Le soleil est un élément récurrent dans les mythes et les panthéons de toutes les civilisations, anciennes ou modernes. Découvertes vous propose un petit tour du monde des représentations et des récits les plus étonnants.
L’astre du jour a exercé dans l’inconscient humain une influence considérable: il a nourri les créations artistiques, religieuses et philosophiques les plus variées qui soient. Impossible dès lors de te proposer, ô toi lecteur gazettien, un catalogue de ce qu’a symbolisé ou ce que symbolise le soleil. Il a fallu opérer une petite sélection cohérente mais variée des divinités solaires. Notre petit parcours débutera pourtant en des temps fort anciens.
Partons d’abord vers l’antique Mésopotamie qui a connu des civilisations possédant les systèmes d’écriture les plus anciens au monde. Cette région, située entre les fleuves Tigre et Euphrate de l’actuel Irak, a vu la succession des Sumériens, des Assyriens et des Babyloniens entre 5500 et 1750 avant J.-C. Dans la religion sumérienne, Shamash, Soleil, fait partie d’une triade planétaire également composé de Sin (Lune) et Ishtar (Vénus). Shamash est également le dieu de la justice. Il a pour attributs le disque solaire et ses rayons, parfois ailé à l’instar de Râ chez les Egyptiens. Un peu plus tard, il est représenté sous la forme d’un chariot ce qui rappelle le dieu du soleil grec, Apollon, qui parcourait le ciel sur un char. Les jours de notre semaine, hérités du latin, trouvent leur origine dans l’observation astronomique des Sumériens. Ce sont eux qui ont associé le premier jour de la semaine, le dimanche au Soleil. Il en va de même avec les autres jours, chacun honorant un astre différent : Sin, la lune, est célébré en deuxième position et Ishtar, Vénus, en sixième position.

Ill. 1. Shamash-Utu s’élevant entre les montagnes jumelles de Mashu. Civilisation Akkadienne, 3000 avant J.-C., British Museum, Londres.
Autre civilisation, autre époque. Le Japon est un pays où les courants de pensée se sont mutuellement nourris. La présence du soleil sur le drapeau du Pays du Soleil levant (Nihon) n’est pas innocente. Le shintoïsme, en dépit de l’introduction du bouddhisme demeure essentiel à qui veut comprendre des codes et des valeurs qui régissent encore la vie quotidienne des Nippons. Chose curieuse : le soleil est une divinité féminine dans le panthéon shinto. Elle a pour nom Amaterasu Omikami et l’Empereur actuel est considéré comme son descendant direct. Amaretasu est la patronne de toutes les divinités shinto appelées kami. Un mythe raconte que la déesse, contrariée, trouva refuge dans une grotte. Les hommes l’en firent sortir en prétendant avoir trouvé une nouvelle déesse. Curieuse, elle sortit. ils lui présentèrent un miroir octogonal en or. Son reflet lui plaisant, elle les rejoignit définitivement et éclaira le monde de sa lumière protectrice et bienfaisante.

Ill. 2. Utagawa Kunisada (1786-1865), Amaterasu émergeant de la lumière. Bois coupé et peint, sans date, Trustees of the Victoria & Albert Museum, Londres.
Les deux grands jinja (sanctuaires shinto) d'Ise Kôdai jingû et Toyôke Dai jingû sont situés au sud de l’île Honshu. Ces deux derniers forment avec plusieurs autres bâtiments le grand sanctuaire d'Ise dédié à la déesse du soleil. Depuis le septième siècle après J.-C., ils sont rebâtis tous les vingt ans.

Ill. 3. Grand Temple d’Amaretsu Okami, Ise, île d’Honshu.
Traversons le Pacifique et rendons-nous chez les Aztèques. Comme beaucoup de peuples précolombiens, le Soleil y occupe une place de tout premier ordre. Si Viracocha est le dieu attitré des Incas, l’affaire est plus compliqué chez les Aztèques. Plusieurs divinités possèdent en effet des aspects solaires. Commençons par le dieu Soleil appelé Tonatiuh. Aisément reconnaissable dans les codex précolombiens à ses peintures faciales rouges et jaunes, à son disque solaire dardé de rayons rouges. Curieusement, aucun mythe ne fait allusion à ses hauts faits.

Ill. 4. Tonatiuh. Codex Cospi, détail planche 12 recto, vers 1300-1400 après J.-C.
Les Aztèques de la vallée de Mexico-Tenochtitlan identifiaient volontiers le Soleil au dieu tutélaire de leur cité : Huitzilopochtli. Son nom traduit, « Colibri de la gauche » est une métaphore désignant le soleil au zénith. Les peuples du Mexique avaient une conception cyclique de l’univers : ils considéraient notamment que quatre soleils s’étaient succédé avant de disparaître lors de différents cataclysmes naturels. Chez les peuples du Mexique central, un cinquième soleil avait été inauguré et dirigé par Huitzilopochtli.

Ill. 5. Huitzilopochtli. Codex Azcatitlan, détail folio 11, vers 1550, Bibliothèque Nationale.
La vénération que les Aztèques portaient au Soleil, donc à Huitzilopochtli et Tonatiuh, trouve une de ses manifestations les plus fortes à travers la Pierre du Soleil. C'est une sculpture en tout point remarquable. D’abord en raison des ses dimensions imposantes. Ensuite parce qu’elle reprend des éléments très importants aux mythes et rituels aztèques. Enfin pour son lieu de découverte : au pied de la grande pyramide double dédiée pour partie à Huitzilopochtli. Le dieu Tonatiuh est visible dans le disque central de la sculpture où il tire une langue de silex, outil utilisé lors des sacrifices humains. Les quatre Soleil précédents sont représentés sous forme de glyphes encadrant le visage de Tonatiuh.
Six autres cercles viennent se superposer aux deux évoqués à l'instant. Le troisième contient notamment les 20 jours qui se répètent pendant 18 mois. Ajoutés à 5 jours néfastes, ils constituent les 365 jours du calendrier solaire que nous connaissons. Viennent ensuite les 280 jours du calendrier vénusien que les anciens mésoaméricains maîtrisaient parfaitement. Le dernier cercle est sculpté de deux serpents de feu ou xiuhcoatl, double animal de Huitzilopochtli. Les deux créatures sont accolées en haut à un glyphe qui donne la date du Feu nouveau (13 Roseau). Cette date marquait la coïncidence des calendriers solaires et vénusiens et faisait l’objet de rituels sacrificiels très importants. En effet, les Aztèques, et à moindre mesure, les autres peuples d’Amérique centrale, estimaient que l’homme était redevable au Soleil et qu’il fallait donc sacrifier pour que la mécanique céleste suive son chemin.
Cette sculpture, les Mexicains l’ont tous les jours au fond de leur poche : elle est représentée sur une des faces de certaines pièces de monnaie.

Ill. 6. Pierre du Soleil ou calendrier aztèque. Civilisation aztèque, XVème siècle après J.-C. Diamètre : 3, 60 m, Museo Nacional de Antropologia, Mexico.
Sauf rares exceptions, le Soleil reste essentiellement présenté sous forme masculine. A travers de nombreuses civilisations, il possède les mêmes fonctions, attributs et représentations. Il est avant tout la vie, la lumière. Il évoque la fertilité, vivifie et manifeste les choses. Il peut être destructeur et demandeur de sang. Hélios, Baldr, Lug, Rê... sont autant de Soleils que nous n'avons pas pu évoquer. Aujourd'hui le soleil continue de nous faire rêver et de fasciner. Les astrophysiciens vont le chercher à plusieurs milliers d'années-lumière pour expliquer les origines de l'univers et de la vie sur Terre. Pourtant faites attention avant de vous rendre sur les plages si vous ne souhaitez pas finir à la casserole.
Partons d’abord vers l’antique Mésopotamie qui a connu des civilisations possédant les systèmes d’écriture les plus anciens au monde. Cette région, située entre les fleuves Tigre et Euphrate de l’actuel Irak, a vu la succession des Sumériens, des Assyriens et des Babyloniens entre 5500 et 1750 avant J.-C. Dans la religion sumérienne, Shamash, Soleil, fait partie d’une triade planétaire également composé de Sin (Lune) et Ishtar (Vénus). Shamash est également le dieu de la justice. Il a pour attributs le disque solaire et ses rayons, parfois ailé à l’instar de Râ chez les Egyptiens. Un peu plus tard, il est représenté sous la forme d’un chariot ce qui rappelle le dieu du soleil grec, Apollon, qui parcourait le ciel sur un char. Les jours de notre semaine, hérités du latin, trouvent leur origine dans l’observation astronomique des Sumériens. Ce sont eux qui ont associé le premier jour de la semaine, le dimanche au Soleil. Il en va de même avec les autres jours, chacun honorant un astre différent : Sin, la lune, est célébré en deuxième position et Ishtar, Vénus, en sixième position.

Autre civilisation, autre époque. Le Japon est un pays où les courants de pensée se sont mutuellement nourris. La présence du soleil sur le drapeau du Pays du Soleil levant (Nihon) n’est pas innocente. Le shintoïsme, en dépit de l’introduction du bouddhisme demeure essentiel à qui veut comprendre des codes et des valeurs qui régissent encore la vie quotidienne des Nippons. Chose curieuse : le soleil est une divinité féminine dans le panthéon shinto. Elle a pour nom Amaterasu Omikami et l’Empereur actuel est considéré comme son descendant direct. Amaretasu est la patronne de toutes les divinités shinto appelées kami. Un mythe raconte que la déesse, contrariée, trouva refuge dans une grotte. Les hommes l’en firent sortir en prétendant avoir trouvé une nouvelle déesse. Curieuse, elle sortit. ils lui présentèrent un miroir octogonal en or. Son reflet lui plaisant, elle les rejoignit définitivement et éclaira le monde de sa lumière protectrice et bienfaisante.

Les deux grands jinja (sanctuaires shinto) d'Ise Kôdai jingû et Toyôke Dai jingû sont situés au sud de l’île Honshu. Ces deux derniers forment avec plusieurs autres bâtiments le grand sanctuaire d'Ise dédié à la déesse du soleil. Depuis le septième siècle après J.-C., ils sont rebâtis tous les vingt ans.

Traversons le Pacifique et rendons-nous chez les Aztèques. Comme beaucoup de peuples précolombiens, le Soleil y occupe une place de tout premier ordre. Si Viracocha est le dieu attitré des Incas, l’affaire est plus compliqué chez les Aztèques. Plusieurs divinités possèdent en effet des aspects solaires. Commençons par le dieu Soleil appelé Tonatiuh. Aisément reconnaissable dans les codex précolombiens à ses peintures faciales rouges et jaunes, à son disque solaire dardé de rayons rouges. Curieusement, aucun mythe ne fait allusion à ses hauts faits.

Les Aztèques de la vallée de Mexico-Tenochtitlan identifiaient volontiers le Soleil au dieu tutélaire de leur cité : Huitzilopochtli. Son nom traduit, « Colibri de la gauche » est une métaphore désignant le soleil au zénith. Les peuples du Mexique avaient une conception cyclique de l’univers : ils considéraient notamment que quatre soleils s’étaient succédé avant de disparaître lors de différents cataclysmes naturels. Chez les peuples du Mexique central, un cinquième soleil avait été inauguré et dirigé par Huitzilopochtli.

La vénération que les Aztèques portaient au Soleil, donc à Huitzilopochtli et Tonatiuh, trouve une de ses manifestations les plus fortes à travers la Pierre du Soleil. C'est une sculpture en tout point remarquable. D’abord en raison des ses dimensions imposantes. Ensuite parce qu’elle reprend des éléments très importants aux mythes et rituels aztèques. Enfin pour son lieu de découverte : au pied de la grande pyramide double dédiée pour partie à Huitzilopochtli. Le dieu Tonatiuh est visible dans le disque central de la sculpture où il tire une langue de silex, outil utilisé lors des sacrifices humains. Les quatre Soleil précédents sont représentés sous forme de glyphes encadrant le visage de Tonatiuh.
Six autres cercles viennent se superposer aux deux évoqués à l'instant. Le troisième contient notamment les 20 jours qui se répètent pendant 18 mois. Ajoutés à 5 jours néfastes, ils constituent les 365 jours du calendrier solaire que nous connaissons. Viennent ensuite les 280 jours du calendrier vénusien que les anciens mésoaméricains maîtrisaient parfaitement. Le dernier cercle est sculpté de deux serpents de feu ou xiuhcoatl, double animal de Huitzilopochtli. Les deux créatures sont accolées en haut à un glyphe qui donne la date du Feu nouveau (13 Roseau). Cette date marquait la coïncidence des calendriers solaires et vénusiens et faisait l’objet de rituels sacrificiels très importants. En effet, les Aztèques, et à moindre mesure, les autres peuples d’Amérique centrale, estimaient que l’homme était redevable au Soleil et qu’il fallait donc sacrifier pour que la mécanique céleste suive son chemin.
Cette sculpture, les Mexicains l’ont tous les jours au fond de leur poche : elle est représentée sur une des faces de certaines pièces de monnaie.

Sauf rares exceptions, le Soleil reste essentiellement présenté sous forme masculine. A travers de nombreuses civilisations, il possède les mêmes fonctions, attributs et représentations. Il est avant tout la vie, la lumière. Il évoque la fertilité, vivifie et manifeste les choses. Il peut être destructeur et demandeur de sang. Hélios, Baldr, Lug, Rê... sont autant de Soleils que nous n'avons pas pu évoquer. Aujourd'hui le soleil continue de nous faire rêver et de fasciner. Les astrophysiciens vont le chercher à plusieurs milliers d'années-lumière pour expliquer les origines de l'univers et de la vie sur Terre. Pourtant faites attention avant de vous rendre sur les plages si vous ne souhaitez pas finir à la casserole.
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