Quelques semaines après sa parution dans les kiosques mexicains, nous vous proposons une rapide rétrospective du dernier numéro de la revue publiée par l'INAH. Hasard du calendrier (ou pas?), cette publication coïncide avec l'inscription de Calakmuk comme bien mixte (naturel et culturel) sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO. Ceci étant dit, penchons-nous un peu plus sur le contenu de cette revue qui met à jour bon nombre de données et d'informations présentées dans le numéro 18, aujourd'hui épuisé.
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des contenus exclusifs. Vos commentaires seront donc plus qu’appréciés pour
débattre sur le contenu de ce numéro.
Le dossier de ce numéro débute avec une présentation générale du site par Ramón Carrasco, directeur du Projet Calakmul.
Dans
son article intitulé “La ciudad de Calakmul”, Eduardo Salvador Rodríguez,
archéologue du Projet Calakmul, revient sur l’organisation de la ville à la
lumière des fouilles qui se sont déroulées au cours des vingt dernières années.
Dans
une étude épigraphique de différentes stèles, marches et sculptures, Rogelio
Valencia Rivera et Octavio Esparza proposent de nouvelles hypothèses quant à
l’histoire de Calakmul, reposant en particulier sur le glyphe Chatahn, lignage
présent dans d’autres sites comme Dzibanché, actuellement situé au Quintana
Roo. Ce lignage aurait été présent aux côtés d’un autre, Kaanu’l.
Non
content d’avoir rédigé l’article introduisant l’archéologique à Calakmul, Ramón
Carrasco a rédigé deux autres articles en collaboration avec María Cordeiro,
directrice de la conservation et de la restauration du Projet Calakmul. Dans un
premier papier, les deux chercheurs relèvent les difficultés qu’ils ont connues
pour consolider la Structure II. Ils expliquent comment les méthodes de travail
ont dû être adaptées à ce contexte archéologique et ont finalement modifié
l’histoire et l’idéologie des anciens habitants de Calakmul. L’analyse
iconographico-architectural repose sur les flancs de la Structure Sub
II-C : « Il n’y a pas dans cette forme de pensée, d’opposition entre
vie et mort comme ciel et enfer, et pour
cela, il n’y a pas de place pour les dieux ni les divinités bénévoles pas plus
que pour les démons ni les êtres malveillants. Pour les anciens Mésoaméricains,
la mort n’est ni une récompense, ni une punition comme pour les
Occidentaux : c’est simplement un état. »
Les
mêmes auteurs reviennent aussi sur les travaux de conservation des peintures
murales du Chick Naab. Datées du VIIe siècle, elles sont soumises depuis leur
découverte à des conditions extrêmes de chaleur et d’humidité . Mettant en
scène des hommes et des femmes effectuant différents rituels, les peintures du
Chick Naab ont requis de nouvelles stratégies de restauration pour garantir
leur conservation.
Archéologue
du Projet Calakmul, Mario Zimmerman présente un résumé des travaux de
restauration et consolidation effectués l’année dernière sur la Structure III.
Explorée il y a une trentaine d’années par des archéologues de l’Université de
Campeche, la Structure III a révélé la présence de trous de poteaux lors du
retrait de ciments de la base pyramidale. Grâce à cette découverte, les
archéologues pense que la plateforme était recouverte d’un toit en matériaux
périssable, redéfinissant l’utilisation des espaces. D’autre part, à l’instar
d’autres constructions, la Structure III compte une phase antérieure : le
remblais utilisé a favorisé une bonne conservation des masques en stuc peint
situés de part et d’autre de l’ancien escalier principal. On peut dire
« bonne » dans la mesure où, comme cela était souvent l’usage des
anciennes cultures préhispaniques, il était courant de « tuer »
rituellement l’ancienne phase. Dans ce cas, les masques en stuc ont été
volontairement mutilés. Cela n’a pas empêché une datation qui remonterait au
Protoclassique.
L’article
suivant s’intéresse à la céramique de Calakmul découverte dans différents
contextes (funéraire ou domestique). Sylviane Boucher, responsable de la
céramothèque de l’INAH Yucatan, observe la présence répétée du jeune dieu du
maïs et ses liens avec d’autres éléments iconographiques comme le crâne dont il
peut renaître ou la tortue.
En
marge de ce dossier très complet, le lecteur appréciera une série
d’observations intéressantes faites par Guillermo Bernal Romero sur le tableau
Est de l’Édifice 1 du groupe XVI de Palenque. L’épigraphe du Centre d’Études
Mayas de l’UNAM propose une lecture reposant sur un cycle de 63 jours, le
rituel de production du feu en relation avec un dieu-patron calendaire, le Dieu
N Zarigüella, vieille connaissance présentée par Alfredo López Austin dans ses Mythes de l’oppossum.
Parallèlement
à tous ces travaux mayistes, on lira avec curiosité le travail de Javier Urcid,
spécialiste des cultures d’Oaxaca, sur le monolithe dit de l’hôpital Demetrio
Mayoral Pardo. L’auteur retrace le parcours chaotique de ce bloc taillé de
plusieurs glyphes et propose de les voir comme des glyphes onomastiques faisant
allusion à des généalogies.
Comme
souvent dans Arqueología mexicana, il est d’usage de lire un article
d’anthropologie physique, science ouvrant des perspectives très intéressantes
pour les archéologues et les historiens. Dans ce numéro, Leticia González
Arratia, Josefina Mansilla Lory et Ilán Leboreiro Reyna exposent les résultats
de leurs analyses de trois paquets mortuaires découverts aux alentours de
Cuatro Ciénegas, au milieu du désert de Coahuila. L’aridité du milieu a permis
une bonne conservation des tissus humains et textiles : les analyses ont
révélé qu’il s’agissait d’enfants en très bas âge.
Le
chercheur argentin Daniel Schavelzón propose un travail intéressant de
l’histoire de l’archéologie de Teotihuacan . la réutilisation d’une grille en
fer forgé datant du XVIIe siècle pour consolider une section des édifices
préhispaniques appelés Souterrains par Leopoldo Batres. Il s’agit d’une
réflexion plus vaste que les techniques de conservation et restauration à la
fin du XIXe siècle.
Mentionnons
enfin les rubriques récurrentes de la revue en commençant par la série
d’Eduardo Matos Moctezuma sur les sculptures perdues de Tlatelolco :
l’auteur s’attache comme toujours à démêler légendes urbaines et vérités.
D’autre part, la chronique de Xavier Noguez présente le Codex de Xicotepec, document racontant l’histoire de cette commune
située dans l’état de Puebla et étudié en son temps par Guy Stresser-Péan.
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