Accéder au contenu principal

Arqueología Mexicana n° 97

Il est tout frais, il est tout beau. Voici la dernière livrée d'Arqueología Mexicana, en retard pour les raisons sanitaires que tous nos lecteurs connaissent déjà. Au sommaire ce mois-ci, les cultures de l'état de Sonora. Situé au nord-ouest du Mexique, l'archéologie de cet état est méconnu, à l'instar de la quasi-moitié nord du pays. Pourquoi ? Parce que la majeure partie des peuples qui vivaient. Bien sûr certaines tribus étaient sédentarisés comme le montre les sites de Casas Grandes ou de Zacatecas, d'autres étaient semi-sédentaires alors que certaines étaient nomades et ceux, même à l'époque coloniale. Dès lors, la documentation écrite à leur sujet est pour le moins défaillante, pour ne pas dire inexistante.

Poutant la revue publiée par l'INAH s'est déjà aventurée par le passé à faire état des recherches archéologiques, sociologiques ou ethnographiques dans les états du Nord-est mexicain (Nuevo Leon, Cohauila, Tamaulipas) ou plus récemment en Basse Californie. Ce numéro d'Arqueología Mexicana met en avant un état à la croisée entre les peuples venant des états du sud-ouest américain, de la Basse Californie mexicaine, des états du Pacifique mexicain ou encore du Chihuahua voisin.

Mais avant de faire une présentation plus détaillée du dossier mensuel de la revue, attardons-nous quelques instants sur les différents articles le précédant. La section Noticias reprend bon nombre d'informations que nous avions déjà rapportés sur ce blog, mais il convient de mettre en valeur la découverte d'une unité résidentielle et d'un autel de style toltèque près de la Corregidora, Quérétaro.

Manuel Lejarazu fait ensuite la présentation historique du Codex Mendoza, également appelé Matricula de los tributos. Daniel Díaz propose une analyse très courte d'une céramique anthropomorphe originaire de Tlaltilco et datée du Préclassique moyen (vers 1200 à 400 avant Jésus Christ). Puis dans le cadre de la série sur l'anthropologie physique, Josefina Mansilla et Ilan Leboreiro explique de manière extensive et bien illustrée le phénomène de la momification dans le Mexique ancien préhispanique.

Revenons au thème principal de la revue ce mois-ci : les cultures du Sonora. Car comme au Chiapas, c'est une mosaïque de peuples qui vit toujours dans cet état. Leurs ancêtres ont légué des sites intéressants comme La Pintada, le Cerro de las Trincheras, La Playa ou el Fin del Mundo (sic!).

Beatriz Braniff, ethnohistorienne du nord-ouest du Mexique s'attache à décrire l'histoire de cette région, qui jusqu'à 1853 faisait partie d'un ensemble géographique et culturel plus vaste qu'il n'est aujourd'hui. Car la guerre entre le Mexique et les Etats-Unis ont eu raison d'un tiers de la superficie du territoire national, devenue territoire américain. Ce sont les peuples amérindiens qui ont les premiers souffert de la césure géographique entre le Sonora mexicain et l'Arizona américain, eux-mêmes inclus dans une vaste zone culturelle appelée Gran Chichimeca. Le Sonora se caractérise par ces faibles précipitations, la présence de la Sierra Madre occidentale et de longues côtes donnant sur la mer de Cortés.

Ensuite deux chercheurs américains, Paul et Suzanne Fish présentent la culture hohokam du sud de l'Arizona. Ils expliquent notamment comment les Hohokams se distinguent des Anasazis (dont la langue est apparenté au nahuatl) ou des Mogollons voisins pour la forme des bâtiments publics dans des sites comme Pueblo Grande. On y retrouve ainsi des terrains de jeu de balle et des plateformes qui nous montrent des croyances et des rituels propres à leur culture. Mais ils avaient développé un système d'irrigation unique en son genre : environ 50 km de canalisations permettait d'amener l'eau sur 30 000 hectares de terres cultivées ! Malheureusement cette culture disparut entre 1400 et 1200 pour des raisons encore méconnues.

Dans l'article suivant Guadalupe Sanchez, Edmund Gaines, Vance Holliday exposent la vie des chasseurs-cueilleurs du site El Fin del Mundo à l'époque du Pléistocène terminal soit vers 12000 ans avant notre ère. Car si les fragments de flèche et si un fragment organique a permis une datation vers 11000 avant notre ère, les paléontologues ont mis au jour également des ossements de mammouth très anciens qui nous informent de manière significative sur l'environnement à cette époque.

John Carpenter présente le site de la Playa qui a connu dix mille ans d'occupation. De nombreuses pointes de projectiles et des indices de production de décorations en coquillage témoigne des activités de ce site, sans compter les 1300 fours qui nous renseigne sur les activités domestiques qui s'y sont développés. La Playa a connu une occupation régulière depuis le Pléistocène terminal jusque vers 200 après Jésus-Christ.

Maria Elisa Villalpando explique dans un article sur le Cerro de Trincheras qu'il fut un centre régional d'importance égal à Paquimé, Chihuahua. Les archéologues ont ainsi pu compter environ 900 terrasses ont ainsi été construit au Préhispanique tardif (1300-1400 après Jésus Christ). Ces terrasses sont visibles sur une colline de 100 ha de surface s'élevant à 150 mètres au-dessus du niveau du sol. Les terrasses peuvent atteindre 400 mètres de long, même si la majeure partie mesure 15 à 30 mètres.

L'article "Las manifestaciones gráficorupestres en Sonora" met l'accent sur l'art rupestre du Sonora sous toutes ses formes : gravures, peintures, géoglyphes.

Blanca Contreras, Manuel Graniel et Dai Blanquel signent une courte étude sur le site de la Pintada; située dans la Sierra Libre. Là les peintures sont peintes dans un canyon occupé principalement entre 700 et 1600 après Jésus Christ, à en juger par le type de céramiques retrouvées par les archéologues. Mais le site est en danger : la faute à des facteurs naturels incontrôlables mais aussi à un vandalisme humain, en dépit d'un accès restreint à la zone.

Clara Bargellini propose un travail très intéressant sur Les missions du Sonora, ses églises construites par les pères évangélisateurs à la fin du XVIIème siècle. Rodrigo Renteria complète ce dossier en proposant une revue de rituels actuels effectués par les indigènes.

Un article à plusieurs mains (dont celles de Nikolai Grube) fait état des récentes découvertes faites à Sabana Piletas : on apprend ainsi quelques détails intéressants sur l'escalier hiéroglyphique de cette cité puuc, proche de Sayil ou Labna. Nous avions évoqué la découverte de cet escalier en décembre dernier mais nous avions à l'époque déploré l'absence de détails qui sont partiellement comblés dans cet article. Il semblerait que les signes fassent référence à la date 10.1.9.3.9 12 muluk 7 kumk'u, soit le décembre 868 après Jésus Christ. Il semblerait que cette date face référence à un événement dédicatoire puisque les glyphes mentionnent les trois jeux de balle des ancêtres. D. Stuart rapproche cette date de celle décodée sur la pierre dédicatoire du Grand Terrain de jeu de balle de Chichen Itza.

Enfin Xavier Noguez propose une présentation rapide du Codex de Cholula, sans en changer le nom comme il en a l'habitude. De quoi patienter avant le prochain numéro dont le thème central sera Moctezuma II avec le sous-titre évocateur "Gloire et chute de l'empire mexica". Espérons que Michel Graulich n'aura pas été oublié.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu

Le Codex de Florence disponible en haute résolution

La Bibliothèque Numérique Mondiale est une alternative intéressante à la diffusion du patrimoine littéraire universel. C'est dans ce cadre que la Bibliotèque laurentienne a autorisé la numérisation de cet ouvrage si important pour les chercheurs sur le Mexique ancien. Il est désormais possible de consulter électroniquement le texte bilingue nahuatl-castillan et les illustrations qui accompagnaient chaque livre. Bonne lecture ! Références : Bernardino de Sahagún (2012). Codex de Florence . [En ligne] Disponible sur : http://www.wdl.org/fr/item/10096/#q=Codex+de+Florence&view_type=list&search_page=1&qla=fr. [Dernier accès 02/09/2013].