Accéder au contenu principal

Débats sur les sculptures récemment découvertes à Tonina

Il y a une semaine environ, l'INAH et plusieurs journaux mexicains annoncaient la découverte de deux nouvelles sculptures sur le site chiapanèque de Tonina en mai dernier par l'équipe de Juan Yadeun. Voici une courte video qui résume en espagnol cette invention faite au sud du terrain de jeu de balle de Tonina.


Selon Yadeun, les guerriers prisionniers et sacrifiés seraient originaires de Copan, une importante cité maya du Classique située au Salvador. Ils portaient notamment des bandes de tissus sur les oreilles, à la place des traditionnels boucles en jade qui  les ornaient, indiquant ainsi leur statut de captifs, tout comme leurs mains attachés dans le dos. Chaque statut a une hauteur d'1,5 m. Ils auraient été sujets du K’uy  Nic  Ajaw, seigneur de Copan.

Afficher Zones archéologiques présentées sur Mexique Ancien sur une carte plus grande.

Datées d'environ 1300 ans, ces deux sculptures étaient dans un état fragmentaire, à l'instar de deux grandes tables qui servaient probablement de marqueurs du terrain de jeu de balle. Les inscriptions corroboreraient l'alliance Palenque-Copan contre Tonina (Popo selon son ancien nom) lors d'une guerre qui dura 26 ans. Les inscriptions feraient également mention d'usage de feu et de fumée lors du sacrifice de ces individus, suggérant un rituel d'inauguration de la nouvelle phase du terrain de jeu de balle.


Marqueur du terrain de jeu de balle, Classique, Maya, Tonina, Chiapas.
Photo INAH, disponible le 19/07/2011 sur : 


Sculptures de captifs, Classique tardif, Maya, Tonina, Chiapas.
Photo INAH, disponible le 19/07/2011 sur : 

L'INAH a mis à disposition du public un diaporama des sculptures découvertes et analysées par Tadeun. Nous reproduisons plusieurs clichés pour cette note.


Vue de l'acropole de Tonina, Chiapas.
Photo : INAH, disponible le 19/07/2011 sur 


Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si le Dr David Stuart, épigraphe et mayiste patenté de l'University of Texas at Austin, n'avait publié une longue note sur son carnet où il se démarque de la lecture proposée par Yadeun. Généralement, les avis de Stuart font généralement foi auprès de la communauté des épigraphes. Stuart estime que les prisonniers représentés seraient plutôt originaires de Palenque que de Copan. Le corps de la sculpture la plus complète comporte une série de huit glyphes qu'on peut en partie observer sur cette photo de Moyses Zuniga pour Associated Press.


Captif, Maya, Classique tardif, Tonina, Chiapas.

Les deux glyphes sur les épaules marqueraient le début et la fin de la séquence suivante : 
uxlajuun(-eew) buluch winikij
k’altuun ta Juun Ajaw
i uht ochk’ahk’ ta ?n
Buk’ ? bolon eht?
Buk'? serait un nom également visible sur le monument 145 de Tonina : il fait référence à un guerrier fait prisonnier le 6 octobre 692, date également inscrite sur le monument 172 pour rappeler la défaite de Palenque. De fait, Stuart doute énormément de l'implication de Copan dans le conflit qui opposa Palenque et Tonina.

Deux interprétations des mêmes données : il serait intéressant de voir les réactions d'autres épigraphes.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Des restes humains anciens découverts sur le site de la Morita, Nuevo León

Des archéologues ont mené des recherches dans la grotte préhistorique La Morita II, à Nuevo León, lors de la phase II et III de la saison de fouilles 2023-2024. Ils ont découvert des restes humains datant de 2 500 à 3 000 ans avant notre ère, accompagnés de fragments de vannerie, de textiles et de fibres, probablement issus du linceul qui les enveloppait.  Fouilles des phases II et III, La Morita, Nuevo León. Photo : Moisés Valadez, INAH. L'exploration, menée par l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire (INAH) et le Centre INAH Nuevo León, a également permis de trouver des ustensiles et des outils à usage domestique-rituel. Selon l'archéologue Moisés Valadez Moreno, les restes humains comprennent des phalanges, des métatarsiens, un cubitus, un humérus, plusieurs côtes et des dents, correspondant probablement à un bébé et deux adolescents en raison de la présence d'os de petite taille. Il est probable que les restes aient été délibérément démembrés et d...

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir...

Guiengola : Une cité zapotèque révélée par le LiDAR

L'archéologie, cette quête passionnante du passé, se réinvente constamment grâce aux avancées technologiques. Aujourd'hui, c'est le LiDAR (Light Detection and Ranging), une technologie de télédétection par laser, qui nous offre un aperçu fascinant d'une civilisation méconnue : les Zapotèques de la période Postclassique tardive (environ 1200-1521 après J.-C.). Le site de Guiengola, au sud-est de l'État d'Oaxaca au Mexique, a récemment révélé ses secrets grâce à cette technologie révolutionnaire.  Avant l'utilisation du LiDAR, Guiengola était un site archéologique peu connu, partiellement exploré par des méthodes traditionnelles. La végétation dense et le terrain accidenté rendaient les explorations difficiles et limitaient notre compréhension de ce qui pouvait se cacher sous la surface. Mais l'arrivée du LiDAR a changé la donne.  Fig. 1. Carte du site archéologique de Guiengola, Oaxaca. L'avantage du LiDAR est sa capacité à couvrir de vastes zon...