Accéder au contenu principal

Sur la domestication du dindon ocelé en territoire maya

Le dindon ocelé, est une volaille originaire d'Amérique centrale: il est particulièrement visible au Yucatan. Il ne faut pas le confondre avec son voisin nord-américain le dindon sauvage d'Amérique du Nord (Meleagris gallopavo). Si sa consommation nous semble ordinaire et quotidienne, il ne faut pas oublier ses racines d'outre-Atlantique et particulièrement d'Amérique centrale.  Il faisait naturellement partie des gibiers chassés apportant des quantités protéiniques et énergétiques non négligeables. Sa domestication progressive a sans nul doute permis d'améliorer le quotidien de nombreuses populations, évitant de dépendre ainsi des résultats aléatoires de la chasse et facilitant la sédentarisation de certains groupes. Rappelons que les anciens peuples mésoaméricains ou andins ne disposait pas de bétail (ovin, porcin ou bovin), ce dernier étant introduit avec l'arrivée des Espagnols.


Dindon ocellé (Agriocharis Ocellata)
Photo: George Harrison. Disponible le 9/08/2012 sur :
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/bd/Meleagris_ocellata1.jpg/800px-Meleagris_ocellata1.jpg 

Erin Thornton, chercheuse associée au Florida Museum of Natural History et au Trent University Archaeological Research Centre, a récemment participé à une publication présentant les résultats d'analyses effectuées sur des os fossilisés de dindon sauvage, retrouvés dans les années 80 sur le site maya d'El Mirador, au Peten guatémaltèque.

Tout semble indiquer que le dindon aurait pu être consommé sous forme domestiquée dès le Préclassique tardif, soit entre 300 et 100 après Jésus-Christ. La présence de dindon sauvage d'Amérique du nord tend à montrer des traces d'échanges commerciaux entre le nord de la Mésoamérique et cette partie de la zone maya. Mais elle fait surtout reculer l'hypothèse d'une domestication de l'animal de plus de 1000 ans...

Nicolas Latsanopoulos a récemment publié une étude iconographique sur cet animal. Selon lui, cette découverte laisse cependant en suspens de nombreuses questions. Je cite un extrait d'une conversation électronique que nous avons eu à propos de cette annonce :

Le problème est de savoir s'il s'agit d'un spécimen sauvage ou domestiqué, puisqu'il n'existe aucun critère discriminant au niveau de la morphologie. [...] la question de savoir si les Mayas possédaient leurs propres "cheptels" de dindons domestiques reste ouverte (et il faut tenir compte qu'ils pouvaient être aussi bien approvisionnées en dindons sauvages qu'en dindons domestiques, ce qui ne simplifie par l'affaire).

En bref, l'hypothèse proposée semble bien mince. Pour en savoir plus, veuillez consulter l'information sur le site de l'Université de Floride : http://www.eurekalert.org/pub_releases/2012-08/uof-urd080812.php .

Vous pouvez également retrouver l'article complet sur le portail PLOS
Thornton EK, Emery KF, Steadman DW, Speller C, Matheny R, et al. (2012) "Earliest Mexican Turkeys (Meleagris gallopavo) in the Maya Region: Implications for Pre-Hispanic Animal Trade and the Timing of Turkey Domestication". PLoS ONE 7(8): e42630. doi:10.1371/journal.pone.0042630 . Disponible le 9/08/2012 sur : http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0042630?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+plosone%2FPLoSONE+%28PLoS+ONE+Alerts%3A+New+Articles%29 .

Sur le thème du dindon, vous pouvez également chercher une petite étude iconographique effectuée par Nicolas Latsanopoulos en contexte teotihuacain.

Latsanopoulos, N. (2011) "De chair et de plumes : données sur le symbolisme du dindon dans la culture Aztéque". N. Ragot, S. Peperstraete et G. Olivier (éds.), La quête du serpent à plumes : arts et religions de l'Amérique précolombienne : hommage à Michel Graulich. Turnhout: Brepols / Paris : Ecole Pratique des Hautes Etudes.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir...

Inauguration de l'exposition Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor de Tenochtitlan

En 1958, un maçon visita l'ancien Musée national de la ville de Mexico pour faire don d'un masque préhispanique en bois qu'il avait trouvé lors d'un chantier dans le quartier de La Merced. Cependant, en retirant l'argile qui le recouvrait, le masque se brisa en deux et se désintégra complètement en raison de la perte d'humidité. Cette anecdote a été mentionnée par le directeur du Projet Templo Mayor (PTM), Leonardo López Luján, lors de l'inauguration de l'exposition "Insignias de los dioses. La madera en el Templo Mayor". Inauguration de l'exposition Insignias de los Dioses. Photo : Luis Gerardo Peña Torres, INAH. L'exposition temporaire a lieu au Musée du Templo Mayor à Mexico. Elle présente 145 pièces archéologiques qui illustrent les avancées de la conservation en ce qui concerne le bois d'origine archéologique. En 2008, la restauratrice Alejandra Alonso Olvera a introduit une technique japonaise consistant à remplacer progressiv...
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu...