Le quotidien mexicain La Jornada propose sur son site internet un entretien très intéressant avec l'archéologue José Álvaro Barrera Rivera. Travaillant avec Alicia Islas sur une thèse de licence à l'Escuela Nacional de Antropologia e Historia, il est revenu en détail sur une découverte qui a demandé plusieurs années de travail documentaire pour être validée.
Tout commence dans le cadre du Programa de Arqueología Urbana (Plan d'Archéologie Urbaine ou PAU). En 1991, Eduardo Matos Moctezuma met en place un système de fouilles dont l'objectif est de préparer et d'effectuer des fouilles de sauvetages dans les sous-sols de la ville de Mexico. C'est notamment ce projet qui a permis de retrouver les restes du Calmecac et du Temple de Quetzalcoatl cette année. Depuis sa création le PAU a d'ailleurs permis de retrouver 50 des 78 bâtiments énumérés par le moine franciscain Bernardino de Sahagun (2000 : II, 271-281).
Voici un dessin qui permettra de situer ce fameux terrain de jeu de balle, long de 50 m et large de 6 m. Il est daté du Postclassique tardif et plus particulièrement entre 1486 et 1502. (Lopez Austin et Lopez Lujan, 2010 : tableau 5, p. 213 ; Matos Moctezuma, 2008 : 186). Ces deux dates correspondent au règne d'Ahuizotl, dont Leonardo Lopez Lujan a fait l'un des personnages possiblement enterrés sous le monolithe de Tlaltecuhtli. Sur ce schéma, (ill. 1) le Tezcatlachco (Jeu de balle du miroir en nahuatl classique) est situé presque aussi au coin de l'enceinte sacrée, directement au sud de la Pyramide double.
Selon les travaux de Barrera Rivera et Islas, la structure se trouvait au carrefour des rues Licenciado Verdad et Moneda et s'étendait sous le Palais National et l'ancien archevêché. Voici une petite carte sur Googlemaps qui permet de situer le périmètre de la recherche (ill. 2).
Barrera Rivera et Islas ont passablement étudié les différents textes référant à cet endroit. L'oeuvre qui a servi de point de départ à cette recherche est le Codex de Florence et sa version tardive qu'est l'Historia general de las cosas de Nueva España :
On peut comprendre que des prisonniers de guerre étaient sacrifiés le jour 2 Roseau sur ce terrain, situé entre les pyramides. Il ne faut pas oublier qu'un autre terrain de jeu de balle connu sous le nom de teutlachco, aux dimensions plus importantes (Sahagun, 2000 : II, 250). Il était situé près du tzompantli (râtelier de crânes de victimes sacrifiés). Ome acatl était le jour de la dixième fête mobile : on y faisait des offrandes au dieu homonyme ainsi qu'à Tezcatlipoca (Sahagun, 2000 : II, 172; ill. 3). Des esclaves étaient sacrifiés sur le Quauhxicalco et leur tête placé sur un tzompantli annexe. C'est sur le tezcatlachco qu'on sacrifiait le personnificateur du dieu Huitznahual et d'autres captifs (Sahagun, 2000 : II, 276).
Si l'édifice a donc correctement situé, il ne sera probablement possible d'en voir ou d'en visiter ce qu'il en reste, étant donné sa position. Il serait difficile de détruire des bâtiments de l'époque coloniale qui sont eux-mêmes classés au patrimoine historique mexicain.
Références bibliographiques.
BARRERA RODRÍGUEZ, Raul et Gabino LÓPEZ ARENAS. "Hallazgos en el recinto ceremonial de Tenochtitlan". In Arqueología Mexicana, vol. XVI, núm. 93, Editorial Raices-INAH, Mexico, pp. 18-25.
Códice Mendocino, Biblioteca Bodley, Oxford. Consultable en ligne le 3 mars 2010, sur : http://commons.wikimedia.org/wiki/Codex_Mendoza .
COUVREUR, Aurélie. 2002. "La description du Grand Temple de Mexico par Bernardino de Sahagún (Codex de Florence, annexe du Livre II)". In Journal de la Société des Américanistes, 88, Musée de l'Homme, Paris, p. 9-46. Document en ligne (pdf) disponible le 3 mars 2010 sur : http://jsa.revues.org/index2742.html .
LÓPEZ AUSTIN, Alfredo & Leonardo LÓPEZ LUJÁN. 2010. Monte Sagrado-Templo Mayor. INAH-UNAM, Mexico.
MATOS MOCTEZUMA, Eduardo.
1981. Una visita al Templo Mayor. INAH, Mexico.
2008. Tenochtitlan. Fideicomiso Historia de las Américas, Serie Ciudades, Colegio de México-Fondo de Cultura Económica.
OLIVIER, Guilhem. 1995. Moqueries et métamorphoses d'un dieu aztèque. Tezcatlipoca, le "Seigneur au miroir fumant". Institut d'ethnologie, Musée de l'Homme, Paris.
SAHAGUN, Bernardino de. 2000. Historia de las cosas de Nueva España. A. Lopez Austin et Josefina Garcia Quintana (éds.), 3 vols, Cien de México, CONACULTA, Mexico.
Tout commence dans le cadre du Programa de Arqueología Urbana (Plan d'Archéologie Urbaine ou PAU). En 1991, Eduardo Matos Moctezuma met en place un système de fouilles dont l'objectif est de préparer et d'effectuer des fouilles de sauvetages dans les sous-sols de la ville de Mexico. C'est notamment ce projet qui a permis de retrouver les restes du Calmecac et du Temple de Quetzalcoatl cette année. Depuis sa création le PAU a d'ailleurs permis de retrouver 50 des 78 bâtiments énumérés par le moine franciscain Bernardino de Sahagun (2000 : II, 271-281).
Voici un dessin qui permettra de situer ce fameux terrain de jeu de balle, long de 50 m et large de 6 m. Il est daté du Postclassique tardif et plus particulièrement entre 1486 et 1502. (Lopez Austin et Lopez Lujan, 2010 : tableau 5, p. 213 ; Matos Moctezuma, 2008 : 186). Ces deux dates correspondent au règne d'Ahuizotl, dont Leonardo Lopez Lujan a fait l'un des personnages possiblement enterrés sous le monolithe de Tlaltecuhtli. Sur ce schéma, (ill. 1) le Tezcatlachco (Jeu de balle du miroir en nahuatl classique) est situé presque aussi au coin de l'enceinte sacrée, directement au sud de la Pyramide double.
Ill. 1. Schéma situant le Tezcatlachco, Mexico-Tenochtitlan, Postclassique tardif.
Document : José Alvaro Barrera Rivera et Alicia Islas, disponible le 23/12/2010 sur
Selon les travaux de Barrera Rivera et Islas, la structure se trouvait au carrefour des rues Licenciado Verdad et Moneda et s'étendait sous le Palais National et l'ancien archevêché. Voici une petite carte sur Googlemaps qui permet de situer le périmètre de la recherche (ill. 2).
Ill. 2. Zones archéologiques présentées sur Mexique Ancien sur une carte plus grande
Barrera Rivera et Islas ont passablement étudié les différents textes référant à cet endroit. L'oeuvre qui a servi de point de départ à cette recherche est le Codex de Florence et sa version tardive qu'est l'Historia general de las cosas de Nueva España :
"Le trente-troisième édifice s'appelait Tezcatlachco. C'est un jeu de balle entre les cus [pyramides]. Là ils tuaient par dévotion quelques captifs quand régnait le signe d'Omacatl [2 Roseau]". (trad. B. Lobjois d'après Sahagun, 2000 : II, 276; CF: II, 185)
On peut comprendre que des prisonniers de guerre étaient sacrifiés le jour 2 Roseau sur ce terrain, situé entre les pyramides. Il ne faut pas oublier qu'un autre terrain de jeu de balle connu sous le nom de teutlachco, aux dimensions plus importantes (Sahagun, 2000 : II, 250). Il était situé près du tzompantli (râtelier de crânes de victimes sacrifiés). Ome acatl était le jour de la dixième fête mobile : on y faisait des offrandes au dieu homonyme ainsi qu'à Tezcatlipoca (Sahagun, 2000 : II, 172; ill. 3). Des esclaves étaient sacrifiés sur le Quauhxicalco et leur tête placé sur un tzompantli annexe. C'est sur le tezcatlachco qu'on sacrifiait le personnificateur du dieu Huitznahual et d'autres captifs (Sahagun, 2000 : II, 276).
Ill. 3. Tezcatlipoca, Codex Borgia, pl.17.
Disponible le 23/12/2010 sur http://es.wikipedia.org/wiki/Archivo:Tezcatlipoca.png .
Si l'édifice a donc correctement situé, il ne sera probablement possible d'en voir ou d'en visiter ce qu'il en reste, étant donné sa position. Il serait difficile de détruire des bâtiments de l'époque coloniale qui sont eux-mêmes classés au patrimoine historique mexicain.
Références bibliographiques.
BARRERA RODRÍGUEZ, Raul et Gabino LÓPEZ ARENAS. "Hallazgos en el recinto ceremonial de Tenochtitlan". In Arqueología Mexicana, vol. XVI, núm. 93, Editorial Raices-INAH, Mexico, pp. 18-25.
Códice Mendocino, Biblioteca Bodley, Oxford. Consultable en ligne le 3 mars 2010, sur : http://commons.wikimedia.org/wiki/Codex_Mendoza .
COUVREUR, Aurélie. 2002. "La description du Grand Temple de Mexico par Bernardino de Sahagún (Codex de Florence, annexe du Livre II)". In Journal de la Société des Américanistes, 88, Musée de l'Homme, Paris, p. 9-46. Document en ligne (pdf) disponible le 3 mars 2010 sur : http://jsa.revues.org/index2742.html .
LÓPEZ AUSTIN, Alfredo & Leonardo LÓPEZ LUJÁN. 2010. Monte Sagrado-Templo Mayor. INAH-UNAM, Mexico.
MATOS MOCTEZUMA, Eduardo.
1981. Una visita al Templo Mayor. INAH, Mexico.
2008. Tenochtitlan. Fideicomiso Historia de las Américas, Serie Ciudades, Colegio de México-Fondo de Cultura Económica.
OLIVIER, Guilhem. 1995. Moqueries et métamorphoses d'un dieu aztèque. Tezcatlipoca, le "Seigneur au miroir fumant". Institut d'ethnologie, Musée de l'Homme, Paris.
SAHAGUN, Bernardino de. 2000. Historia de las cosas de Nueva España. A. Lopez Austin et Josefina Garcia Quintana (éds.), 3 vols, Cien de México, CONACULTA, Mexico.
Commentaires
En tant que webmaster semi-amateur, je me permets de te conseiller d'éviter de n'insérer le lien vers ta source principale que dans le titre des articles.
En effet, si les habitués du blog savent que tu le fais souvent parce que tu l'as expliqué précédemment, ce n'est en revanche pas possible de le deviner pour les autres, ce qui est dommage.
Il me semblerait beaucoup plus clair d'insérer un lien en début d'article, dans le texte (sur "sur son site internet" ou "un entretien", ici, par exemple) ainsi qu'en fin d'article, avant la bibliographie (comme il me semble que cela se pratique de plus en plus dans les articles journalistiques spécialisés en ligne).
En espérant t'aider très modestement à valoriser le travail de qualité que tu nous fais le plaisir de partager sur ce blog d'utilité publique.
Tes commentaires sont toujours construits et constructifs. Merci donc de nous rappeler à l'ordre. Il est vrai que je ne laisse pas systématiquement un lien vers le site dans le corps de la note.
Disons que je ne le fais pas systématiquement mais dans 80 à 85% des cas.
A moi de bien vérifier que ça apparaissent dans toutes les notes à venir.
Merci pour ton aide. J'en profite pour te souhaiter une excellente année 2010.