Depuis quelques jours, on peut trouver en librairie le dernier numéro d'Arqueología mexicana dont le dossier central a pour thème Coyoacan. Mais cette revue est également disponible sous forme d'une application à télécharger gratuitement sous Android et Appstore. Il vous faudra ensuite débourser 3,5 euros pour acheter chaque numéro virtuellement et même bénéficier de quelques extras.
Ceci dit, votre serviteur étant un amoureux du papier, il va sans dire que je prends plus de plaisir à parcourir les feuilles, notamment pour un numéro encore consacré au centre du Mexique mais dans une perspective peu connue. En effet si Coyoacan est bien connue des touristes en goguette, amateurs de Frida Kahlo ou de Diego Rivera, beaucoup ignorent son passé préhispanique et colonial (comme beaucoup de Coyoacanos d'ailleurs). L'occasion est trop belle pour ne pas manquer ce numéro.
Commençons ce compte-rendu en mettant en valeur les articles qui gravitent autour de ce thème central. Dans les dernières pages, on lira avec plaisir et intérêt l'article qu'Éric Taladoire a cosigné avec Jane McLaren Walsh sur la figure controversée de José María Melgar y Serrano : comme beaucoup d'explorateurs-voyageurs-collectionneurs, Melgar y Serrano est une figure ambiguë, à la fois découvreur de sites de grand importance et délinquant contre son propre pays. Taladoire poursuit sa série de réflexion sur l'histoire de l'archéologie mexicaine et son dernier apport est comme toujours bien documenté et suffisamment digérable pour attirer l'attention du lecteur.
L'archéologie française est également présente à travers l'article fouillé de Brigitte Faugère sur les figurines en terre cuite de Chupícuaro, au Guanajuato. La chercheuse de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne propose un questionnement sur l'origine et les utilisations de figurines découvertes dans des contextes domestiques et cérémoniels. Elle revient en particulier sur un contexte funéraire découvert à San Cayetano.
On retrouve les rubriques habituelles de la revue. Tout d'abord Eduardo Matos Moctezuma sur les statues dites "Indiens verts" visibles près de la station de métro homonyme à Mexico. De son côté, Xavier Noguez présente des documents datant du XVIe siècle : intitulés Cartes de Mazapan, il s'agit de cartes représentant Teotihuacan dans les premières décennies de la Conquête. Un trésor pour les historiens et les ethnohistoriens. Dans la rubrique "Archéologues mexicains à l'étranger", Linda Manzanilla nous propose un résumé fort complet de ses recherches sur le site bolivien de Tiwanaku.
Le dossier se présente de manière chronologique : José Ignacio Sánchez Alaníz, director del Proyecto Copilco, retrace les différentes campagnes de fouilles commencées il y a près d'un siècle sous la direction de Manuel Gamio. Copilco se trouve sur la coulée de lave du volcan Ixtle qui en son temps recouvrit Cuicuilco. Elles ont permis d'établir une chronologie céramique du site qui remonte au Préclassique.
Emma Marmolejo Morales et Margarita Treviño y Acuña proposent un article un peu plus approfondi sur les archéologues qui ont mis en place des fouilles systématiques à Copilco : Nutall, Gamio, Beyer, Kroeber se sont succédé au Pedregal dans la premier quart du XXe siècle.
Efraín Flores López et María del Carmen Solanes Carraro présentent les fouilles les plus récentes effectués à Copilco. Ce site est de grande importance pour les archéologues car il n'a pas été détruit par l'avancée de la ville à la différence de nombreux autres sites qui n'ont pas pu y résister. Les fouilles ont notamment permis de retrouver des outils datant du Préclassique.
Copilco est situé à proximité de Coyoacan. Juan Cervantes Rosado, María de la Luz Moreno Cabrera et Alejandro Meraz Moreno ont rédigé un résumé des résultats de leurs travaux effectués sur les vestiges architecturaux et les restes céramiques retrouvés dans le centre de Coyoacán, notamment dans le quartier de l'Immaculée Conception, la Place Hidalgo et le Jardin Centenaire. Ils ont pu établir une séquence d'occupation de la zone remontant au Formatif moyen, soit 800 ans avant Jésus Christ.
Pour les amateurs d'ethnohistoire et ethnographie religieuse, ce numéro d'Arqueología mexicana propose trois articles. Le premier est l’œuvre de Gilda Cubillo Moreno. L'auteur explique clairement comment cette chèferie tépanèque est devenue la grande juridiction coloniale de Coyoacan, insistant sur la quantité et la variété de documents disponibles.
Le second article revient sur l'importance de Huitzilopochco. Aujourd'hui connu comme Churubusco, ce point était un lieu de passage obligé : il était situé sur les rives de la partie la plus étroite de la lagune et servait de source pour des rivières avoisinantes. Cet altepetl était un des neuf soumis directement à Tenochtitlan. Étymologiquement "Lieu d'Huitzilopochtli", il hébergeait aussi un des quatre principaux lignages tenochca, avait une population reconnue de marchands et jouait un rôle cruciale lors des rituels de Panquetzalitzli, vingtaine dédiée à Huitzilopochtli.
Enfin le papier de Teresa Eleazar Serrano Espinosa constitue une plongée très intéressante dans les documents qui expliquent les origines de la confrérie de Notre Dame du Carmen et le saint Scapulaire de San Ángel, quartier huppé aujourd'hui de Coyoacan. L'article détaille les origines mais également le fonctionnement de cette confrérie.
Il est aussi question de religion dans le texte proposée par Jaime Abundis : cet autodidacte nous propose une plongée dans les processus d'évangélisation de la région de Coyoacan au XVIe siècle. Grâce à de récents sauvetages archéologiques et l'étude récente de certains documents ecclésiastiques, l'auteur met en exergue l'importance des frères missionnaires franciscains et dominicains dans ce processus.
Dans un article relativement court, Emma Pérez-Rocha expose comment le tribut et le service personnel était organisé dans la Coyoacan coloniale. Gilda Cubillo Moreno complète ce panorama socio-économique de Coyoacán en s'intéressant aux différents groupes démographiques et ethniques à la fin du XVIIIe siècle. Elle met notamment en évidence le système des castes, la présence d'une population majoritairement autochtones, une industrie textile particulièrement développée et l'importance des confréries.
Ceci dit, votre serviteur étant un amoureux du papier, il va sans dire que je prends plus de plaisir à parcourir les feuilles, notamment pour un numéro encore consacré au centre du Mexique mais dans une perspective peu connue. En effet si Coyoacan est bien connue des touristes en goguette, amateurs de Frida Kahlo ou de Diego Rivera, beaucoup ignorent son passé préhispanique et colonial (comme beaucoup de Coyoacanos d'ailleurs). L'occasion est trop belle pour ne pas manquer ce numéro.
Commençons ce compte-rendu en mettant en valeur les articles qui gravitent autour de ce thème central. Dans les dernières pages, on lira avec plaisir et intérêt l'article qu'Éric Taladoire a cosigné avec Jane McLaren Walsh sur la figure controversée de José María Melgar y Serrano : comme beaucoup d'explorateurs-voyageurs-collectionneurs, Melgar y Serrano est une figure ambiguë, à la fois découvreur de sites de grand importance et délinquant contre son propre pays. Taladoire poursuit sa série de réflexion sur l'histoire de l'archéologie mexicaine et son dernier apport est comme toujours bien documenté et suffisamment digérable pour attirer l'attention du lecteur.
L'archéologie française est également présente à travers l'article fouillé de Brigitte Faugère sur les figurines en terre cuite de Chupícuaro, au Guanajuato. La chercheuse de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne propose un questionnement sur l'origine et les utilisations de figurines découvertes dans des contextes domestiques et cérémoniels. Elle revient en particulier sur un contexte funéraire découvert à San Cayetano.
On retrouve les rubriques habituelles de la revue. Tout d'abord Eduardo Matos Moctezuma sur les statues dites "Indiens verts" visibles près de la station de métro homonyme à Mexico. De son côté, Xavier Noguez présente des documents datant du XVIe siècle : intitulés Cartes de Mazapan, il s'agit de cartes représentant Teotihuacan dans les premières décennies de la Conquête. Un trésor pour les historiens et les ethnohistoriens. Dans la rubrique "Archéologues mexicains à l'étranger", Linda Manzanilla nous propose un résumé fort complet de ses recherches sur le site bolivien de Tiwanaku.
Le dossier se présente de manière chronologique : José Ignacio Sánchez Alaníz, director del Proyecto Copilco, retrace les différentes campagnes de fouilles commencées il y a près d'un siècle sous la direction de Manuel Gamio. Copilco se trouve sur la coulée de lave du volcan Ixtle qui en son temps recouvrit Cuicuilco. Elles ont permis d'établir une chronologie céramique du site qui remonte au Préclassique.
Emma Marmolejo Morales et Margarita Treviño y Acuña proposent un article un peu plus approfondi sur les archéologues qui ont mis en place des fouilles systématiques à Copilco : Nutall, Gamio, Beyer, Kroeber se sont succédé au Pedregal dans la premier quart du XXe siècle.
Efraín Flores López et María del Carmen Solanes Carraro présentent les fouilles les plus récentes effectués à Copilco. Ce site est de grande importance pour les archéologues car il n'a pas été détruit par l'avancée de la ville à la différence de nombreux autres sites qui n'ont pas pu y résister. Les fouilles ont notamment permis de retrouver des outils datant du Préclassique.
Copilco est situé à proximité de Coyoacan. Juan Cervantes Rosado, María de la Luz Moreno Cabrera et Alejandro Meraz Moreno ont rédigé un résumé des résultats de leurs travaux effectués sur les vestiges architecturaux et les restes céramiques retrouvés dans le centre de Coyoacán, notamment dans le quartier de l'Immaculée Conception, la Place Hidalgo et le Jardin Centenaire. Ils ont pu établir une séquence d'occupation de la zone remontant au Formatif moyen, soit 800 ans avant Jésus Christ.
Pour les amateurs d'ethnohistoire et ethnographie religieuse, ce numéro d'Arqueología mexicana propose trois articles. Le premier est l’œuvre de Gilda Cubillo Moreno. L'auteur explique clairement comment cette chèferie tépanèque est devenue la grande juridiction coloniale de Coyoacan, insistant sur la quantité et la variété de documents disponibles.
Le second article revient sur l'importance de Huitzilopochco. Aujourd'hui connu comme Churubusco, ce point était un lieu de passage obligé : il était situé sur les rives de la partie la plus étroite de la lagune et servait de source pour des rivières avoisinantes. Cet altepetl était un des neuf soumis directement à Tenochtitlan. Étymologiquement "Lieu d'Huitzilopochtli", il hébergeait aussi un des quatre principaux lignages tenochca, avait une population reconnue de marchands et jouait un rôle cruciale lors des rituels de Panquetzalitzli, vingtaine dédiée à Huitzilopochtli.
Enfin le papier de Teresa Eleazar Serrano Espinosa constitue une plongée très intéressante dans les documents qui expliquent les origines de la confrérie de Notre Dame du Carmen et le saint Scapulaire de San Ángel, quartier huppé aujourd'hui de Coyoacan. L'article détaille les origines mais également le fonctionnement de cette confrérie.
Il est aussi question de religion dans le texte proposée par Jaime Abundis : cet autodidacte nous propose une plongée dans les processus d'évangélisation de la région de Coyoacan au XVIe siècle. Grâce à de récents sauvetages archéologiques et l'étude récente de certains documents ecclésiastiques, l'auteur met en exergue l'importance des frères missionnaires franciscains et dominicains dans ce processus.
Dans un article relativement court, Emma Pérez-Rocha expose comment le tribut et le service personnel était organisé dans la Coyoacan coloniale. Gilda Cubillo Moreno complète ce panorama socio-économique de Coyoacán en s'intéressant aux différents groupes démographiques et ethniques à la fin du XVIIIe siècle. Elle met notamment en évidence le système des castes, la présence d'une population majoritairement autochtones, une industrie textile particulièrement développée et l'importance des confréries.
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