Accéder au contenu principal

A la découverte de Cholula I

Peu d'activités et de nouvelles archéologiques durant ces derniers jours... Je vous propose donc de faire un petit détour par Cholula, site archéologique pour le moins cocasse dans la mesure où une église a été construite sur une des plus grosses pyramides mésoaméricaines. Voyons d'abord cette vidéo de 5 minutes disponible depuis peu sur Youtube à partir du compte INAHTV. Attention, elle est en espagnol non sous-titré !



Je ne m'étendrai pas aujourd'hui beaucoup sur la description de la zone archéologique de Cholula, Cholollan en nahuatl classique. Plusieurs textes coloniaux font de Cholula, un lieu de pélerinage très importants pour les anciens Mésoaméricains. Ville de Quetzalcoatl, dieu du vent, patron des commerçants, Cholula était fréquentée depuis des temps anciens, comme en témoignent les peintures murales qui ornaient et dont l'état de conservation est actuellement en grand danger en dépit des traitements successifs appliqués. Les archéologues estiment que ses premiers édifices remonteraient au Préclassique (vers 200 avant Jésus-Christ).

Mais elle n'a vraiment pris de l'importance que vers le Xe siècle de notre ère, avec l'arrivée d'individus d'origine toltèque. Comme d'autres cités importantes comme Teotihuacan, Tula, ou Tenochtitlan, Cholula fut une cité multiculturelle. On sait aussi que Moctezuma dut se rendre à Cholula pour honorer Quetzalcoatl et faire légitimer son pouvoir, notamment ses insignes. C'est ce qu'était sensé tout souverain fraîchement intrônisé. Cortès explique dans ses lettres que Cholula était une ville immense, la deuxième du pays par sa population, estimée environ à 100000 personnes.

La conquête espagnole n'a d'ailleurs pas laissé de bons souvenirs à Cholula. Avisés d'un piège tendu par les Aztèques pour empêcher leur progression vers Tenochtitlan, les hommes de Cortès, appuyés par leurs alliés de Tlaxcala (5000) et de Cempoala (400) commirent un acte de guerre qui marquera passablement la mémoire indigène de l'époque (octobre 1519). Les temples furent détruits et les hommes massacrés. Outre l'illustration ci-dessous, le Lienzo de Tlaxcala contient une représentation de ce génocide.


Massacre de Cholula. Détail, aquarelle sur papier, début du XVIe siècle.
William Clements Library, University of Michigan, Michigan, USA.

Retrouvé le 30 juin 2009 sur :
http://www.scholarsresource.com/images/thumbnails/192/x/xtd082575.jpg


Au point qu'aujourd'hui on ne sait toujours pas situer avec exactitude l'emplacement du temple de Quetzalcoatl, centre même du pélerinage. En revanche il est notoire que ses pierres ont été réutilisées pour construire églises et couvents (celui de San Gabriel notamment). La ville n'a donc pas perdu complètement son influence religieuse : la légende urbaine raconte que Cholula compte 365 églises. Il est intéressant de voir comment les Espagnols ont réutilisé les lieux de culte païens pour promouvoir la supériorité de la foi catholique. L'exemple de Cholula n'est d'ailleurs qu'un parmi tant d'autres dans le Mexique colonial.


L'église Nuestra Señora de los Remedios, San Andrès Cholula.
Au premier plan, la plateforme des autels. Photo B. LOBJOIS (mai 2002).

Malheureusement l'information archéologique concernant est lacunaire suite à divers aléas au cours des 50 à 60 dernières années. La Dr Patricia Plunkett, archéologue et professeur à l'Universidad de las Americas de Puebla, nous a expliqué que beaucoup de rapports n'ont jamais été écrits, que le matériel découvert a été détruit par de mauvaises conditions de conservation. Bref, qu'il fallait pratiquement tout refaire, sans avoir beaucoup de traces du passé. Néanmoins, récemment, nous faisions état de découvertes prometteuses.



Le visiteur de Cholula peut explorer les recoins de la grande pyramide au moyen de tunnels qui avaient été percés dans ses différentes phases lors de précédentes fouilles.

Références bibliographiques :
Cortès, Hernan.
2005. Cartas de relación. Editores mexicanos unidos, Mexico. (2ème lettre, p. 64-5)

de Alva Ixtlilxóchitl, Fernando.
1985. Obras Históricas. Tomo I. Edmundo O'Gorman (éd.), UNAM, Mexico.

Lienzo de Tlaxcala.
1892. In Antigüedades mexicanas publicadas par la Junta columbina de México. Ed. facs. préparée par Alfredo Chavero, Secretaria de Fomento, Mexico.

Muñoz Camargo, Diego.
1998. Historia de Tlaxcala. Gobierno del Estado de Cholula-Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social-Universidad de Tlaxcala, Tlaxcala. (Livre II, chap. 5, § 308-321)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Huey tlamatini Miguel León-Portilla

In cuicapicqui Ninonpehua, nihuelncuica ompa ye huitz Tollanitic,  nihuelicuica, otozcuepo, motoma xochitl Huel xiccaqui ye mocuic: cuicaichtequini ¿quen ticcuiz, noyol? Timotolinia yuhquin tlacuilolli huel titlani, huel xontlapalaqui at ahihuetzian timotolinia (León-Portilla, 2012, 148-159) On n'espérait pas entendre cette annonce dans les journaux télévisés mexicains, sur les réseaux sociaux, les pages de centres de recherches. Voilà plusieurs mois que Miguel León-Portilla était hospitalisé pour des soucis bronchopulmonaires et semblait se récupérer lentement, comme l'indiquait son épouse Ascención Hernández en mai dernier au quotidien Milenio . Finalement, le chercheur mexicain probablement le plus récompensé jusqu'à présent n'a pas résisté plus longtemps. Lire son CV sur le site de l'Instituto de Investigaciones Históricas vous permettra de vous faire une idée de son importance pour les sciences mexicaines. Réduir
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu

Le Codex de Florence disponible en haute résolution

La Bibliothèque Numérique Mondiale est une alternative intéressante à la diffusion du patrimoine littéraire universel. C'est dans ce cadre que la Bibliotèque laurentienne a autorisé la numérisation de cet ouvrage si important pour les chercheurs sur le Mexique ancien. Il est désormais possible de consulter électroniquement le texte bilingue nahuatl-castillan et les illustrations qui accompagnaient chaque livre. Bonne lecture ! Références : Bernardino de Sahagún (2012). Codex de Florence . [En ligne] Disponible sur : http://www.wdl.org/fr/item/10096/#q=Codex+de+Florence&view_type=list&search_page=1&qla=fr. [Dernier accès 02/09/2013].