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Compte-rendu Arqueología mexicana hors-série 54

C'est avec presque deux mois de retard que je vous propose très humblement une lecture de ce numéro hors-série qui a pour thème les codex mexicains conservés à la Bibliothèque National de France (BNF). Cette enceinte est après la Bibliothèque du Musée National d'Anthropologie, celle qui compte le plus grand nombre de documents préhispaniques ou péricoloniaux concernant les peuples rencontrés par les Espagnols au cours de leur conquête.

Il y a quelque temps les éditions Raíces avaient déjà publié un numéro hors-série sur les documents conservées dans cette dernière institution. Il paraissait donc normal de pouvoir disposer d'un numéro qui présentât, même partiellement, les quelques trois cents documents que la veuve d'Eugène Goupil donna à la Bibliothèque National de France après le décès de ce dernier.

C'est Luz María Mohar Betancourt, chercheuse au CIESAS et spécialiste des documents mexicains anciens, qui a coordonné la publication. En guise d'introduction, elle effectue une présentation rapide de la collection de la BNF, s'intéressant à la formation de la collection des documents par Boturini qu'à sa sortie illégale vers la France. Elle revient aussi rapidement sur les dix-huit documents proposés dans ce hors-série, insistant sur leur diversité culturelle et géographique, la variété de leur contenu.

Sur ce point il est notable de passer d'un des trois codex maya préhispanique encore conservé au catéchisme indo-chrétien, à un plan topographique ou à un témoignage lors d'un procés. Cette variété se reflète dans l'équipe de seize chercheurs qui a participé à ce hors-série. On y trouve des archéologues, des historiens et ethnohistoriens, expérimentés et en devenir. 

En ce qui concerne la méthodologie utilisée pour la présentation de ces documents, elle repose sur les axes suivants :
  • une brève description du contenu,
  • l'histoire jusqu'à son arrivée à la BNF,
  • une carte indiquant leur origine géographique,
  • un petit cadre avec leurs caractéristiques physiques,
  • la reproduction en grand format d'un feuillet,
  • des reproductions de plus petite taille,
  • des notes et commentaires sur certains points spécifiques de ces images.
La méthodologie est efficace et a fait ses preuves dans le numéro sur les codex de la BNAH ou les facs-similés déjà publiés par Arqueología mexicana. Elle ressemble à celle employé par Maarten Janssen et Ferdinand Anders pour les commentaires des codex publiés il y a une vingtaine d'années par le Fondo de Cultura Económica.

Il ne fait aucun doute que ce hors-série est une réussite et invite le lecteur à en savoir plus sur les documents coloniaux mexicains conservés à la Bibliothèque Nationale de France et dont l'accès restreint pourrait en décourager plus d'un. Rappelons que le Codex Aubin a fini par regagner le Mexique dans les années 1980 après qu'un visiteur mexicain s'en est emparé pour le remettre à la BNAH où il se trouve désormais.

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