C'est avec beaucoup de prudence mais aussi avec de très nombreux détails que le portail de l'INAH titre sur une découverte très prometteuse faite à proximité de Comalcalco, dans l'état de Tabasco. Dans un bulletin disponible au format .pdf, on apprend les résultats déjà très complets de fouilles et d'analyses qui ont été effectuées sur les 116 corps enterrés à environ 3 kilomètres au nord de l'Acropole du site de Comalcalco, au tabasco.
Agrandir le plan
Une équipe pluridisciplinaire, dirigée par Ricardo Armijo Torres, a travaillé étroitement avec la Comision Federal de Electricidad, propriétaire des terrains, dans le cadre de prospections et d'analyses topographiques . Au total, ce sont trois monticules de caractère habitationnels qui ont été explorés, avant la construction. Armijo dirigeait en effet un projet de sauvetage appelé Comalcalco II-Potencia entre fin 2010 et juin 2011.
Un premier sondage aléatoire sur 72 m² de surface, effectué sur un des trois monticules mesurant 70 m sur 40 m, a permis d'extraire une urne funéraire double avec une petite caissette déposé sur son couvercle. Armijo Torres rapporte que la zone de fouilles a alors été étendue pour procéder au dégagement complet des urnes et à leurs transports afin de procéder à une microfouille. Pour comprendre ce procédé et à quoi ressemble une urne funéraire, nous vous renvoyons à l'extrait des Racines et des Ailes spécial Mexique, diffusé en début d'année sur France 3 : on y voit Grégory Pereira et Marion Forest fouiller le Malpais et découvrir une urne funéraire.
Puis, du 17 décembre au 31 décembre, les archéologues fouillent 16 m² du deuxième monticule. L'opération permet la récupération de 15 urnes funéraires, dont 13 contenant des ossements d'enfants, et 12 squelettes déposés en association avec elles. Une deuxième série de fouilles sur ce monticule est autorisée par le Conseil National d'Archéologie, élargissant la zone de fouilles à 88 m². Là encore, de belles surprises ont été révélées : 35 urnes funéraires, 35 squelettes associés et celui d'un canidé, certainement déposé en offrande. 28 corps ont été enterrés à 1,70 m de profondeur, environ à 1 mètre au-dessous de la nappe phréatique, sur une couche de coquilles d'huîtres. Couverts de chaux vive, les ossements ont pu être conservés. Enfin, le 17 juin dernier, un dernier périmètre de fouilles couvrant une surface de 60 m² a été exploré, mettant au jour 15 urnes funéraires, 3 enterrements directs et 3 fours sur un sol en terre cuite.
Au total ce sont 66 urnes funéraires et 50 enterrements directs qui ont été extraits par les archéologues du projet. Mais les contextes funéraires qui complètent ces enterrements ont déjà commencé à révéler de précieuses informations qui seront complétéés dans les semaines et mois à venir. On apprend ainsi que des sifflets anthropomorphes (hommes et femmes richement décorés) et zoomorphes en terre cuite, des lames, des couteaux et des chutes d'obsidienne et de silex, de nombreux fragments de metate, et plus de 70 000 autres fragments de céramique !
Les premières analyses et observations ont permis d'établir quelques certitudes. En premier lieu, la datation. L'utilisation de la déformation tabulaire oblique a permis de dater temporairement ces enterrements entre 750 et 800 de notre ère, soit le Classique terminal. Les Mayas et d'autres peuples mésoaméricains pratiquaient, pour des raisons esthétiques la déformation des crânes dès le plus jeune âge. Armijo estime à juste avoir besoin d'analyses plus poussées (sur les céramiques et les ossements) pour en être complètement sûr. Des tests ADN seront ainsi effectués afin de déterminer le sexe des individus, leur âge, d'éventuels pathologies. On pourra également savoir si tous appartiennent à la même communauté où s'ils viennent d'autres endroits.
Les dentitions de plusieurs d'entre eux portaient des marques et des incrustations.
Dans un deuxième temps, certaines urnes étaient accompagnées d'un à quatre accompagnateurs enterrés en direction des quatre points cardinaux. La présence d'un canidé n'est guère surprenante lorsqu'on connaît son caractère psychopompe dans toute la Mésoamérique. Il semblerait que tous les personnes qui furent donc enterrés à une seule et même époque.
Enfin, les trois fours retrouvés dans le dernier monticule exploré semblent avoir été utilisés pour cuire la céramique présent sur le sol.
On peut voir différents clichés en rapport avec cette découverte dans un diaporama. Ricardo Armijo Torres a également mis en ligne toute une série de photos sur son compte Facebook, donnant ainsi une dynamique toute particulière à ces fouilles et encore peu répandue parmi les chercheurs. Cette découverte peut légitimement être considérée comme majeure, étant donné la quantité inédite de corps inhumés rituellement, certainement la plus importante pour cette partie de la zone maya. La nouvelle a été reprise par les médias mexicains comme ce reportage dans le journal télévisé de Televisa, ces articles dans La Jornada, El Universal, Milenio, El Economista. L'INAH propose cette courte vidéo sur sa chaîne Youtube.
Agrandir le plan
Une équipe pluridisciplinaire, dirigée par Ricardo Armijo Torres, a travaillé étroitement avec la Comision Federal de Electricidad, propriétaire des terrains, dans le cadre de prospections et d'analyses topographiques . Au total, ce sont trois monticules de caractère habitationnels qui ont été explorés, avant la construction. Armijo dirigeait en effet un projet de sauvetage appelé Comalcalco II-Potencia entre fin 2010 et juin 2011.
Un premier sondage aléatoire sur 72 m² de surface, effectué sur un des trois monticules mesurant 70 m sur 40 m, a permis d'extraire une urne funéraire double avec une petite caissette déposé sur son couvercle. Armijo Torres rapporte que la zone de fouilles a alors été étendue pour procéder au dégagement complet des urnes et à leurs transports afin de procéder à une microfouille. Pour comprendre ce procédé et à quoi ressemble une urne funéraire, nous vous renvoyons à l'extrait des Racines et des Ailes spécial Mexique, diffusé en début d'année sur France 3 : on y voit Grégory Pereira et Marion Forest fouiller le Malpais et découvrir une urne funéraire.
Puis, du 17 décembre au 31 décembre, les archéologues fouillent 16 m² du deuxième monticule. L'opération permet la récupération de 15 urnes funéraires, dont 13 contenant des ossements d'enfants, et 12 squelettes déposés en association avec elles. Une deuxième série de fouilles sur ce monticule est autorisée par le Conseil National d'Archéologie, élargissant la zone de fouilles à 88 m². Là encore, de belles surprises ont été révélées : 35 urnes funéraires, 35 squelettes associés et celui d'un canidé, certainement déposé en offrande. 28 corps ont été enterrés à 1,70 m de profondeur, environ à 1 mètre au-dessous de la nappe phréatique, sur une couche de coquilles d'huîtres. Couverts de chaux vive, les ossements ont pu être conservés. Enfin, le 17 juin dernier, un dernier périmètre de fouilles couvrant une surface de 60 m² a été exploré, mettant au jour 15 urnes funéraires, 3 enterrements directs et 3 fours sur un sol en terre cuite.
Urne funéraire et accompagnant, Comalcalco.
Classique terminal, Maya.
Photo INAH, disponible le 28/06/2011 sur :
Au total ce sont 66 urnes funéraires et 50 enterrements directs qui ont été extraits par les archéologues du projet. Mais les contextes funéraires qui complètent ces enterrements ont déjà commencé à révéler de précieuses informations qui seront complétéés dans les semaines et mois à venir. On apprend ainsi que des sifflets anthropomorphes (hommes et femmes richement décorés) et zoomorphes en terre cuite, des lames, des couteaux et des chutes d'obsidienne et de silex, de nombreux fragments de metate, et plus de 70 000 autres fragments de céramique !
L'archéologue Ricardo Armijo tenant un sifflet anthropomorphe.
Photo INAH disponible le 28/06/2011 sur :
Les premières analyses et observations ont permis d'établir quelques certitudes. En premier lieu, la datation. L'utilisation de la déformation tabulaire oblique a permis de dater temporairement ces enterrements entre 750 et 800 de notre ère, soit le Classique terminal. Les Mayas et d'autres peuples mésoaméricains pratiquaient, pour des raisons esthétiques la déformation des crânes dès le plus jeune âge. Armijo estime à juste avoir besoin d'analyses plus poussées (sur les céramiques et les ossements) pour en être complètement sûr. Des tests ADN seront ainsi effectués afin de déterminer le sexe des individus, leur âge, d'éventuels pathologies. On pourra également savoir si tous appartiennent à la même communauté où s'ils viennent d'autres endroits.
Les dentitions de plusieurs d'entre eux portaient des marques et des incrustations.
Crâne avec déformation tabulaire oblique et incrustations dentaires,
Comalcalco, Classique terminal, Maya.
Photo INAH disponible le 28/06/2011 sur :
Dans un deuxième temps, certaines urnes étaient accompagnées d'un à quatre accompagnateurs enterrés en direction des quatre points cardinaux. La présence d'un canidé n'est guère surprenante lorsqu'on connaît son caractère psychopompe dans toute la Mésoamérique. Il semblerait que tous les personnes qui furent donc enterrés à une seule et même époque.
Enfin, les trois fours retrouvés dans le dernier monticule exploré semblent avoir été utilisés pour cuire la céramique présent sur le sol.
On peut voir différents clichés en rapport avec cette découverte dans un diaporama. Ricardo Armijo Torres a également mis en ligne toute une série de photos sur son compte Facebook, donnant ainsi une dynamique toute particulière à ces fouilles et encore peu répandue parmi les chercheurs. Cette découverte peut légitimement être considérée comme majeure, étant donné la quantité inédite de corps inhumés rituellement, certainement la plus importante pour cette partie de la zone maya. La nouvelle a été reprise par les médias mexicains comme ce reportage dans le journal télévisé de Televisa, ces articles dans La Jornada, El Universal, Milenio, El Economista. L'INAH propose cette courte vidéo sur sa chaîne Youtube.
La deuxième partie du bulletin revient sur des explications plus techniques. Il s'agit en effet de présenter la technique de microfouilles. Cette méthode de recherche se révèle être la plus pratique dans ce cas pour deux raisons. D'abord, l'équipe d'Armijo menait des fouilles de sauvetages sur un terrain appartenant à la CFE, avant que celle-ci ne commence la construction d'une grosse installation électrique. On notera au passage comment la loi fédérale de conservation du patrimoine mexicain est de nouveau bafouée. Il était donc impossible de procéder à l'analyse de chaque urne retrouvée sur le terrain. En les rapatriant dans un laboratoire d'analyse, on peut garantir leur stabilité et leur intégrité.
L'archéologue australien Stanley Séraphin effectuant une microfouille.
Photo INAH disponible le 28/06/2011 sur :
Selon le reportage de Televisa, le Proyecto Comalcalco manquait de moyens pour continuer ses recherches. Selon une estimation que nous vérifierons avec Ricardo Armijo, seulement 10 % de cet ensemble a pu être fouillé. Souhaitons seulement que cet échantillon soit suffisant pour établir des patrons funéraires. Car, comme le dit justement Grégory Pereira : "En archéologie, ce n'est pas l'exceptionnel qui compte, sinon la répétition".
Bibliographie :
Comas J., Marquer Paulette. Crânes déformés de l'île de Sacrificios (État de Veracruz, Mexique). In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XII° Série. Tome 4 fascicule 3, 1969. pp. 209-257. doi : 10.3406/bmsap.1969.1454. url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1969_num_4_3_1454
Consulté le 29 juin 2011.
Commentaires