Et voici notre petit-compte rendu du dernier numéro de notre revue archéologique préférée, même si depuis quelques mois, le téléchargement de certains articles en format pdf a été complètemen supprimé, empêchant à un accès aux dernières recherches, surtout si on habite loin du Mexique...
Bref, revenons au thème du mois en indiquant d'emblée qu'il vaudrait mieux éviter que les newagers et autres dénonceurs du Nouvel Ordre Mondial lisent : les prophéties mayas.
Le mayiste allemand Nikolai Grube est le premier à faire feu : il n'existe aucun prophétie de la fin du monde en 2012 dans les trois codex mayas qui nous sont parvenus. Il semblerait en effet que Grube laisse de côté le Codex Grolier, qui posent des problèmes d'authenticités sur lesquels Claude Baudez a polémiqué. En revanche, Grube insiste sur la nécessaire prévision du futur chez bon nombre de peuples mésoaméricains, et donc pas uniquement les mayas. Grube distingue en outre divination et prévision du futur qui implique "des ressources et des instruments spécifiques".
Vient ensuite un article de Mercedes de la Garza sur l'univers temporel dans la pensée maya. Elle insiste sur un point essentiel que beaucoup de catastrophistes et autres cassandres modernes laissent volontairement de côté : si les Mayas croyaient à une prédétermination des événements, les hommes pouvaient modifier le cours des choses grâce aux rituels. Or toutes les théories farfelues semblent nier cette capacité de l'être humain à pouvoir changer les choses.
Pour le reste, on notera l'article très intéressant de Silvia Garza Tarazona. Spécialiste de Xochicalco, dans l'état de Morelos, elle nous propose un article sur des matériels méconnus du grand public. Les quelques sculptures en céramique décrites dans son papier sont absolument superbes et donne une image différente de cette importante cité de l'Epiclassique qui s'est probablement dépeuplée à la suite d'un incendie. Nous espérons pouvoir vous proposer bientôt une petite bibliographie significative sur Xochicalco.
L'épigraphiste Guillermo Bernal Romero nous propose un travail très (trop) court sur les scénarios de l'avenir à travers les comptes et textes futuristes de Palenque.
Attardons-nous ensuite sur un article d'Alfredo Lopez Austin et de Leonardo Lopez Lujan sur le sacrifice humain mexica. Certes, ce sont 10 pages très intéressantes. Mais quand on sait que l'article est une traduction résumée d'un autre papier publié en 2008 dans un ouvrage américain, intitulé The Aztec World et édité par Elizabeth Brumfield et Gary Feinman, on peut douter un peu de son intérêt éditorial. Pourquoi ne pas l'avoir publié avec les travaux de M. Graulich ou celui de Yollotl Gonzalez Torres dans le numéro 91 d'Arqueologia Mexicana. Le thème principal en était la religion mexica ? On peut néanmoins considérer cet article comme un très bon résumé des idées de Lopez Austin et Lopez Lujan sur le sujet. Sans compter que la bibliographie proposée sur le site de la revue est longue et compte de très bonnes références.
De leur côté, Hermann Lejarazu et Noguez continuent leur présentation régulière des codex mexicains en s'intéressant respectivement au Codex Cospi et au Lienzo de Tlaxcala.
Ne manquez pas la lecture de l'article à 8 mains sur les couteaux de silex décorés de l'offrande 125 du Templo Mayor. C'est une des premières publications sur une des innombrables offrandes découvertes à ce jour sous le monolithe de Tlaltecuhtli, découvert en 2006. On y apprend que deux couteaux d'obsidienne étaient décorés des mêmes attributs que Quetzalcoatl et son jumeau Xolotl. Au total, ce sont vingt-sept couteaux qui ont été découverts.
Dans ce numéro il est également question d'archéologie de l'époque viceroyale. Marcela Salas Cuesta et Maria Elena Salas Cuesta se sont intéressés aux rites funéraires de cette époque.
Jesus Galindo Trejo fait un exposé clair et simple de l'événement astronomique majeur de 2012 : le transit de Vénus devant le disque solaire. Il appuie sa démonstration archéoastronomique sur l'analyse des peintures murales de Mayapan, au Yucatan.
Un autre archéoastronome, Anthony F. Aveni, remet clairement en cause les prédictions de cataclysme en examinant les donnéees scientifiques et culturelles à notre disposition. Pour tout dire, il s'agit d'un sacré coup de pied dans la fourmilière face au déluge de documentaires d'History Channel ou de National Geographic, ou encore desmagazines et autres films hollywoodiens. Un des premiers arguments par Aveni est l'observation de la Voie Lactée : beaucoup de prophètes modernes spéculent sur des modèles numériques de ce qu'étaient le ciel qu'observaient les Mayas. Aveni rappelle aussi que l'alignement nord-sud de la Voie Lactée, comme on prétend représenté sur la stèle 25 d'Izapa, au Chiapas, est annuel et pas seulement à chaque nouvelle création... Un des passages intéressants de l'article d'Aveni est la comparaison avec nos rituels du nouvel an. Car somme toute, le passage au Nouvel an marque bien le début d'un nouveau cycle : on fête son arrivée, on prend de bonnes résolutions, etc. Et Aveni de nous rappeler le monde matérialiste et consumériste dans lequel nous vivons. Cependant l'être humain ne peut s'empêcher de s'intéresser à son futur. Le recours au passé et à des pratiques ancestrales nous permet peut-être de mieux le chaos dans lequel nous vivons mais idéaliser les Mayas comme nous le faisons n'est pas raisonnable dans la mesure où nous les analysons avec des outils modernes et occidentaux. Même les Mayas modernes ne sont pas en mesure de comprendre leurs lointains ancêtres. Ils sont le résultat d'un produit de cultures différentes.
De fait, l'article de Michela Craveri "Adivinacion y pronosticos entre los mayas actuales" est doublement intéressant. D'une part parce qu'on y rapporte les pratiques et les rituels des Mayas modernes mais surtout parce que, selon eux, le monde ne disparaîtra pas. La date 4 ajaw du calendrier yucatèque sera un jour d'offrande aux défunts pour mieux communiquer avec eux. Craveri explique que "la connexion entre l'homme et ses racines culturelles n'amène jamais à une destruction du monde, sinon à une forme plus consciente de vivre en lui".
Juste avant Craveri, Erik Velazquez Garcia revient sur la conception circulaire du temps chez les Mayas et étudie de manière insolite cette iconographie.
Bref, revenons au thème du mois en indiquant d'emblée qu'il vaudrait mieux éviter que les newagers et autres dénonceurs du Nouvel Ordre Mondial lisent : les prophéties mayas.
Le mayiste allemand Nikolai Grube est le premier à faire feu : il n'existe aucun prophétie de la fin du monde en 2012 dans les trois codex mayas qui nous sont parvenus. Il semblerait en effet que Grube laisse de côté le Codex Grolier, qui posent des problèmes d'authenticités sur lesquels Claude Baudez a polémiqué. En revanche, Grube insiste sur la nécessaire prévision du futur chez bon nombre de peuples mésoaméricains, et donc pas uniquement les mayas. Grube distingue en outre divination et prévision du futur qui implique "des ressources et des instruments spécifiques".
Vient ensuite un article de Mercedes de la Garza sur l'univers temporel dans la pensée maya. Elle insiste sur un point essentiel que beaucoup de catastrophistes et autres cassandres modernes laissent volontairement de côté : si les Mayas croyaient à une prédétermination des événements, les hommes pouvaient modifier le cours des choses grâce aux rituels. Or toutes les théories farfelues semblent nier cette capacité de l'être humain à pouvoir changer les choses.
Codex Dresdensis, p. 74.
Culture maya, Postclassique.
Disponible le 16 mai 2010 sur
Pour le reste, on notera l'article très intéressant de Silvia Garza Tarazona. Spécialiste de Xochicalco, dans l'état de Morelos, elle nous propose un article sur des matériels méconnus du grand public. Les quelques sculptures en céramique décrites dans son papier sont absolument superbes et donne une image différente de cette importante cité de l'Epiclassique qui s'est probablement dépeuplée à la suite d'un incendie. Nous espérons pouvoir vous proposer bientôt une petite bibliographie significative sur Xochicalco.
L'épigraphiste Guillermo Bernal Romero nous propose un travail très (trop) court sur les scénarios de l'avenir à travers les comptes et textes futuristes de Palenque.
Attardons-nous ensuite sur un article d'Alfredo Lopez Austin et de Leonardo Lopez Lujan sur le sacrifice humain mexica. Certes, ce sont 10 pages très intéressantes. Mais quand on sait que l'article est une traduction résumée d'un autre papier publié en 2008 dans un ouvrage américain, intitulé The Aztec World et édité par Elizabeth Brumfield et Gary Feinman, on peut douter un peu de son intérêt éditorial. Pourquoi ne pas l'avoir publié avec les travaux de M. Graulich ou celui de Yollotl Gonzalez Torres dans le numéro 91 d'Arqueologia Mexicana. Le thème principal en était la religion mexica ? On peut néanmoins considérer cet article comme un très bon résumé des idées de Lopez Austin et Lopez Lujan sur le sujet. Sans compter que la bibliographie proposée sur le site de la revue est longue et compte de très bonnes références.
De leur côté, Hermann Lejarazu et Noguez continuent leur présentation régulière des codex mexicains en s'intéressant respectivement au Codex Cospi et au Lienzo de Tlaxcala.
Ne manquez pas la lecture de l'article à 8 mains sur les couteaux de silex décorés de l'offrande 125 du Templo Mayor. C'est une des premières publications sur une des innombrables offrandes découvertes à ce jour sous le monolithe de Tlaltecuhtli, découvert en 2006. On y apprend que deux couteaux d'obsidienne étaient décorés des mêmes attributs que Quetzalcoatl et son jumeau Xolotl. Au total, ce sont vingt-sept couteaux qui ont été découverts.
Dans ce numéro il est également question d'archéologie de l'époque viceroyale. Marcela Salas Cuesta et Maria Elena Salas Cuesta se sont intéressés aux rites funéraires de cette époque.
Jesus Galindo Trejo fait un exposé clair et simple de l'événement astronomique majeur de 2012 : le transit de Vénus devant le disque solaire. Il appuie sa démonstration archéoastronomique sur l'analyse des peintures murales de Mayapan, au Yucatan.
Un autre archéoastronome, Anthony F. Aveni, remet clairement en cause les prédictions de cataclysme en examinant les donnéees scientifiques et culturelles à notre disposition. Pour tout dire, il s'agit d'un sacré coup de pied dans la fourmilière face au déluge de documentaires d'History Channel ou de National Geographic, ou encore desmagazines et autres films hollywoodiens. Un des premiers arguments par Aveni est l'observation de la Voie Lactée : beaucoup de prophètes modernes spéculent sur des modèles numériques de ce qu'étaient le ciel qu'observaient les Mayas. Aveni rappelle aussi que l'alignement nord-sud de la Voie Lactée, comme on prétend représenté sur la stèle 25 d'Izapa, au Chiapas, est annuel et pas seulement à chaque nouvelle création... Un des passages intéressants de l'article d'Aveni est la comparaison avec nos rituels du nouvel an. Car somme toute, le passage au Nouvel an marque bien le début d'un nouveau cycle : on fête son arrivée, on prend de bonnes résolutions, etc. Et Aveni de nous rappeler le monde matérialiste et consumériste dans lequel nous vivons. Cependant l'être humain ne peut s'empêcher de s'intéresser à son futur. Le recours au passé et à des pratiques ancestrales nous permet peut-être de mieux le chaos dans lequel nous vivons mais idéaliser les Mayas comme nous le faisons n'est pas raisonnable dans la mesure où nous les analysons avec des outils modernes et occidentaux. Même les Mayas modernes ne sont pas en mesure de comprendre leurs lointains ancêtres. Ils sont le résultat d'un produit de cultures différentes.
De fait, l'article de Michela Craveri "Adivinacion y pronosticos entre los mayas actuales" est doublement intéressant. D'une part parce qu'on y rapporte les pratiques et les rituels des Mayas modernes mais surtout parce que, selon eux, le monde ne disparaîtra pas. La date 4 ajaw du calendrier yucatèque sera un jour d'offrande aux défunts pour mieux communiquer avec eux. Craveri explique que "la connexion entre l'homme et ses racines culturelles n'amène jamais à une destruction du monde, sinon à une forme plus consciente de vivre en lui".
Juste avant Craveri, Erik Velazquez Garcia revient sur la conception circulaire du temps chez les Mayas et étudie de manière insolite cette iconographie.
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