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Nouvelles données sur le déclin maya.

Si vous êtes lecteur régulier de ce blog, vous aurez remarqué que certaines notions ou hypothèses ont été durement critiquées par votre serviteur : la prophétie maya, les sacrifices humains massifs. Il est une autre polémique régulièrement alimentée et souvent mal argumentée : la "disparition" des Mayas. Concept romantique s'il en est, proposé par des mayistes et archéologues des années 1930 à 1950 selon lequel les différentes groupes mayas abandonnent du jour au lendemain leurs villes, leurs habitations.

En fait, cet abandon concerne avant tout les grands centres urbains des Basses terres centrales comme Tikal ou Calakmul entre 750 et 900 de notre ère. D'autres villes ont connu des abandons rapides avant cette époque appelée Classique terminal. D'autres encore se sont épanouis ensuite comme Uxmal, puis Chichen Itza ou Mayapan au nord de la Péninsule du Yucatan. Qui plus est l'abandon n'est jamais total. Si les palais et autres habitations de l'élite sont abandonnés, de petits groupes ont continué d'occuper et d'utiliser temples et pyramides, comme en témoignent des dépôts d'offrandes postérieurs.

Dzibanché s'étend sur plus de 40 km² à travers quatre ensembles de constructions : le Groupe principal, Tutil, le Groupe central et l'acropole de Kinichna. Le site connut son acmé entre les IIIe et XIe siècles de notre ère. Les campagnes successives de fouilles, de restaurations et conservation entreprises sur le site de Dzibanché pourraient battre en brèche la chronologie actuellement en vigueur. C'est en tout cas ce que prétend résumer ce bulletin publié sur le site de l'INAH. Sandra Balanzario, chargée du projet Dzibanché, est revenue sur une série de découvertes faites par l'équipe dirigée par feu  Enrique Nalda .

Une vaisselle rituellement tuée indique que le site a été habité et utilisé jusqu'au Postclassique tardif. Sur cette céramique peinte, les archéologues ont pu déchiffré la présence du frère d'un dirigeant de la dynastie Ka'an qui régna de nombreux siècles sur Calakmul.

Parallèlement le travail de fouilles a été suspendu jusqu'à présent afin de restaurer et consolider les bâtiments qui furent les derniers fouillés par Nalda. Parti à la recherche des maisons de habitants de Dzibanché, c'est en fait un complexe de quatre palais apparemment de caractère administratif qui a été mis au jour situé dans la Petite acropole.

70 % des espaces conservent en effet des traces de peinture murale polychrome et des graffitis. Des glyphes faisant référence à la dynastie Ka'an ont été également déchiffrés. D'autre part des restes osseux appartenant à quatre individus démembrés ont été retrouvés à proximité d'encensoirs-effigies tués rituellement. Des couteaux d'obsidienne et de silex, des restes d'animaux et un poinçon en os gravé d'une scène de sacrifice par cardiectomie complètent ce catalogue d'objets datés du Postclassique.

Dans un autre ensemble, la Place Pom, l'équipe de Nalda avait fouillé les vestiges de pièces occupées probablement par l'élite de la ville pendant le Classique. Cela se traduit par la présence de banquettes, des objets servant à moudre, des céramiques polychromes associées à des activités domestiques et d'une peinture murale comportant des traces de peintures rouges, bleu, jaune, vert et noir. On peut observer un serpent aux crocs saillants et à la gueule grand ouverte : sur son corps on peut reconnaître les bras et mains de différents personnages. Etant donné la proximité de ce complexe de la zone monumentale de Dzibanché, il n'est pas exclu qu'il s'agisse de la résidence des gouvernants de la dynastie Ka'an.

Au Temple des cormorans tout proche, un autre relief en stuc peint pendant le Classique a révélé la représentation de la montagne sacrée, si importante dans la cosmovision mésoaméricaine : il s'agit du lieu d'origine des principaux lignages. Le relief est particulièrment bien conservé dans la mesure où c'est l'agrandissement de cette pyramide au Postclassique qui l'a sauvegardé du temps. Ce relief est actuellement en cours de conservation.

Si vous souhaitez savoir à quoi ressemblent ces reliefs peints, vous pouvez jeter un œil au diaporama préparé par l'INAH.


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