Accéder au contenu principal

Les restes d'un quartier tépanèque retrouvés à Azcapotzalco

Des fouilles de sauvetage archéologique entreprises sur l'avenue Aquilés Serdan, dans le quartier Azcapotzalco de la capitale mexicaine, ont permis de recueillir les restes d'une dizaine d'individus, en majorité des enfants, et de constructions. D'après les premières observations, il semblerait qu'il s'agisse des habitations d'une famille de commerçants (pochteca en nahuatl).

Azcapotzalco fut une importante cité de la vallée de Mexico pendant les XIII et XIVe siècle. Cette hégémonie prend fin en 1428 lors d’attaques combinées entreprises par les Huexotzincas, les Texcocas et les Mexicas qui font d’Azcapotzalco un centre secondaire, vassal de Tlacopan, une des villes de la Triple Alliance.

Sous la chapelle Saint Simon érigée par les Espagnols au moment de la conquête, se trouvait un temple indien. Les vestiges, datés d'environ 700 ans, faisaient probablement partie d'un centre civico-cérémoniel de certaine importance. Pour être plus précis, ce sont pour l'instant cinq unités qui sont fouillés depuis environ deux mois. L'une d'entre elles mesuraient 4 m de large pour 22 m de long. C'est là qu'une dizaine d'enterrements a été mise au jour. Les restes étaient assis et disposés dans des linceuls : cela donne un aperçu clair de la forte mortalité infantile qui frappait les peuples préhispaniques.

Selon l’archéologue Alejandra Jasso Peña, la majorité de ces enterrements étaient effectués dans de petites fosses distribués dans une cour recouverte d’un sol. Tous les enterrements d’enfants contenaient également une offrande d’objets en terre cuite : encensoirs, flûtes, encensoirs à manches, coupes, vaisselles, pièces de collier en forme d’oiseaux, plats. Certains présentaient des décors de style Aztèque II (noir sur rouge) et Rouge Texcoco.

Les archéologues ont également découvert les restes d’une jeune femme âgée d’environ 25 ans, probablement décédée suite à un accouchement. Elle portait une paire de boucles d’oreilles et un pendentif élaborés à partir de petites pierres en obsidienne de différentes teintes. Ces bijoux indique que la jeune femme appartenait à un groupe important du site.

Un des enfants enterrés à quelques mètres de là était couvert d’une vaisselle un peu plus grande que les autres. Les restes d’un chien avaient été déposés également à ses côtés, probablement pour son symbolisme psychopompe. Une plateforme de 4 x 6 m est également apparue : elle comportait plusieurs crânes perforés verticalement, laissant penser qu’il s’agissait d’un tzompantli différent de ceux qui furent édifiés postérieurement. Lorsque les Mexicas dominèrent la région, les perforations horizontales des crânes devinrent la norme.


Jorge Arturo Talavera González, chercheur également impliqué dans ces fouilles, revient sur la présence de deux coupes à pulque qui contenaient les restes incinérés de crânes humains. En se référant à différentes sources coloniales, on sait que l’incinération était le rituel funéraire d’une certaine élite, évitant ainsi la putréfaction du corps et renforçant l’idée qu’il s’agit d’un quartier de commerçants.

Jasso Peña commente encore que de nombreux enterrements secondaires ont été retrouvés : il s’agit de restes humains qui ont été déplacés de leur tombe originale pour une autre. Plusieurs figurines représentant des déesses de la fertilité et des vases liés aux cultes de Tlaloc et de Quetzalcoatl font également partie de ce contexte.

Bonne nouvelle: étant donné les multiples vestiges mis au jour, la campagne de sauvetage a été prolongée de manière indéterminée, interrompant tous les ouvrages d'art en cours. C'est d'ailleurs le même qui prévaudrait si une découverte importante survenait pendant la construction de la nouvelle entrée du Templo Mayor en centre-ville.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le bulletin en espagnol publié sur le site de l'INAH. Un petit diaporama est également visible sur le même site.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir...

Inauguration de l'exposition Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor de Tenochtitlan

En 1958, un maçon visita l'ancien Musée national de la ville de Mexico pour faire don d'un masque préhispanique en bois qu'il avait trouvé lors d'un chantier dans le quartier de La Merced. Cependant, en retirant l'argile qui le recouvrait, le masque se brisa en deux et se désintégra complètement en raison de la perte d'humidité. Cette anecdote a été mentionnée par le directeur du Projet Templo Mayor (PTM), Leonardo López Luján, lors de l'inauguration de l'exposition "Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor". Inauguration de l'exposition Insignias de los Dioses. Photo : Luis Gerardo Peña Torres, INAH. L'exposition temporaire a lieu au Musée du Templo Mayor à Mexico. Elle présente 145 pièces archéologiques qui illustrent les avancées de la conservation en ce qui concerne le bois d'origine archéologique. En 2008, la restauratrice Alejandra Alonso Olvera a introduit une technique japonaise consistant à remplacer progressiv...
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu...