Accéder au contenu principal

Etudes bioanthropologiques à San Miguelito, Quintana Roo

La récente inauguration du Museo maya de Cancun a mis le petit site de San Miguelito sous le feu des projecteurs. Sandra Elizalde, archéologue en charge des fouilles, des restaurations et de l'étude de San Miguelito, bénéficie enfin d'une tribune digne des recherches qu'elle mène. L'INAH a publié dernièrement un bulletin sur une analyse bioanthropologique des restes de 47 enterrements retrouvés sur ce site. Pour être plus précis, ils avaient été déposés sous le sol de 11 constructions de type habitationnel, alors que le Yucatan était progressivement conquis par les Espagnols, coupant ainsi les routes commerciales, terrestres et maritimes, autour du Yucatan.

Les rapports médico-légaux font état de 30 enfants âgés entre 3 et 6 ans. Elizalde en conclut une forte mortalité infantile, très probablement provoquée par la multrition et la famine qui semble avoir frappé la côte orientale de la péninsule du Yucatan. Corrolaire de cette malnutrition, le mobilier funéraire accompagnant les défunts est limité autant en nombre qu'en qualité : les archéologues ont notamment retrouvé une figurine en céramique en forme de colibri et une seconde représentant une femme au visage ridé.

Des 17 enterrements restant, deux ont été effectué à des urnes en céramique. Si certains ossements restent encore à identifier, d'autres offrent quelques certitudes comme cet enterrement accompagné de bois de cervidés, d'un couteau et de pointes de projectile.

Les fouilles entreprises depuis 2010 ont permis de retrouver deux phases de construction : la première remonterait entre 1200 et 1350 de notre ère. La seconde phase présentent des similitudes architecturales avec les sites de Tulum, Xelha et Xcaret. San Miguelito formait très probablement un seul site avec El Rey. Idéalement situé à l'entrée de la lagune Nichupté, il faisait partie de cette ceinture de centres d'échanges et se trouvait sur les routes de cabotage opérant autour de la péninsule du Yucatan. 

San Miguelito compte 40 bâtiments répertoriés : 14 ont été restaurés pour permettre leur visite, couplée à celle du musée.  Ils sont répartis en cinq ensembles :
  • la grande pyramide, de douze mètres de côté,
  • l'ensemble Sud
  • l'ensemble Dragon
  • l'ensemble Chaac
  • l'ensemble Nord où ont été exhumés les 47 enterrements.
Un bâtiment, apparenté à un palais, comptait notamment deux représentations en relief de la divinité postclassique Chac et un autel où a été découvert une vaisselle scellée par une pierre. A l'intérieur, une microfouille a permis l'identification d'un éclat d'obsidienne, une pointe de projectile en silex, une hachette et des billes faites de différents matériaux.

Enfin un pendentif en nacre long de 5 cm contient un visage masculin gravé : son profil laisse penser qu'il est originaire du centre du Mexique. Différents outils en pierre, des blocs d'obsidienne non taillés et originaire du Guatemala, des objets en pierre et en nacre et des pièces en céramique grossièrement travaillées figurent au catalogue.

Pour en savoir plus, vous pouvez observer le diaporama disponible sur le site de l'INAH. En ce qui concerne les routes mayas de navigation, vous pouvez consulter le numéro 33 de la revue Arqueologia Mexicana.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir

Le Codex de Florence disponible en haute résolution

La Bibliothèque Numérique Mondiale est une alternative intéressante à la diffusion du patrimoine littéraire universel. C'est dans ce cadre que la Bibliotèque laurentienne a autorisé la numérisation de cet ouvrage si important pour les chercheurs sur le Mexique ancien. Il est désormais possible de consulter électroniquement le texte bilingue nahuatl-castillan et les illustrations qui accompagnaient chaque livre. Bonne lecture ! Références : Bernardino de Sahagún (2012). Codex de Florence . [En ligne] Disponible sur : http://www.wdl.org/fr/item/10096/#q=Codex+de+Florence&view_type=list&search_page=1&qla=fr. [Dernier accès 02/09/2013].