Accéder au contenu principal

Des enterrements fouillés en plein centre de Puebla

C'est bien connu : les centre-villes sont souvent de vraies mines d'informations pour les archéologues. Après Mérida qui révèle son ancien passé (voir notre note du 4 décembre), c'est désormais Puebla, capitale de l'état mexicain homonyme qui redécouvre son très lointain passé.

Sous la Casa del Mendrugo, édifice religieux construit pendant la Colonie et utilisé comme bureau de perception par les Jésuites, les archéologues de l'INAH dirigés par Arnulfo Allende ont fait une découverte qui redéfinit la chronologie de l'occupation de cette ville à l'époque préhispanique. Une série de 49 pièces en céramique datées entre les XVIe et XVIIIe siècles a été mise au jour dans la cour centrale de l'édifice. Sous l'un des coins de cette cour, les archéologues ont dégagés plusieurs pavements successifs remontant jusqu'au XVIe siècles.

En creusant plus profondément, un mur de contention préhispanique (probablement d'une ancienne maison) est apparu. A côté de ce dernier les archéologues ont dégagé un pavement de pierres calcaires taillées et cimentées par de la boue. C'est sous ce sol que se trouvaient 26 objets en céramiques noires et blanches et les restes de deux individus.

Le squelette le plus complet est celui d'une femme âgée d'environ 55 ans. Il semblerait que certaines côtes aient été fracturées plus récemment, probablement par les mêmes jésuites qui édifièrent le bâtiment coloniale. Le second dont seul le crâne, les clavicules et les humérus ont été exhumés appartient à un homme. Des analyses ADN seront effectuées sur une molaire afin de déterminer le groupe ethnique des individus.


Crâne de l'enterreent de la Casa del Mendrugo, Puebla.
Préclassique moyen.
Photo de Melitón Tapia-INAH disponible le 6/12/2011 sur : 

Les datations du Préclassique ancien et moyen (entre 1500 et 1200 avant notre ère) ont pu être corroborées par la présence d'une offrande placée à l'intérieur d'une jarre en céramique orange. Elle contient une série de 35 objets : des figurines anthropomorphes de 15 à 18 cm de hauteur et des pectoraux en pierre verte, deux petits miroirs complet et les fragments d'un troisième en magnétite, d'autres figurines féminines incomplètes en céramique, des pectoraux en coquillage, un noyau d'obsidienne noire pour fabriquer des lamelles.


Figurines en pierre verte, style olmèque, Préclassique ancien et moyen.
Casa del Mendrugo, Puebla.
Photo de Melitón Tapia-INAH, disponible le 6/12/2011 sur :
http://inah.gob.mx/images/stories/Multimedia/Fotogalerias/2011/Diciembre/cultura_madre/demo/img/foto2.jpg.

Les caractéristiques iconographiques des figurines en obsidienne sont propres au style dit "olmèque". Cela ne signifie pas nécessairement que Puebla eût été un site olmèque mais cela témoigne de la diffusion de ce style en Mésomarique. Les sites de Chalcatzingo dans l'état voisin de Morelos sont un bon exemple de cette diffusion, tout comme le site de las Bocas, fouillé par María de la Cruz Paillés Hernández dans l'état de Puebla. Cependant, comme nous l'indiquions au début de cette note, c'est toute la chronologie de la zone qui s'en trouve bouleversée.

Bibliographie complémentaire.
Paillés Hernández. M. 2003. Proyecto Arqueológico Las Bocas, Puebla. FAMSI. Disponible en ligne le 6/12/2011 sur : http://www.famsi.org/reports/99041es/index.html .

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Des restes humains anciens découverts sur le site de la Morita, Nuevo León

Des archéologues ont mené des recherches dans la grotte préhistorique La Morita II, à Nuevo León, lors de la phase II et III de la saison de fouilles 2023-2024. Ils ont découvert des restes humains datant de 2 500 à 3 000 ans avant notre ère, accompagnés de fragments de vannerie, de textiles et de fibres, probablement issus du linceul qui les enveloppait.  Fouilles des phases II et III, La Morita, Nuevo León. Photo : Moisés Valadez, INAH. L'exploration, menée par l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire (INAH) et le Centre INAH Nuevo León, a également permis de trouver des ustensiles et des outils à usage domestique-rituel. Selon l'archéologue Moisés Valadez Moreno, les restes humains comprennent des phalanges, des métatarsiens, un cubitus, un humérus, plusieurs côtes et des dents, correspondant probablement à un bébé et deux adolescents en raison de la présence d'os de petite taille. Il est probable que les restes aient été délibérément démembrés et d...

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir...

Guiengola : Une cité zapotèque révélée par le LiDAR

L'archéologie, cette quête passionnante du passé, se réinvente constamment grâce aux avancées technologiques. Aujourd'hui, c'est le LiDAR (Light Detection and Ranging), une technologie de télédétection par laser, qui nous offre un aperçu fascinant d'une civilisation méconnue : les Zapotèques de la période Postclassique tardive (environ 1200-1521 après J.-C.). Le site de Guiengola, au sud-est de l'État d'Oaxaca au Mexique, a récemment révélé ses secrets grâce à cette technologie révolutionnaire.  Avant l'utilisation du LiDAR, Guiengola était un site archéologique peu connu, partiellement exploré par des méthodes traditionnelles. La végétation dense et le terrain accidenté rendaient les explorations difficiles et limitaient notre compréhension de ce qui pouvait se cacher sous la surface. Mais l'arrivée du LiDAR a changé la donne.  Fig. 1. Carte du site archéologique de Guiengola, Oaxaca. L'avantage du LiDAR est sa capacité à couvrir de vastes zon...