais aussi de l'espace.
L'ethnohistorien Hans Roskamp revient pour sa part sur le culte des ancêtres au Michoacan à travers une étude pluridisciplinaire mais essentiellement fondé sur les documents écrits. Il décrit comment les Tarasques pouvaient concevoir la vie dans l'au-delà et comment les ancêtres étaient divinisés. La dernière partie de l'article revient sur le thème des paquets sacrés chez les Tarasques : les traditions locales rapportent qu'après incinération, le roi était placé dans des manteaux accompagnés d'un masque. L'ensemble était ensuite placé dans une urne funéraire qu'un porteur, le thiume transportait jusqu'au temple de Curicaueri. Pour Roskamp, la relation entre les paquets sacrés des dieux et des rois étaient très étroites.
Guilhem Olivier présente les paquets sacrés de manière synthétique et précise, sans pour atteindre l'article très complet qu'il avait publié dans le Journal de la Société des Américanistes. Cela dit, il convient de rappeler qu'Arqueologia Mexicana est une revue de divulgation. D'un point de vue éditorial, il aurait mieux valu regrouper les articles sur les paquets sacrés. Son exposé est on ne peut plus essentiel pour bien comprendre le culte des ancêtres en Mésoamérique. Mais un peu comme McAnany est mayiste, Olivier présente les paquets mexicas. Expliquant leur origine mythique, il détaille les différentes fonctions rituelles de tlaquimilolli lors de la cérémonie du feu nouveau et de l'intronisation. Comme chez les tarasques, les paquets sacrés des Mexicas pouvaient être "des réceptacles des forces divines".
Johannes Neurath offre une vision contemporaine du culte des ancêtres. A la différence de leurs cousins mayas, tarasques ou mexicas, les "personnes-flèches" de la culture huichole seraient en fait les vestiges d'un culte rendu aux momies ancestrales. L'article est sobre, clair, concis et montre encore la présence des coutumes préhispaniques dans certains parties du Mexique.
La section "Archéologie" du magazine est formée de quatre articles. Le premier d'entre eux est signé par Leonardo Lopez Austin et Alfredo Lopez Austin. Ils reviennent sur le tepetlacalli visible dans la cour de l'église de Saint Thomas Ajusco, au sud du Distrito Federal. Leur article est l'occasion de rappeler l'utilisation de ce type d'objet et comment ils doivent être distinguer des petlacalli, même si les deux font référence à des récipients "de biens moraux ou de dons que les hommes espéraient recevoir des dieux" (p.20; Lopez Austin et Lopez Lujan, 2010 : p. 321-330, pl. 11-20). Le tepetlacalli de Saint Thomas Ajusco présente une décoration singulière : des reliefs représentant des épis de maïs ornent les quatre côté de la pierre. Les auteurs établissent des ponts avec deux autres tepetlacalli décorés de la même manière et visibles au MNA et au Museum für Völkerkunde de Berlin. La troisième partie de leur article présente le rituel qu'organise les paroissiens autour du tepetlacalli de Saint Thomas. Ce dernier ne peut être considéré en effet comme un objet archéologique puisqu'il n'a cessé d'être utilisé pour des rituels depuis l'époque préhispanique.
Venant après le dossier du mois, l'article de Ruben Morante Lopez se veut quelque peu polémique. Il revient sur la découverte de la stèle 1 de la Mojarra, Veracruz. Apparemment rédigés dans une langue méconnue, les glyphes qui y sont sculptés ont été partiellement décryptés par les épigraphistes John S. Juteson et Terrence Kaufman. Ces derniers explique qu'il s'agirait d'une langue proto mixe-zoque. Mais les spécialistes mexicains, notamment de l'Universidad Veracruzana, ont commencé à mettre en doute son authenticité. Morante Lopez, après différentes recherches, estime d'abord que la pierre a été sculptée ailleurs que sur le site de la Mojarra, où les édifices sont en terre crue et où trois fours témoignent davantage d'ateliers de céramique, qui étaieraient cette hypothèse. Et l'auteur de conclure sur une élaboration en deux temps des 21 colonnes de glyphes qui recouvrent le monument.
Un troisième article, rédigé par Ana Garcia Barrios revient sur les représentations du dieu Chaak sur les vases de style codex (Kerr K1199, K1895, K8608, K1813). La chercheuse madrilène rappelle que c'est dans les peintures sur céramique qu'on a le plus retrouvé d'informations sur cette divinité.
Dans la série d'articles sur l'anthropologie physique, Roberto Garcia Moll propose un réflexion sur les liens qui unissent l'archéologie et l'anthropologie physique pour établir des connaissances complètes sur le passé, à travers le matériel créé par l'être humain et l'étude des restes humains. Si l'article de Garcia Moll est intéressant, il eût été intéressant d'incorporer d'autres composantes de l'anthropologie, comme l'ethnohistoire, l'anthropologie sociale ou religieuse. On aurait pu ainsi éviter cette l'ambivalence dd'un terme ont il est parfois de percevoir les limites.
Dans la section Documentos, on retrovuera une analyde rapide du Codex Xolotl par Javier Noguez. On regrettera que le lien vers la bibliographie ne fonctionne pas. Nous renvoyons nos lecteurs aux brillants travaux de M. Thouvenot (2001) sur ce codex. Son collègue Manuel Hermann Lejarazu présente l'histoire du Lienzo de Tlapiltepec.
Bibliographie.
JUSTESON, John et Terence Kauffman. 1997. "A Newly Discovered Column in the Hieroglyphic Text on La Mojarra Stela 1: A Test of the Epi-Olmec Decipherment". In Science, version en ligne disponible le 21 novembre 2010 sur : http://www.sciencemag.org/site/feature/data/justeson.xhtml .
LOPEZ AUSTIN, Alfredo et Leonardo Lopez Lujan. 2010. Monte Sagrado-Templo Mayor, INAH-UNAM, Mexico.
OLIVIER, Guilhem. 1995. "Les paquets sacrés ou la mémoire cachée des Indiens du Mexique central (XVe-XVIe siècles)". In Journal de la Société des Américanistes, vol. 81, Musée de l'Homme, Paris, p. 105-141. Disponisble le 21 novembre 2010 sur : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1995_num_81_1_1585.
RAGOT, Nathalie. 2000. Les au-delàs aztèques. BAR Paris Monographs in American Archaeology, vol 7, Oxford.
THOUVENOT, Marc. 2001. Codex XOLOTL. Etude d'une des composantes de son écriture : les glyphes. Dictionnaire des éléments constitutifs des glyphes. Editions Sup-infor, version en ligne disponible le 21 novembre 2010 sur : http://www.sup-infor.com/etudes/Xolotl/codex_xolotl-txt.htm .
Patricia McAnany a eu l'honneur d'ouvrir le bal en rappelant l'importance du devoir de mémoire et de l'alimentation des morts en Mésoamérique. Son objectif est à moitié rempli car elle s'attarde trop sur le cas de K'axob, au Bélize. De la même manière, elle tombe dans une glose sur le lignage qui s'applique principalement chez les Mayas. chez les Tarasques, en pays Nayar, dans la tradition des tombes à puits.
Mais l'accent a été particulièrement mis sur les paquets sacrés ou tlaquimilolli. Maricela Avala Falcon revient largement sur leur présence chez les Mayas du Préclassique jusqu'à l'époque coloniale. Son article propose notamment une partie iconographique très intéressante : on peut voir comment les paquets sacrés sont particulièrement présents sur les linteaux de Yaxchilan au Chiapas. Elle établit ensuite des liens avec l'histoire et l'ethnographie pour proposer un panorama somme toute complet.
Vient ensuite un papier de Veronica Hernandez Diaz sur le culte des ancêtres visibles dans la tradition des tombes à puits. Rappelons d'abord que ce type de sépulture est très typiques des cultures qui ont peuplé l'ouest du Mexique (dans les actuels états de Jalisco, Zacatecas et Nayarit) entre le Préclassique ancien et le Classique récent. L'article d'Hernandez est très didactique pour qui ne comprend pas ou ne connaît pas ce type de tradition funéraire. Qui plus est, elle revient la portée symbolique de ce type d'enterrements. Ensuite elle aborde les nombreuses céramiques naturalistes qui y ont été retrouvées, n'hésitant pas à y voir des portraits des ancêtres. Enfin elle revient sur un aspect fondamental de la pensée mésoaméricaine, qui est la conception cyclique du temps mais aussi de l'espace.
L'ethnohistorien Hans Roskamp revient pour sa part sur le culte des ancêtres au Michoacan à travers une étude pluridisciplinaire mais essentiellement fondé sur les documents écrits. Il décrit comment les Tarasques pouvaient concevoir la vie dans l'au-delà et comment les ancêtres étaient divinisés. La dernière partie de l'article revient sur le thème des paquets sacrés chez les Tarasques : les traditions locales rapportent qu'après incinération, le roi était placé dans des manteaux accompagnés d'un masque. L'ensemble était ensuite placé dans une urne funéraire qu'un porteur, le thiume transportait jusqu'au temple de Curicaueri. Pour Roskamp, la relation entre les paquets sacrés des dieux et des rois étaient très étroites.
Guilhem Olivier présente les paquets sacrés de manière synthétique et précise, sans pour atteindre l'article très complet qu'il avait publié dans le Journal de la Société des Américanistes. Cela dit, il convient de rappeler qu'Arqueologia Mexicana est une revue de divulgation. D'un point de vue éditorial, il aurait mieux valu regrouper les articles sur les paquets sacrés. Son exposé est on ne peut plus essentiel pour bien comprendre le culte des ancêtres en Mésoamérique. Mais un peu comme McAnany est mayiste, Olivier présente les paquets mexicas. Expliquant leur origine mythique, il détaille les différentes fonctions rituelles de tlaquimilolli lors de la cérémonie du feu nouveau et de l'intronisation. Comme chez les tarasques, les paquets sacrés des Mexicas pouvaient être "des réceptacles des forces divines".
Johannes Neurath offre une vision contemporaine du culte des ancêtres. A la différence de leurs cousins mayas, tarasques ou mexicas, les "personnes-flèches" de la culture huichole seraient en fait les vestiges d'un culte rendu aux momies ancestrales. L'article est sobre, clair, concis et montre encore la présence des coutumes préhispaniques dans certains parties du Mexique.
La section "Archéologie" du magazine est formée de quatre articles. Le premier d'entre eux est signé par Leonardo Lopez Austin et Alfredo Lopez Austin. Ils reviennent sur le tepetlacalli visible dans la cour de l'église de Saint Thomas Ajusco, au sud du Distrito Federal. Leur article est l'occasion de rappeler l'utilisation de ce type d'objet et comment ils doivent être distinguer des petlacalli, même si les deux font référence à des récipients "de biens moraux ou de dons que les hommes espéraient recevoir des dieux" (p.20; Lopez Austin et Lopez Lujan, 2010 : p. 321-330, pl. 11-20). Le tepetlacalli de Saint Thomas Ajusco présente une décoration singulière : des reliefs représentant des épis de maïs ornent les quatre côté de la pierre. Les auteurs établissent des ponts avec deux autres tepetlacalli décorés de la même manière et visibles au MNA et au Museum für Völkerkunde de Berlin. La troisième partie de leur article présente le rituel qu'organise les paroissiens autour du tepetlacalli de Saint Thomas. Ce dernier ne peut être considéré en effet comme un objet archéologique puisqu'il n'a cessé d'être utilisé pour des rituels depuis l'époque préhispanique.
Venant après le dossier du mois, l'article de Ruben Morante Lopez se veut quelque peu polémique. Il revient sur la découverte de la stèle 1 de la Mojarra, Veracruz. Apparemment rédigés dans une langue méconnue, les glyphes qui y sont sculptés ont été partiellement décryptés par les épigraphistes John S. Juteson et Terrence Kaufman. Ces derniers explique qu'il s'agirait d'une langue proto mixe-zoque. Mais les spécialistes mexicains, notamment de l'Universidad Veracruzana, ont commencé à mettre en doute son authenticité. Morante Lopez, après différentes recherches, estime d'abord que la pierre a été sculptée ailleurs que sur le site de la Mojarra, où les édifices sont en terre crue et où trois fours témoignent davantage d'ateliers de céramique, qui étaieraient cette hypothèse. Et l'auteur de conclure sur une élaboration en deux temps des 21 colonnes de glyphes qui recouvrent le monument.
Un troisième article, rédigé par Ana Garcia Barrios revient sur les représentations du dieu Chaak sur les vases de style codex (Kerr K1199, K1895, K8608, K1813). La chercheuse madrilène rappelle que c'est dans les peintures sur céramique qu'on a le plus retrouvé d'informations sur cette divinité.
Dans la série d'articles sur l'anthropologie physique, Roberto Garcia Moll propose un réflexion sur les liens qui unissent l'archéologie et l'anthropologie physique pour établir des connaissances complètes sur le passé, à travers le matériel créé par l'être humain et l'étude des restes humains. Si l'article de Garcia Moll est intéressant, il eût été intéressant d'incorporer d'autres composantes de l'anthropologie, comme l'ethnohistoire, l'anthropologie sociale ou religieuse. On aurait pu ainsi éviter cette l'ambivalence dd'un terme ont il est parfois de percevoir les limites.
Dans la section Documentos, on retrovuera une analyde rapide du Codex Xolotl par Javier Noguez. On regrettera que le lien vers la bibliographie ne fonctionne pas. Nous renvoyons nos lecteurs aux brillants travaux de M. Thouvenot (2001) sur ce codex. Son collègue Manuel Hermann Lejarazu présente l'histoire du Lienzo de Tlapiltepec.
Bibliographie.
JUSTESON, John et Terence Kauffman. 1997. "A Newly Discovered Column in the Hieroglyphic Text on La Mojarra Stela 1: A Test of the Epi-Olmec Decipherment". In Science, version en ligne disponible le 21 novembre 2010 sur : http://www.sciencemag.org/site/feature/data/justeson.xhtml .
LOPEZ AUSTIN, Alfredo et Leonardo Lopez Lujan. 2010. Monte Sagrado-Templo Mayor, INAH-UNAM, Mexico.
OLIVIER, Guilhem. 1995. "Les paquets sacrés ou la mémoire cachée des Indiens du Mexique central (XVe-XVIe siècles)". In Journal de la Société des Américanistes, vol. 81, Musée de l'Homme, Paris, p. 105-141. Disponisble le 21 novembre 2010 sur : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1995_num_81_1_1585.
RAGOT, Nathalie. 2000. Les au-delàs aztèques. BAR Paris Monographs in American Archaeology, vol 7, Oxford.
THOUVENOT, Marc. 2001. Codex XOLOTL. Etude d'une des composantes de son écriture : les glyphes. Dictionnaire des éléments constitutifs des glyphes. Editions Sup-infor, version en ligne disponible le 21 novembre 2010 sur : http://www.sup-infor.com/etudes/Xolotl/codex_xolotl-txt.htm .
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