Le fait est suffisamment rare pour justifier un billet sur ce carnet. La Bibliothèque de l'Assemblée Nationale a récemment autorisé un projet de recherches sur le Codex Borbonicus. Dans sa volonté de conserver un document polémique en sa possession depuis 1826 et probablement pillé du Palais de l'Escorial lors des guerres napoléoniennes en Espagne, le Palais Bourbon a tranché.
Les analyses auquel sera soumis le document devront déterminer sa période de fabrication. Il existe depuis toujours un débat sur la temporalité de ce document parmi les ethnohistoriens. Certains prétendent qu'il fut élaboré avant l'arrivée des Espagnols en Nouvelle Espagne. D'autres considèrent au contraire qu'il fut peint dans les premières années de la Colonie. Plusieurs questions restent également en suspens : le Codex Borbonicus est-il l'oeuvre d'un tlacuilo (peintre) ou de plusieurs ? De combien de parties est-il composé ?
Long de 14 m, peint sur 36 pages de grand format inhabituel (39 cm x 40 cm), le codex sera donc sorti de sa capsule maintenue à 18° pour être passé au crible d'une équipe dirigée par Bertrand Lavédrine, directeur du laboratoire du Centre de Recherche pour la Conservation, dépendance du Muséum National d'Histoire Naturelle. Le chimiste Fabien Pottier produira d'ailleurs sa thèse sur le sujet. La recherche est financée conjointement par l'Assemblée Nationale et par la Fondation des Sciences du Patrimoine.
En quoi ont consisté les études du Codex Borbonicus ? En mars 2014, en guise de test et de mise en bouche, les chercheurs français ont choisi deux pages, une de chaque côté du document. Ils ont comparé les pigments de couleurs en utilisant la spectrométrie de fluorescence X. Puis en septembre dernier, c'est l'imagerie hyperspectrale qui est mise en oeuvre afin de déterminer la composition chimique du document. Cette technologie, originalement utilisée à des fins militaires et aéronautiques trouve ainsi une application civile inattendue. Les deux côtés du document ont donc été numérisés, représentant pas moins de 400 Go de données ! Reste encore à décrypter toute cette information, notamment au moyen d'un programme en cours d'écriture.
La dernière phase du projet débutera en mars prochain. Elle essaiera d'établir l'origine chimique des jaunes et des marrons qui sont très présents dans le Codex Borbonicus. C'est précisément pour résoudre ce problème que l'équipe de Lavédrine a fait appel à une chercheuse mexicaine : Tatiana Falcon, chercheuse de l'Institut de Recherches Esthétiques de l'Université Nationale Autonome du Mexique connaît bien les colorants que les artistes du XVIe siècle du centre du Mexique utilisaient. Il est plus que judicieux d'intégrer des chercheurs mexicains : on sait combien les Mexicains sont attachés aux documents dont ils ont été spoliés. L'année dernière, les autorités mexicaines n'ont pas hésité à débourser 1 000 000 de dollars pour récupérer le Codex Chimalpahin !
Pour en savoir plus sur le sujet, n'hésitez pas à lire l'article publié sur le site d'El País ou le billet publié par Gustavo Ramírez sur la Red Mexicana de Arqueología.
Codex Borbonicus, p.14.
Disponible le 06/01/2014 sur :
Les analyses auquel sera soumis le document devront déterminer sa période de fabrication. Il existe depuis toujours un débat sur la temporalité de ce document parmi les ethnohistoriens. Certains prétendent qu'il fut élaboré avant l'arrivée des Espagnols en Nouvelle Espagne. D'autres considèrent au contraire qu'il fut peint dans les premières années de la Colonie. Plusieurs questions restent également en suspens : le Codex Borbonicus est-il l'oeuvre d'un tlacuilo (peintre) ou de plusieurs ? De combien de parties est-il composé ?
Long de 14 m, peint sur 36 pages de grand format inhabituel (39 cm x 40 cm), le codex sera donc sorti de sa capsule maintenue à 18° pour être passé au crible d'une équipe dirigée par Bertrand Lavédrine, directeur du laboratoire du Centre de Recherche pour la Conservation, dépendance du Muséum National d'Histoire Naturelle. Le chimiste Fabien Pottier produira d'ailleurs sa thèse sur le sujet. La recherche est financée conjointement par l'Assemblée Nationale et par la Fondation des Sciences du Patrimoine.
En quoi ont consisté les études du Codex Borbonicus ? En mars 2014, en guise de test et de mise en bouche, les chercheurs français ont choisi deux pages, une de chaque côté du document. Ils ont comparé les pigments de couleurs en utilisant la spectrométrie de fluorescence X. Puis en septembre dernier, c'est l'imagerie hyperspectrale qui est mise en oeuvre afin de déterminer la composition chimique du document. Cette technologie, originalement utilisée à des fins militaires et aéronautiques trouve ainsi une application civile inattendue. Les deux côtés du document ont donc été numérisés, représentant pas moins de 400 Go de données ! Reste encore à décrypter toute cette information, notamment au moyen d'un programme en cours d'écriture.
Vidéo sur l'imagerie hyperspectrale.
Disponible le 06/01/2014
La dernière phase du projet débutera en mars prochain. Elle essaiera d'établir l'origine chimique des jaunes et des marrons qui sont très présents dans le Codex Borbonicus. C'est précisément pour résoudre ce problème que l'équipe de Lavédrine a fait appel à une chercheuse mexicaine : Tatiana Falcon, chercheuse de l'Institut de Recherches Esthétiques de l'Université Nationale Autonome du Mexique connaît bien les colorants que les artistes du XVIe siècle du centre du Mexique utilisaient. Il est plus que judicieux d'intégrer des chercheurs mexicains : on sait combien les Mexicains sont attachés aux documents dont ils ont été spoliés. L'année dernière, les autorités mexicaines n'ont pas hésité à débourser 1 000 000 de dollars pour récupérer le Codex Chimalpahin !
Pour en savoir plus sur le sujet, n'hésitez pas à lire l'article publié sur le site d'El País ou le billet publié par Gustavo Ramírez sur la Red Mexicana de Arqueología.
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