Le quotidien Le Monde du 12 novembre s'aventure sur le terrain archéologique en déclenchant l'alarme. Il s'agit surtout de montrer les conséquences directes qu'a et que pourrait avoir le réchauffement global sur les monuments (parfois patrimoine de l'humanité).
Les photos sont parfois impressionnantes, tout autant que les commentaires d'Henri-Paul Francfort, chercheur au CNRS impliqué dans des travaux archéologiques, en évoquant trois causes aux actuelles et futures déconvenues du patrimoine archéologique mondial. En premier lieu, il souligne la montée des océans qui pourraient ensevelir bon nombre de sites classés. Puis il revient sur l'amplitude toujours croissante de phénomènes naturels comme les perturbations ou les cyclones. Son exposé se poursuit par le réchauffement des zones de permafrost ou en altitude, menaçant le patrimoine naturellement conservé. Enfin il termine en parlant de l'effet d'érosion provoqué par la désertification.
Bien qu'avertie par le chercheur français, l'UNESCO se trouve face à un nouveau défi et donc par extension, toutes les pays ont pour devoir de plancher immédiatement sur ce patrimoine menacé. Ce sont d'abord les tissus (organiques ou végétaux qui contribuent notablement à la datation mais aussi à la reconstitution de la vie quotidienne). Mais les édifices et autres structures auront du mal à supporter les passages répétés d'ouragans d'intensité de plus en plus forte comme sur la péninsule du Yucatán. On pourrait élargir la réflexion de Francfort au Veracruz et au Tabasco qui subissent des inondations chaque année pendant plusieurs semaines. Au contraire, le bassin de Mexico connaît une sécheresse chronique qui pourrait mettre à mal plusieurs structures...
Le diaporama commenté du Monde n'est pas un coup d'essai. Francfort avait déjà évoqué ce problème dans un document audio disponible sur le site de l'INRAP et enregistré lors du programme Le salon noir sur France Inter, le 26 novembre 2008. On y entend aussi Dominique Michelet, directeur de l'UMR 8096 Archéologie des Amériques du CNRS et responsable de différents chantiers de fouilles au Mexique et en Amérique centrale au cours de sa carrière. S'il reconnaît l'importance du facteur environnemental, il refuse de considérer le changement climatique comme seule cause pour expliquer la disparition des principaux centres mayas. Michelet explique comment un temple de Tabasqueño, situé au Yucatán, s'est effondré après quinze jours de pluie intensive. Le pire est que le temple en question venait d'être restauré par l'INAH. Tant Francfort que Michelet conviennent d'établir un registre international des sites archéologiques.
En furetant sur la toile, on découvre également la tenue d'une exposition organisée par la DRAC d'Alsace, toujours en 2008. Intitulée "Archéologie et changement climatique : un patrimoine menacé", elle faisait la part aux dangers encourus par le patrimoine européen. La question est donc : pourquoi le Monde n'a-t-il pas clairement indiqué ses sources ? Une autre serait : quelle en est la motivation profonde sachant que ce thème est connu depuis quelques années ?
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