Accéder au contenu principal

De la lecture tronquée des statistiques

La publication de statistiques officielles sur l'affluence des touristes dans la zone archéologiques mexicaines fait lieu d'une lecture raccourcie et biaisée de la part de l'INAH. Passons sur le fait que la publication n'est pas dénotée d'influence politicienne. Une fenêtre émergente sur le site de l'INAH (et d'autres sites gouvernementaux) nous rappelle

"... doit être suspendue la diffusion dans les médias de communication sociales de toute propagande gouvernementale. C'est pour cette raison que du 30 mars au 1er juillet inclus, l'accès aux sections contenant la diffusion de programmes, actions, travaux et réussite du gouvernement."
Cette publication est en contradiction totale avec la loi mexicaine. Car le tableau publié dans ce bulletin propose bien des chiffres lues de manière biaisée et partiale. A lire le titre, on pourrait croire que le nombre de visiteurs a augmenté partout, ce qui est loin d'être le cas. D'ailleurs le bulletin reconnaît qu'au total, de janvier à avril 2012, l'affluence de visiteurs nationaux et étrangers dans les sites archéologiques et les musées du pays s'est élevée à 6967166 de personnes, chiffre qui représente une baisse de 0.51 % par rapport à la même période pour 2011


Mais la baisse est encore plus significative quand on prend en compte uniquement les visiteurs en zone archéologique. Ce sont environ 400000 entrées nationales de moins soit 12,38 % de baisse pour seulement 1,47 % de hausse pour les visiteurs étrangers !  Pas aussi glorieux que le titre de la note veut bien le faire croire. Personnellement, je considère cette baisse comme une bénédiction: Alfredo Barrera Rubio, ancien délégué de l'INAH Yucatan, avait récemment mis en garde contre la surexploitation touristique des sites archéologiques yucatèques et les dégradations qu'ils subissent continuellement.

Prenons l'emblématique cas de Chichen Itza, un des sites les plus visités au Mexique avec Teotihuacan :  - 1,9 % de nationaux, -27,5 % d'étrangers si on compare avec la même période en 2011. Comment exliquer une telle baisse sur ce site ? Il ne fait aucun doute que la politique d'augmentation des tarifs imposée par CULTUR, polémique structure privée et publique dirigée par un proche de la gouverneure Ivonne Ortega (PRI), a atteint ses limites et a découragé plus d'un visiteur mexicain et étranger à payer 200 pesos par personne (environ 10 €) ! Imaginez une famille avec les parents et deux enfants plus les grands-parents, on atteint 1000 pesos (50 €) sans compter le parking, les restaurants et les souvenirs ! Il est évident que l'affluence vers des sites proches comme Ek Balam augmente, même si l'entrée à Ek Balam a elle aussi vu son prix croître. Mais cela ne permet pas une récupération. Curieusement le site de Coba, situé à 80 kms de Chichen Itza, a vu sa fréquentation étrangère augmenter de 35 % et la locale baisser de 26,4 %.

Pourquoi publier un article avec un titre aussi trompeur, voir mensonger ? Il est évident que les politiques et notamment le parti présidentiel se doivent de montrer des chiffres favorables quant à la fréquentation touristique afin de favoriser leurs candidats respectifs pour les élections générales (présidentielle et législative) qui auront lieu le 1er juillet prochain. Mais le détournement de la loi ne saurait être justifié.

Pour en savoir plus.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Des restes humains anciens découverts sur le site de la Morita, Nuevo León

Des archéologues ont mené des recherches dans la grotte préhistorique La Morita II, à Nuevo León, lors de la phase II et III de la saison de fouilles 2023-2024. Ils ont découvert des restes humains datant de 2 500 à 3 000 ans avant notre ère, accompagnés de fragments de vannerie, de textiles et de fibres, probablement issus du linceul qui les enveloppait.  Fouilles des phases II et III, La Morita, Nuevo León. Photo : Moisés Valadez, INAH. L'exploration, menée par l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire (INAH) et le Centre INAH Nuevo León, a également permis de trouver des ustensiles et des outils à usage domestique-rituel. Selon l'archéologue Moisés Valadez Moreno, les restes humains comprennent des phalanges, des métatarsiens, un cubitus, un humérus, plusieurs côtes et des dents, correspondant probablement à un bébé et deux adolescents en raison de la présence d'os de petite taille. Il est probable que les restes aient été délibérément démembrés et d...

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir...

Guiengola : Une cité zapotèque révélée par le LiDAR

L'archéologie, cette quête passionnante du passé, se réinvente constamment grâce aux avancées technologiques. Aujourd'hui, c'est le LiDAR (Light Detection and Ranging), une technologie de télédétection par laser, qui nous offre un aperçu fascinant d'une civilisation méconnue : les Zapotèques de la période Postclassique tardive (environ 1200-1521 après J.-C.). Le site de Guiengola, au sud-est de l'État d'Oaxaca au Mexique, a récemment révélé ses secrets grâce à cette technologie révolutionnaire.  Avant l'utilisation du LiDAR, Guiengola était un site archéologique peu connu, partiellement exploré par des méthodes traditionnelles. La végétation dense et le terrain accidenté rendaient les explorations difficiles et limitaient notre compréhension de ce qui pouvait se cacher sous la surface. Mais l'arrivée du LiDAR a changé la donne.  Fig. 1. Carte du site archéologique de Guiengola, Oaxaca. L'avantage du LiDAR est sa capacité à couvrir de vastes zon...