Voici un article publié il y a un an pour la journée mondiale de la femme.
La dignité de la femme est souvent mise à mal un peu partout dans le monde... Si la France s'en sort moyennement, que dire d'autres régions du Monde. Sortons des sentiers battus...
La journée de la femme approchant, on vous montrera des documentaires et des reportages sur la situation de la femme et de ses droits dans le Monde. Loin de négliger les violences et les injustices que peuvent subir nombre de nos compatriotes, il me paraissait important de vous parler d’un phénomène vieux de treize ans qui touche l’Etat de Chihuahua, au Nord du Mexique.

Ill. 1. Carte du Mexique. Source : http://www.mujeresdejuarez.org/
En 1993, les premiers cas de jeunes femmes, d’adolescentes et même de fillettes violées puis torturées et assassinées sont apparus. Aujourd’hui les chiffres des associations de familles de victimes décomptent près de 1500 disparitions et 400 morts violentes composent un triste bilan. Des corps violés, tuméfiés parfois démembrés ont été retrouvés de part et d’autre de la frontière mexicano-américaine. A mesure que les victimes augmentaient, les familles devaient souvent enterrer leur proche (et elles attendent toujours qu’on leur restitue un corps) sans que justice leur soit rendue.
Pour manifester contre l’impunité des assassins et témoigner de leur douleur face à leur pays et au monde entier, les femmes de Juarez ont multiplié les manifestations, obtenu le soutien d’organisations internationales comme Amnesty International mais aussi de bon nombres de célébrités nationales. Ainsi l’auteur-compositeur-interprète Saul Hernandez, leader du groupe Los Jaguares, n’hésite pas à parler des femmes de Ciudad Juarez et à dénoncer la politique outrancière du gouvernement lors de chaque concert.

Ill. 2 Manifestante contre les « féminicides » devant le bureau de l'ONU à Mexico. Source : Noticieros Televisa.
Les facteurs responsables de cette vague de violences sont multiples. D’une part, la mentalité machiste de bon nombre d’hommes mexicains ne supporte pas le caractère de plus en plus indépendant des femmes mexicaines. A ce motif sociologique s’ajoutent des motifs économiques. La ville de Ciudad Juarez est frontalière de l’Etat du Nouveau-Mexique. Sa population a régulièrement augmenté depuis une vingtaine en raison d’un flux permanent de Mexicains du sud et du centre du pays, tentés par les opportunités de travail mieux rémunéré à Ciudad Juarez et de migration souvent clandestinement à San José. La plupart échoue et se retrouve dans des situations familiales et financières délicates. Enfin il convient de ne pas négliger des facteurs politiques. Depuis le début de la crise les autorités du Chihuahua, puis celles du gouvernement fédéral à Mexico, ont systématiquement cherché à minimiser l’impact des « féminicides » de Ciudad Juarez. Des rapports successifs d’Amnesty International ont mis en lumière l’absence d’enquêtes convenablement menés et l’impunité dont bénéficient les criminels.
Depuis le phénomène a pris de l’ampleur et a gagné la ville de Chihuahua et l’état voisin de Sonora. Pour toute réponse et devant l’internationalisation des pressions, le gouvernement mexicain de Vicente Fox a décidé il y a quelques mois de mettre les bouchées doubles pour résoudre les affaires de disparition et de meurtres à Ciudad Juarez et ses environs. Mais le Procureur général de l’Etat de Chihuhua a fait récemment des déclarations qui ont fortement ému les familles des victimes. Selon lui, seront traitées surtout les affaires comportant des violences sexuelles, soit 20% des 379 meurtres documentés, les autres appartenant au domaine des violences conjugales. Pourtant, il reconnaît de multiples dysfonctionnements et négligences de la part de 177 fonctionnaires de police chargés des enquêtes préliminaires. Une bien faible consolation qui laissent pour compte plusieurs centaines de femmes face aux traumatismes de leur enlèvement et/ou viol...
Dans sa volonté de zèle et avec les méthodes qui la caractérisent, la police judiciaire a même été jusqu’à arrêter et incarcérer plusieurs innocents. Ce fut le cas du cousin d’une victime : alors que celui-ci avait fait plusieurs milliers de kilomètres pour participer aux recherches, la police, agacée par la pression de la famille, a fini par trouver un coupable. L’affaire de Ciudad Juarez pèse lourdement sur le débat politique à quelques mois des élections présidentielles mexicaines et il importe désormais que toutes ses disparitions soient élucidées pour aider le candidat du parti néolibéral au pouvoir…
La route pour le respect de la femme au Mexique est encore longue. Il semblerait qu’une prise de conscience se fasse, en espérant qu’elle ne soit pas uniquement pas liée à des enjeux purement politiciens. Qui plus est, plus de la moitié de la population mexicaine est féminine. Comme j’ai l’habitude de dire, les droits de l’Homme sont aussi ceux de la Femme. Cela est valable au Mexique comme partout dans le monde…
Plusieurs sites internet m’ont permis d’écrire cet article et méritent votre visite. Certains sont même disponibles en version française :
http://www.mujeresdejuarez.org/ : site d’une association de familles de victimes. Signez leur pétition !
http://www.mujerarte.org/juarez-frances.htm : site contenant des toiles représentant de manière très crue les victimes de Ciudad Juarez.
http://web.amnesty.org/library/Index/ESLAMR410122006 : page en espagnol contenant les commentaires d’Amnesty sur le rapport du Procureur général du Chihuahua.
Por mi Tortuguita, con todo mi respeto y amor…

Ill. 1. Carte du Mexique. Source : http://www.mujeresdejuarez.org/
En 1993, les premiers cas de jeunes femmes, d’adolescentes et même de fillettes violées puis torturées et assassinées sont apparus. Aujourd’hui les chiffres des associations de familles de victimes décomptent près de 1500 disparitions et 400 morts violentes composent un triste bilan. Des corps violés, tuméfiés parfois démembrés ont été retrouvés de part et d’autre de la frontière mexicano-américaine. A mesure que les victimes augmentaient, les familles devaient souvent enterrer leur proche (et elles attendent toujours qu’on leur restitue un corps) sans que justice leur soit rendue.
Pour manifester contre l’impunité des assassins et témoigner de leur douleur face à leur pays et au monde entier, les femmes de Juarez ont multiplié les manifestations, obtenu le soutien d’organisations internationales comme Amnesty International mais aussi de bon nombres de célébrités nationales. Ainsi l’auteur-compositeur-interprète Saul Hernandez, leader du groupe Los Jaguares, n’hésite pas à parler des femmes de Ciudad Juarez et à dénoncer la politique outrancière du gouvernement lors de chaque concert.

Ill. 2 Manifestante contre les « féminicides » devant le bureau de l'ONU à Mexico. Source : Noticieros Televisa.
Les facteurs responsables de cette vague de violences sont multiples. D’une part, la mentalité machiste de bon nombre d’hommes mexicains ne supporte pas le caractère de plus en plus indépendant des femmes mexicaines. A ce motif sociologique s’ajoutent des motifs économiques. La ville de Ciudad Juarez est frontalière de l’Etat du Nouveau-Mexique. Sa population a régulièrement augmenté depuis une vingtaine en raison d’un flux permanent de Mexicains du sud et du centre du pays, tentés par les opportunités de travail mieux rémunéré à Ciudad Juarez et de migration souvent clandestinement à San José. La plupart échoue et se retrouve dans des situations familiales et financières délicates. Enfin il convient de ne pas négliger des facteurs politiques. Depuis le début de la crise les autorités du Chihuahua, puis celles du gouvernement fédéral à Mexico, ont systématiquement cherché à minimiser l’impact des « féminicides » de Ciudad Juarez. Des rapports successifs d’Amnesty International ont mis en lumière l’absence d’enquêtes convenablement menés et l’impunité dont bénéficient les criminels.
Depuis le phénomène a pris de l’ampleur et a gagné la ville de Chihuahua et l’état voisin de Sonora. Pour toute réponse et devant l’internationalisation des pressions, le gouvernement mexicain de Vicente Fox a décidé il y a quelques mois de mettre les bouchées doubles pour résoudre les affaires de disparition et de meurtres à Ciudad Juarez et ses environs. Mais le Procureur général de l’Etat de Chihuhua a fait récemment des déclarations qui ont fortement ému les familles des victimes. Selon lui, seront traitées surtout les affaires comportant des violences sexuelles, soit 20% des 379 meurtres documentés, les autres appartenant au domaine des violences conjugales. Pourtant, il reconnaît de multiples dysfonctionnements et négligences de la part de 177 fonctionnaires de police chargés des enquêtes préliminaires. Une bien faible consolation qui laissent pour compte plusieurs centaines de femmes face aux traumatismes de leur enlèvement et/ou viol...
Dans sa volonté de zèle et avec les méthodes qui la caractérisent, la police judiciaire a même été jusqu’à arrêter et incarcérer plusieurs innocents. Ce fut le cas du cousin d’une victime : alors que celui-ci avait fait plusieurs milliers de kilomètres pour participer aux recherches, la police, agacée par la pression de la famille, a fini par trouver un coupable. L’affaire de Ciudad Juarez pèse lourdement sur le débat politique à quelques mois des élections présidentielles mexicaines et il importe désormais que toutes ses disparitions soient élucidées pour aider le candidat du parti néolibéral au pouvoir…
La route pour le respect de la femme au Mexique est encore longue. Il semblerait qu’une prise de conscience se fasse, en espérant qu’elle ne soit pas uniquement pas liée à des enjeux purement politiciens. Qui plus est, plus de la moitié de la population mexicaine est féminine. Comme j’ai l’habitude de dire, les droits de l’Homme sont aussi ceux de la Femme. Cela est valable au Mexique comme partout dans le monde…
Plusieurs sites internet m’ont permis d’écrire cet article et méritent votre visite. Certains sont même disponibles en version française :
http://www.mujeresdejuarez.org/ : site d’une association de familles de victimes. Signez leur pétition !
http://www.mujerarte.org/juarez-frances.htm : site contenant des toiles représentant de manière très crue les victimes de Ciudad Juarez.
http://web.amnesty.org/library/Index/ESLAMR410122006 : page en espagnol contenant les commentaires d’Amnesty sur le rapport du Procureur général du Chihuahua.
Por mi Tortuguita, con todo mi respeto y amor…
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